Conflit israélo-iranien: et si le détroit d'Ormuz devenait un levier de pression?
©Ici Beyrouth

L'Iran pourrait recourir à un levier stratégique: le contrôle du détroit d'Ormuz. Selon plusieurs analyses, ce levier pourrait être aussi dévastateur que l'arme nucléaire.

Mais, contrairement à l'arme nucléaire, dont l'usage impliquerait des conséquences catastrophiques pour l'Iran lui-même, la menace de fermer le détroit d'Ormuz est une forme de “dissuasion asymétrique”.

L'Iran peut déployer cette menace de manière plus subtile, par des provocations, des actions limitées ou des menaces de blocus, “sans franchir le seuil d'une guerre totale”.

Ormuz et Bab el-Mandab

Que se passerait-il si l'Iran prenait le contrôle des deux points de passage essentiels pour la navigation et le commerce internationaux, ainsi que des deux corridors stratégiques pour les ressources énergétiques: le détroit d'Ormuz et Bab el-Mandab, deux voies déjà surveillées par son allié au Yémen, les Houthis?

Ces deux détroits représentent une chaîne logistique interconnectée, faisant ainsi partie d'une même route maritime.

Le pétrole et le gaz naturel liquéfié (GNL), extraits dans le golfe Persique passent d'abord par le détroit d'Ormuz, puis par la mer d'Arabie, avant de franchir Bab el-Mandab pour atteindre la mer Rouge, le canal de Suez et, enfin, l'Europe ou d'autres destinations internationales.

Toute perturbation dans l'un des deux détroits affecterait directement le flux énergétique mondial. Par exemple, un blocage d'Ormuz réduirait fortement l'exportation de pétrole du Moyen-Orient, tandis qu'un blocage de Bab el-Mandab affecterait la livraison vers l'Europe, en forçant les navires à contourner l'Afrique via le cap de Bonne-Espérance.

En fermant de manière sélective et temporaire ces deux détroits à certains pays, Téhéran pourrait provoquer un choc financier en Occident, incitant ses derniers “amis” sur ce continent à revoir leur positionnement. Une telle action affecterait également ses principaux alliés, comme la Chine, l'Inde et l'Irak.

Quant aux États-Unis, malgré leur autonomie énergétique, ils subiraient les conséquences d'une augmentation des achats d'énergie par la Chine auprès de la Russie, renforçant ainsi les positions de Moscou dans sa guerre contre l'Ukraine.

Commerce international

Le détroit d'Ormuz, situé entre le golfe Persique et le golfe d'Oman, est un point de sortie essentiel pour exporter le pétrole des pays du golfe (comme l'Arabie saoudite, l'Iran, le Koweït, l'Irak, etc.) Environ 20% de la production mondiale de pétrole y transite chaque jour.

Par ailleurs, approximativement 9% du commerce maritime mondial transite par Bab el-Mandab, ce qui en fait l'un des principaux points de passage pour les flux de marchandises entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique.

Dans le même contexte, chaque jour, de 3,3 à 4,8 millions de barils de pétrole transitent par ce détroit, principalement en provenance du Golfe, à destination de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Cela représente une portion significative du commerce mondial de pétrole.

Quant au flux de navires, des milliers de navires transitent par Bab el-Mandab chaque année, en particulier des pétroliers, des porte-conteneurs et des navires de commerce. Le chiffre exact varie, mais on estime que plus de 25.000 navires franchissent le détroit chaque année.

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