Prôné au Liban comme moyen de franchir les obstacles identitaires après la fin de la guerre, le dialogue interreligieux est-il, à l’échelle nationale, le lieu optimal de pacification des mémoires? Est-ce bien là que s’opère le passage vers la citoyenneté, au-delà de l’appartenance communautaire? Et que le contrat social est propice à se renouveler?

C’est un regard introspectif sur ce dialogue au Liban que pose le professeur de médecine et d’histoire et philosophie des sciences, Antoine Courban, grand chroniqueur à Ici Beyrouth, rédacteur en chef de la revue de l’USJ Travaux et jours.

Très impliqué dans les réseaux internationaux du dialogue interculturel et interreligieux dans le monde euro-méditerranéen et arabo-islamique, il différencie le dialogue interreligieux transnational, "outil humain" qui génère "une matrice de valeurs communes à l’humanité", du dialogue interreligieux national qui risque, en faisant primer l’appartenance communautaire, de "donner l’impression que le fondement de l’unité politique est de nature religieuse".

Or, c’est par la reconnaissance de l’individu au sein de la communauté que peut s’organiser l’espace public, comme le prônait Samir Frangié. C’est l’essentiel du vivre-ensemble "dont l’espace propice est la cité". "Les législatives sont l’occasion de récupérer la souveraineté", condition de ce vivre-ensemble, conclut Antoine Courban.