Le chef du bureau des relations arabes et islamiques du Hamas, Khalil Hayya, a annoncé ce mercredi le rétablissement des liens entre le mouvement palestinien et la Syrie de Bachar el Assad, après une dizaine d’années de rupture.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé mercredi à Damas l’ouverture d’une nouvelle page avec le pouvoir de Bachar al-Assad après plus de 10 ans de rupture.

" C’est un jour de gloire, un jour important, au cours duquel nous rétablissons notre présence en Syrie et reprenons le travail conjoint " avec Damas, a déclaré Khalil Hayya, chef du bureau des relations arabes et islamiques du Hamas.

M. Hayya a été reçu par M. Assad dans le cadre d’une délégation de formations palestiniennes.

" Cette rencontre est historique. Elle constitue un nouveau départ pour l’action palestino-syrienne ", a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.

Le groupe, qui contrôle la bande de Gaza, était l’un des plus proches alliés d’Assad, mais il a quitté la Syrie en 2012 après avoir condamné la répression brutale des manifestations par son gouvernement en mars 2011, qui a déclenché la descente du pays dans la guerre civile. (AFP)

 

Bête noire d’Israël, le Hamas contrôle l’enclave palestinienne de Gaza.

Il était l’un des alliés palestiniens les plus proches de M. Assad mais leur relation s’est détériorée après le début de la guerre en Syrie en 2011, le mouvement palestinien critiquant la répression des manifestations prodémocratie.

Son chef d’alors, Khaled Mechaal, avait quitté Damas en 2012 pour s’installer au Qatar.

Dans un communiqué rapportant la rencontre avec les organisations palestiniennes, la présidence syrienne a affirmé qu' "en dépit de la guerre menée contre la Syrie, cette dernière n’a jamais changé ses positions soutenant la résistance " face à Israël.

Selon un haut responsable du Hamas, le mouvement s’apprête dans une " première étape " à rouvrir un " bureau de représentation à Damas ".

" Il est toutefois trop tôt pour parler de déplacer le siège à Damas ", a-t-il dit à l’AFP.

" Nous sommes d’accord avec le président pour tourner la page et aller de l’avant ", a ajouté Khalil Hayya.

Une décision " encouragée "

La décision de rétablir les liens avec la Syrie a été prise " de manière consensuelle ", et les alliés du Hamas parmi lesquels la Turquie et le Qatar, considérés comme hostiles au pouvoir syrien, " nous ont encouragés ", a-t-il dit.

La délégation du Hamas est arrivée en Syrie après une visite en Algérie, où 14 factions palestiniennes parmi lesquelles les rivaux du Hamas et du Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont signé le 13 octobre un nouvel accord de réconciliation.

Pendant des années, les responsables syriens ont considéré le départ du Hamas comme un " coup fatal " à la relation entre les deux parties, certains évoquant une " trahison ".

Le Hamas avait fait part au cours des dernières semaines de sa volonté de rétablir les liens avec le pouvoir syrien, " à la lumière de développements régionaux et internationaux ", une référence implicite au rapprochement entre plusieurs pays arabes et Israël.

Une délégation du Hamas se rend en Syrie et rencontre le président syrien Bachar al-Assad.

 

Le dégel " a été encouragé par une attitude régionale hostile envers le Hamas et la normalisation de plusieurs Etats arabes avec Israël ", abonde Aron Lund, membre du groupe de réflexion Century International.

Selon lui, le mouvement palestinien " n’a pas le luxe d’ignorer ou de s’opposer indéfiniment au gouvernement syrien ".

Ces derniers mois, des dirigeants du Hamas avaient  multiplié les entretiens avec des responsables syriens via la médiation de l’Iran et du Hezbollah libanais, fidèles alliés de M. Assad et également bêtes noires d’Israël.

Le Hezbollah a affirmé avoir joué un rôle important dans la réconciliation entre Damas et le Hamas, avec lequel il a gardé de bonnes relations et qu’il considère comme faisant partie de " l’axe de la résistance " contre Israël, comprenant également le pouvoir syrien et l’Iran notamment.

La rencontre de mercredi " s’inscrit dans le cadre d’un rapprochement plus large entre le Hezbollah et le Hamas ", a déclaré à l’AFP Maha Yahya, directrice du Carnegie Middle East Center basé à Beyrouth.

Avec AFP