Les auxiliaires de justice ont annoncé lundi l’arrêt total de leurs services sans exceptions jusqu’au 5 août prochain. Ils réclament notamment un réajustement de leurs salaires, dont les juges viennent pour leur part de bénéficier. Une grève que le président de la République, Michel Aoun, a implicitement critiquée lundi.

"Il est inadmissible de paralyser le travail de la justice sous quelque prétexte que ce soit", a-t-il déclaré, en marge d’une réunion qu’il a tenue au palais de Baabda, en présence du ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, du président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le juge Souheil Abboud, du vice-président du Conseil, le procureur général près la cour de Cassation, le juge Ghassan Oueidate, ainsi que des membres du CSM, les juges Afif Hakim, Habib Mezher, Elias Richa, Dany Chibli et Mireille Haddad. La réunion a porté sur les moyens de lever les obstacles à l’enquête sur le 4 août, selon le communiqué officiel de la réunion.

"Le préalable de toute réforme véritable et lutte contre la corruption passe par le pouvoir judiciaire qui doit rester immunisé de sorte à ne pas être influencé ni par des pressions ni par des tentations", a ajouté le chef de l’État. Il a notamment mis l’accent sur "la nécessité d’accélérer l’examen des affaires pendantes, comme celles liées aux plaintes financières et à la double explosion au port de Beyrouth, alors que les familles des victimes, ainsi que les détenus attendent que la justice se prononce".

La grève annoncée par les auxiliaires de justice coïncide avec les vacances judiciaires, qui s’étendent du 15 juillet au 1er octobre.

Le 28 mai dernier, les auxiliaires de justice avaient confirmé dans un communiqué qu’ils s’associaient à la grève d’une semaine décrétée alors par un groupe de magistrats pour alerter les autorités sur les conditions déplorables, à tous les niveaux, dans lesquelles ils effectuent leur travail. Ils reprenaient à leur compte les doléances de la magistrature, que ce soit au niveau de la dévalorisation de leurs salaires, de la détérioration correspondante de leur pouvoir d’achat ou de l’absence de couverture médicale "qui fait qu’ils risquent de mourir aux portes des hôpitaux".

Les auxiliaires de justice avaient cependant indiqué alors que "par souci de ne pas bloquer la justice, deux fonctionnaires seulement seront présents dans chaque palais durant la semaine, pour réceptionner et enregistrer exclusivement les formalités associées à des délais précis".

Leur nouvel appel à la grève ne supporte cette fois aucune exception et aucun fonctionnaire ne sera de service avant le 5 août.

Ils avaient rappelé en mai que tous leurs appels lancés aux autorités au cours des précédents mois étaient "restés sans réponse", et qu’ils n’étaient "plus en mesure de venir plus de deux fois par semaine aux Palais de justice" à cause de la dévaluation continue de la livre et de la flambée du prix de l’essence.