Une résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU jeudi 29 juin a fait naître une institution pour " clarifier le sort " et " localiser " les personnes disparues au cours de la guerre en Syrie. Soutenue par les pays occidentaux, elle a été en revanche décriée par la Syrie et ses alliés, Chine, Russie et Iran en tête.

Malgré l’opposition de Damas, l’ONU a créé jeudi un organisme " indépendant " pour " clarifier " le sort de milliers de personnes disparues en Syrie depuis 12 ans, répondant ainsi aux demandes de familles et de défenseurs des droits humains.

Selon des ONG, quelque 100.000 personnes ont disparu depuis le déclenchement d’un soulèvement populaire en 2011 dans ce pays du Proche-Orient, victimes de la répression ou enlevées par des factions en lutte contre le régime.

Et " après 12 ans de conflit et de violence " en Syrie, " peu de progrès ont été faits pour soulager les souffrances des familles " de ces disparus, note la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU adoptée par 83 voix pour, 11 contre et 62 abstentions.

(Photo handout / AFP)

Les Etats membres ont donc décidé d’établir, " sous l’égide des Nations unies, l’Institution indépendante sur les personnes disparues de la République arabe syrienne, pour clarifier le sort et la localisation de toutes les personnes disparues " en Syrie.

Le texte note que cette entité devra assurer une " pleine participation et représentation des victimes, des survivants et des familles de disparus ", et sera guidée par une approche centrée sur les victimes.

Mais il ne précise pas les modalités de fonctionnement de l’organisme, dont le secrétaire général de l’ONU devra élaborer le " cadre de référence " d’ici 80 jours en coopération avec le Haut-commissariat aux droits de l’Homme.

Le compte Twitter du Haut-commissariat a salué " une initiative dont on a grand besoin! ": " les familles ont le droit de connaître le sort et la localisation de leurs proches, pour aider à panser les plaies de la société dans son ensemble ".

Le texte appelle d’autre part les Etats et " toutes les parties au conflit " en Syrie à " coopérer pleinement " avec le nouvel organisme.

Mais la Syrie a exprimé sa franche opposition, assurant ne pas avoir été consultée sur la résolution.

Damas a reçu le soutien de la Chine, qui comme la Russie, la Corée du Nord, Cuba ou l’Iran, a voté contre la résolution.

L’ambassadeur du Liban Bou Habib a choisi l’abstention. Celui-ci a invoqué l’alignement sur les autres États arabes qui, outre le refus de Damas et à l’exception du Koweït et du Qatar ayant voté pour, ont aussi opté pour cette position.

Ce vote fait suite notamment à un rapport du secrétaire général Antonio Guterres, qui avait recommandé en août dernier la création d’un tel organisme.

Malo Pinatel, avec AFP