2021 aura été l’année du grand retour du sport sur la scène internationale, avec l’organisation de l’Euro de football et des Jeux olympiques de Tokyo, deux événements reportés en 2020 pour cause, la Covid-19. Mais les exploits de la Squadra Azzura et des athlètes olympiens ont été ternis par plusieurs scandales sexuels qui ont défrayé la chronique.

En janvier dernier, l’ancienne championne olympique grecque, Sofia Bekatorou (Voile -Athènes 2004), a révélé qu’elle avait été agressée sexuellement par un dirigeant de la Fédération hellénique de voile. Son témoignage a déclenché un mouvement #Metoo dans le sport grec. Inspirés par le courage de Bekatorou, de nombreux athlètes ont commencé à rendre publiques leurs expériences de harcèlement et d’abus sexuels, en utilisant le hashtag #metisofia (du côté de Sofia).

Yannick Agnel, champion olympique de natation, a été mis en examen pour viol et agression sexuelle sur une mineure de 13 ans, après avoir reconnu la matérialité des faits qui lui sont reprochés et qui se seraient déroulés durant l’année 2016.

Le footballeur Benjamin Mendy, 27 ans, champion du monde de football avec la France en 2018, a été inculpé de sept viols au Royaume-Uni, dont un sur une mineure. Des faits qui auraient eu lieu entre octobre 2020 et août 2021. Le défenseur de Manchester City encourt une condamnation de plusieurs années derrière les barreaux et une fin de carrière immédiate.

Il y a quelques jours, un scandale éclate au Gabon, suite à une enquête publiée dans le quotidien britannique The Guardian, qui révèle que Patrick Assoumou Eyi, ex-sélectionneur des moins de 17 ans, est soupçonné d’avoir commis de nombreux abus sexuels à l’encontre de jeunes joueurs.

Ces phénomènes ne sont pas nouveaux. Depuis quelques années, une vague de révélations d’agressions sexuelles dans le monde du sport a commencé à prendre de l’ampleur; de plus en plus de victimes brisent les chaînes du silence. Le chiffre qui glace: un sportif sur sept serait victime d’une forme de violence sexuelle dans le monde avant l’âge de 18 ans.

Aux États-Unis, le mouvement #Metoo dans le sport a commencé en 2016, après les révélations de Rachael Denhollander, abusée par l’ancien médecin de l’équipe nationale américaine de gymnastique, Larry Nassar. Il est apparu que des centaines de femmes, dont un certain nombre de médaillées olympiques, ont été abusées sexuellement par Nassar. La longue bataille juridique a donné son verdict: Nassar a été condamné à plus de 300 ans de prison et des centaines de femmes vont recevoir 380 millions de dollars de dommages, suite à un accord conclu avec USA Gymnastics.

En France, tout a commencé en 2020, par les révélations de l’ancienne patineuse Sarah Abitbol, qui a accusé son ex-entraîneur de l’avoir violée. Ces accusations ont libéré la parole dans le milieu, ce qui a poussé le ministère des Sports à diligenter une enquête sur les violences sexuelles dans le sport. En juillet 2020, après quatre mois d’enquête, un premier bilan est dressé: près de 180 personnes sont mises en cause dans des affaires présumées de violences sexuelles. Quarante fédérations sont concernées par ces affaires qui touchent à 98% des victimes mineures; 78% d’entre elles sont des femmes.

Le monde du patinage est particulièrement touché après les révélations d’anciennes athlètes sur des agressions sexuelles et physiques, ainsi que du harcèlement moral venant de leur encadrement; le monde du judo est lui aussi concerné par des faits de violences sexuelles, physiques et morales…

Au Canada, une enquête de CBC Sports a révélé un nombre inquiétant d’entraîneurs de jeunes athlètes qui ont été accusés de délits sexuels envers des mineurs. 340 entraîneurs du sport amateur ont été accusés d’un délit sexuel dans les 20 dernières années (1998-2018). Au total, 222 de ces accusations ont donné lieu à des condamnations pour des gestes envers 603 victimes mineures.

Au Maroc, des boxeuses de l’équipe nationale ont été victimes de harcèlement sexuel. Leur entraîneur les a contraintes à se dénuder complètement lors de la pesée qu’elles devaient effectuer dans sa chambre. La Fédération royale marocaine de boxe a essayé d’étouffer l’affaire en licenciant les boxeuses victimes.

Des exemples, il y en a des centaines sur tous les continents; le problème persistera encore en 2022 et il faudra s’attendre à d’autres révélations. Heureusement que plusieurs gouvernements annoncent la mise en place d’un mécanisme indépendant pour recevoir et traiter les plaintes d’abus de toutes sortes.

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