La gestion de la relation complexe entre les États-Unis et l’Iran se complique davantage un an après les manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini. Les tensions persistent malgré les tentatives diplomatiques, suscitant des critiques et rendant difficile tout nouvel accord majeur.

Pour les États-Unis, gérer la relation avec l’Iran n’a jamais été une sinécure. Mais un an après les manifestations massives qui ont suivi la mort de Mahsa Amini, Téhéran est devenu plus que jamais toxique pour Washington.

Ali Khamenei inspectant des centrifugeuses d’uranium. (AFP)

L’opposition républicaine au président Joe Biden, qui est en campagne pour sa réélection, a tiré à boulets rouges sur sa décision d’accepter, presque le jour anniversaire du soulèvement, un accord débloquant six milliards de dollars de revenus pétroliers iraniens en échange du retour de cinq Américains détenus en Iran.

Des diplomates américains assurent ne pas voir d’autre option que de rester engagés avec l’Iran, y compris sur son programme nucléaire controversé, mais personne ne s’attend à ce que M. Biden s’investisse davantage pour rechercher un nouvel accord d’envergure avec Téhéran à l’approche de la présidentielle de 2024.

D’autant que Washington estime que Téhéran a largement laissé passer sa chance après l’échec des négociations menées l’an dernier pour raviver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, conclu sous Barack Obama et dont s’était retiré l’ancien président Donald Trump.

Joe Biden a lui-même, en privé, déclaré que l’accord nucléaire était " mort ".

Mais, dit-elle, la répression des manifestations après la mort de Mahsa Amini et la fourniture par l’Iran de drones armés à la Russie pour sa guerre en Ukraine " ont rendu le sujet de l’Iran politiquement toxique ".

Une manifestation de soutien à Mahsa Amini à Istanbul. (AFP)

" Cela ne signifie pas qu’il n’y a plus de place pour la diplomatie, comme le montre l’accord sur l’échange de prisonniers, mais un accord historique tel qu’un nouveau JCPOA sera très difficile, voire impossible, à vendre des deux côtés de l’échiquier politique américain étant donné les événements de l’année dernière ", ajoute l’analyste.

Il y a un an, le 16 septembre, la jeune kurde iranienne est décédée après son arrestation par la police des moeurs pour non-respect des strictes obligations vestimentaires islamiques.

Sa mort a entraîné des mois de manifestations, réprimées dans le sang et les arrestations, mais le soulèvement " Femme, Vie, Liberté " s’est poursuivi sous différentes formes et apparaît comme l’un des plus grands défis lancés aux autorités iraniennes depuis la révolution de 1979.

L’administration Biden a condamné avec force cette répression et soutenu ouvertement le mouvement de contestation, imposant de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Mais elle croit toujours que le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire est la voie diplomatique.

Les portraits des leaders d’organisations et de pays, appartenant au réseau tentaculaire de Téhéran au Moyen-Orient, affichés lors d’un meeting en Syrie. (AFP)

Les Etats-Unis se montrent plutôt discrets ces derniers temps sur l’enrichissement d’uranium par l’Iran au-delà des niveaux autorisés par l’accord de 2015.

Selon lui, M. Biden a " tacitement " opté pour une stratégie visant à une application moins rigoureuse des sanctions américaines en contrepartie d’une approche moins conflictuelle de la part de l’Iran.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken affirmait ainsi mi-août que " rien dans notre approche générale de l’Iran n’a changé. Nous poursuivons une stratégie de dissuasion, de pression et de diplomatie ".

Les États-Unis insistent aussi sur le fait que l’accord sur les prisonniers est totalement distinct de la question nucléaire.

Mais il dit s’attendre à de prochaines possibles discussions limitées sur le nucléaire, à défaut d’un grand accord, car " ils n’ont pas d’autre option que de rester engagés ".

Maria Chami avec AFP