Le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, a accusé le Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil de bloquer toute avancée au niveau du dossier de l’électricité.

Dans une interview accordée mardi soir à la chaîne locale Al-Jadeed, M. Mikati est revenu sur la question du retrait de l’ordre du jour de la dernière réunion du gouvernement de deux articles en rapport avec le secteur de l’électricité.

"Au cours des dernières années, nous avons avancé plusieurs propositions de solutions pour le secteur de l’électricité, dont l’élaboration d’un projet de loi permettant aux déposants libanais de souscrire à Électricité du Liban (EDL), ce qui contribuerait à assainir les finances de cet office, tout en renforçant la production d’énergie. Cette suggestion a, toutefois, fait l’objet de plusieurs objections", a-t-il dit, avant de poursuivre: "Un autre projet a été mis en avant. Il consiste à lancer des appels d’offres auprès de quatre entreprises, responsables de la distribution de générateurs électriques et de la gestion et de l’entretien des centrales électriques. Cette proposition a été retenue et deux offres nous ont été soumises: celles de Siemens et de General Electric".

Najib Mikati a ensuite raconté qu’il a tenu une réunion avec le président de la direction des adjudications (DDA), Jean Ellieh, et le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, le 12 avril, à ce sujet. "M. Ellieh a précisé qu’un cahier des charges en bonne et due forme devrait être élaboré. Aussitôt dit, aussitôt fait, mais le dossier dont le ministre de l’Énergie avait la charge a été retiré in extremis de la réunion du gouvernement pour des raisons que j’ignore toujours. Le ministre m’a informé que des négociations finales étaient en cours. Nous attendons donc le rapport promis pour pouvoir soumettre le dossier au président Michel Aoun et lui demander une approbation exceptionnelle. A mon avis, il ne s’y opposera pas, surtout que cette affaire, comme d’autres, mérite d’être traitée dans l’urgence. Je n’hésiterai pas, pour ce faire, à demander l’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire", a affirmé M. Mikati qui a dit trouver surprenant que "les clauses de gazéification des centrales électriques et d’offres aient été retirées, sous prétexte de l’impact de la guerre en Ukraine". Or, "la crise a précédé les négociations autour du projet de gazéification", a avancé M. Mikati, en précisant que c’est le président Aoun qui lui avait demandé, avant le Conseil des ministres, de reporter la discussion sur les deux clauses à une autre réunion. "J’ai obtempéré sans pour autant être sûr si c’est lui ou le chef du CPL qui souhaitait le retrait de ces deux articles", a-t-il indiqué, en affirmant entretenir de bonnes relations avec le président.

Ce retrait, rappelle-t-on, avait été suivi d’une vive polémique et d’un échange d’accusations entre MM. Mikati et Fayad, par communiqués interposés. Le chef du gouvernement a cependant assuré dans son interview que le courant passe très bien entre lui-même et le ministre de l’Énergie "qui travaille conformément aux règles". Il s’est dit persuadé que les communiqués l’attaquant n’émanent pas du ministère de l’Énergie, même s’ils portent la signature de son bureau de presse. "Ce n’est pas son empreinte", a-t-il souligné, affirmant "ignorer si les deux textes ont été élaborés à Mirna Chalouhi (siège du CPL) ou Baabda (siège de la présidence)".

"Lorsque j’ai demandé au ministre de l’Énergie des explications sur les causes du retrait des deux articles, il m’a répondu sans détour: vous avez tout gâché lorsque vous avez confié dans une interview que le problème de l’électricité porte sur un mot de 7 lettres, c’est-à-dire Selaata", a raconté M. Mikati, en référence à cette zone côtière de Batroun où le chef du CPL, député de la région, insiste pour qu’une quatrième centrale électrique soit construite alors que le Liban n’en a pas besoin.

M. Mikati a d’ailleurs évoqué la possibilité d’une rencontre avec Walid Fayad dans le courant de la semaine prochaine pour la signature d’un décret exceptionnel relatif à l’électricité. "Nous disposons d’offres convenables. Attendons que le ministre ressorte le dossier. Ce qui est certain, c’est qu’un cahier de charges sera élaboré et qu’aucun accord de gré à gré ne sera accepté", a insisté M. Mikati.

Se prononçant, par ailleurs, sur les élections du président, du vice-président et des membres du bureau du Parlement, qui se sont tenues dans la journée du 31 mai, M. Mikati a salué "l’esprit de démocratie qui a prévalu", ainsi que "les différentes interventions appelant à l’abolition du confessionnalisme politique". Le Premier ministre sortant a révélé qu’il prévoit de tenir une réunion avec le président de la République dans les deux jours qui suivent, pour discuter de la date des prochaines consultations parlementaires contraignantes pour la désignation de son successeur.