Le difficile équilibre de Bagdad face aux factions pro-iraniennes hostiles à Israël
Une jeune fille irakienne brandit la photo du chef assassiné du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d'une manifestation sur la place Tahrir, dans le centre de Bagdad, pour dénoncer les bombardements israéliens continus sur la bande de Gaza et le Liban, le 11 octobre 2024. ©(AHMAD AL-RUBAYE/AFP)

En pleine escalade régionale en raison de la guerre à Gaza et de son extension au Liban, Bagdad tente de se tenir à l'écart du conflit, mais doit en même temps composer avec les factions armées irakiennes pro-iraniennes hostiles à Israël.

Ces factions, connues sous le nom de "Résistance islamique en Irak", ont revendiqué à plusieurs reprises des attaques de drones contre des cibles israéliennes en solidarité avec la bande de Gaza, plongée dans une guerre meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien depuis plus d'un an.

Le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, a déclaré dimanche que Bagdad s'opposait à ce que la guerre régionale s'étende à l'Iran, après qu'Israël a promis de riposter à la récente attaque de missiles menée par Téhéran.

"La poursuite de la guerre et son élargissement vers la République islamique d'Iran et l'utilisation de l'espace aérien irakien comme couloir sont totalement inacceptables et rejetées", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue iranien Abbas Araghchi dans la capitale irakienne.

Le 4 octobre, Israël a annoncé la mort de deux soldats dans une attaque menée depuis l'Irak. Le lendemain, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé que son pays se défendait "sur sept fronts", dont celui des "milices chiites en Irak".

Depuis, Bagdad multiplie les efforts diplomatiques pour éviter que la guerre ne s'étende au pays.

Ce qui préoccupe le gouvernement irakien, c'est son "incapacité apparente à contrôler la situation à l'intérieur du pays et son incapacité à empêcher les répercussions extérieures", souligne l'analyste Sajad Jiyad.

Dimanche dernier, le conseiller irakien à la sécurité nationale, Qassem al-Aaraji, a déclaré à la chaîne Al-Rabiaa que Bagdad menait des "contacts officiels et informels pour protéger le pays", tout en faisant face à "des pressions internes et externes pour désamorcer l'escalade".

"Redoubler d'efforts"

"Seul le gouvernement décide de la guerre et de la paix, et l'Irak n'a pas l'intention d'entrer dans un conflit qui pourrait avoir des conséquences graves", a-t-il ajouté.

Le gouvernement du Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani, soutenu par le Cadre de coordination, une coalition pro-iranienne, cherche aussi à maintenir un équilibre dans ses relations avec Téhéran et Washington.

Une source proche des factions pro-iraniennes a confié à l'AFP que des responsables du Cadre de coordination ont récemment rencontré "plusieurs chefs de factions", leur assurant que les attaques contre Israël risquaient d'exposer l'Irak à des frappes aériennes.

Les chefs de factions ont demandé au gouvernement de ne pas interférer, se disant prêts à assumer les conséquences, selon la même source.

Abou Hussein al-Hamidawi, secrétaire général des Brigades du Hezbollah, influent groupe armé pro-iranien en Irak, a appelé lundi "la Résistance islamique à se préparer à la possibilité d'étendre cette guerre et à continuer" de viser Israël.

À l'approche de l'anniversaire de la guerre à Gaza, M. Soudani avait affirmé que Bagdad avait "travaillé intensément pour épargner l'Irak", appelant à "redoubler d'efforts" pour éviter une guerre dévastatrice dans la région.

Pour Sajad Jiyad, la tentative de Bagdad de "désamorcer la situation par le dialogue" est compliquée, car il "n'existe pas de véritable interlocuteur", d'autant plus que "les États-Unis soutiennent fermement Israël".

Le chercheur du Century International Institute de New York avertit que Bagdad "pourrait être contraint de soutenir une réponse militaire" si Israël "décide d'intensifier ses frappes en ciblant, par exemple, des infrastructures pétrolières en Irak".

Bagdad cherche donc à "éviter cette situation", dit-il.

Avec AFP

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