La majeure partie des villes iraniennes ont continué d’observer mardi une grève pour la deuxième journée consécutive. Ce mouvement est initié par l’appel à trois jours de mobilisation en signe de solidarité avec les manifestants iraniens. Des manifestants qui continuent d’ailleurs de subir l’oppression du régime: cinq nouveaux protestataires ont été condamnés à mort mardi.
Amazing unity of Iranians
All over Iran, from the most conservative to the most liberal cities, Iranians are on strike. They have closed shops and they want one thing: this regime must go.
Iranians are united to get back their country #IranRevolution pic.twitter.com/NbKlbloIeh
— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) December 6, 2022
Des images mises en ligne montraient des magasins fermés dans différentes villes, au deuxième jour d’une grève qui doit s’achever mercredi, coïncidant avec la traditionnelle journée de l’Etudiant.
" Liberté, liberté, liberté ", scandaient des dizaines d’étudiants de l’université Allameh Tabatabai de Téhéran, sur une vidéo publiée par IHR.
L’agence de presse de l’appareil judiciaire Mizan, annonce le verdict de ce procès. 5 condamnations à mort et des très longues peines de prisons pour les 10 autres accusés notamment les 3 adolescents. Mizan n’a pas communiqué plus de détail sur le verdict. https://t.co/mcNCSqS3Mf
— lettres de Teheran (@LettresTeheran) December 6, 2022
Sourde à l’appel de la population, la justice iranienne a condamné à mort cinq personnes pour avoir tué un paramilitaire, un verdict dénoncé mardi par des défenseurs des droits humains comme un moyen de " répandre la peur " et mettre fin aux manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini.
Onze autres personnes, dont trois mineurs, ont été condamnées à de " longues peines d’emprisonnement ", a annoncé lors d’une conférence de presse le porte-parole de l’Autorité judiciaire, Massoud Setayeshi.
Les cinq condamnés à la pendaison ont été reconnus coupables lundi de la mort de Ruhollah Ajamian, 27 ans, tué le 3 novembre près du cimetière de Karaj, à l’ouest de Téhéran, lors d’un rassemblement qui marquait le 40e jour de deuil suivant la mort d’une manifestante, Hadis Najafi.
Quel courage ! Après le discours du maire de Téhéran, les étudiants de l’université de Sharif lui crient " mort au dictateur " alors qu’il est entouré par des forces de Basij. #Iran #MahsaAmini pic.twitter.com/ze8w7F6IKn
— Farid Vahid (@FaridVahiid) December 6, 2022
Selon l’accusation, cet agent de sécurité, qui n’était pas armé, a été attaqué, déshabillé, poignardé, frappé avant que son corps nu ne soit traîné dans la rue. Il était membre de la milice Bassidj, liée aux Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique.
Hadis Najafi avait été tuée le 21 septembre, cinq jours après le début des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs à Téhéran pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire imposé aux femmes en Iran.
MÊME À ISPAHAN (nesfeh jahan), sur la majestueuse place Nakhsheh Jahan, la majorité des commerces sont restés fermés ce mardi 6 décembre.Un mouvement de grève décidé en réponse à l’appel à 3 jours de mobilisation nationale en solidarité avec les manifestants en #Iran. #MahsaAmini pic.twitter.com/r1DBelpkHc
— Armin Arefi (@arminarefi) December 6, 2022
" Plus d’exécutions que tout autre pays "
Les cinq condamnés à mort étaient accusés notamment de " corruption sur terre ", l’un des chefs d’accusation les plus graves du code pénal iranien.
Ces jugements sont susceptibles d’appel devant la Cour suprême, mais il est rare que cette instance revienne sur une condamnation à mort décidée par un tribunal révolutionnaire.
Au total, onze personnes ont été condamnées à mort dans le cadre du mouvement de contestation.
Ces nouvelles peines capitales ont été dénoncées par le groupe de défense des droits humains Iran Human Rights (IHR), basé en Norvège.
Revolutionaries are seen burning bases of Bassij militia in #Bushehr.
The Islamist regime in Iran uses these bases to arrest, beat up and torture protesters. Iranians have been setting a lot of these bases to fire.#IranRevolution
pic.twitter.com/jezcDuiMwI— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) December 6, 2022
" Ces personnes sont condamnées après des procédures injustes et en l’absence de véritable procès ", a déclaré à l’AFP le directeur d’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam. " Le but est de répandre la peur et de mettre fin aux manifestations ".
Selon Amnesty International, l’Iran procède chaque année à plus d’exécutions que tout autre pays, à l’exception de la Chine.
Le 16 novembre, l’ONG avait affirmé, s’appuyant sur des informations officielles, qu’au moins 21 manifestants avaient été inculpés lors de " faux procès " de crimes passibles de pendaison.
À EN CROIRE @RadioFarda_ , station iranienne basée à Prague, des marchands du grand bazar de Téhéran se seraient également mis en grève lundi 5 décembre, répondant ainsi à l’appel à 3 jours de mobilisation nationale en solidarité avec les manifestants en #Iran. #MahsaAmini https://t.co/1AhWMlY6DW
— Armin Arefi (@arminarefi) December 6, 2022
Des " saboteurs avec des liens européens "
Mardi également, les Gardiens de la Révolution ont annoncé l’arrestation de douze personnes accusées d’appartenir à un " groupe de saboteurs " ayant des liens avec des pays européens.
" Les membres de ce réseau, sous la conduite d’agents contre-révolutionnaires vivant en Allemagne et aux Pays-Bas, ont tenté de se procurer des armes et avaient l’intention (…) de mener des activités contre la sécurité nationale ", ont indiqué les Gardiens de la Révolution de la province de Markazi, dans le centre de l’Iran.
Pour sa part, un député iranien, Hossein Jalali, a proposé de " changer de méthode " par rapport aux femmes qui refuseraient de porter le voile. " On pourrait envisager de (les) menacer par SMS de bloquer leur compte bancaire ", a-t-il dit, cité mardi par le quotidien Shargh.
Hijab crackdown is going on in Iran despite claims of " disbanding morality police ": Judicial authorities shut down a children’s amusement center at a Tehran mall Sunday after unveiled photos of its staff were published on social media. https://t.co/flGSr9VuDl pic.twitter.com/c81ZIYhz0w
— Iran International English (@IranIntl_En) December 5, 2022
Bientôt trois mois mois plus tard, la contestation ne faiblit pas malgré une répression sanglante. Les manifestants, qui dénonçaient à l’origine l’obligation pour les femmes de porter le voile en public, réclament désormais la fin du régime.
Le week-end dernier, le procureur général d’Iran, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé l’abolition de la police des moeurs, créée en 2006 et chargée notamment de faire appliquer le port du voile.
قائد الحرس الثوري الإيراني، حسين سلامي، عبر في تسريب وكالة أنباء " فارس "، عن قلقه من انتشار الشعارات المناهضة للمرشد علي خامنئي في المدارس الابتدائية. وجاء في التسريب أن أسوار مدينة زنجان مكتظة بالشعارات المناهضة للنظام.
— إيران إنترناشيونال-عربي (@IranIntl_Ar) December 5, 2022
Dans ce tweet de l’Iran International en arabe, la chaîne d’informations indique que le commandant des Gardiens de la révolution iraniens Hossein Salami a exprimé son inquiétude face à la propagation de slogans contre le Guide suprême, Ali Khamenei, dans les écoles primaires. La chaîne précise que ces fuites sont attribuées à l’agence de presse Fars.
Cette annonce, interprétée comme un geste envers les manifestants, mais aussi un signe d’inquiétude du régime, n’a pas été confirmée officiellement.
La répression du mouvement a déjà fait au moins 448 morts, selon un bilan établi par cette ONG le 29 novembre.
Les autorités ont arrêté des milliers de personnes et fait état de la mort de quelque 300 personnes.
Avec AFP