Le ciblage de l'armée libanaise par l'armée israélienne suscite de vives interrogations, compte tenu surtout du fait que les forces régulières se tiennent à l’écart des hostilités entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Des assurances ont été formulées à ce niveau. L’armée a en outre retiré ses soldats de ses positions avancées le long de la frontière pour éviter toute attaque.
Il n’en demeure pas moins que des unités militaires au Liban-Sud ont été ciblées par une série d'attaques. À Taybeh, un soldat a été tué alors qu'il accompagnait une équipe de la Croix-Rouge libanaise qui voulait secourir un blessé. À Kafra, deux militaires ont perdu la vie dans une attaque israélienne contre leur poste de contrôle. À Aïn Ebel, trois soldats ont été tués lors d’une attaque contre leur véhicule. À Yater, trois autres militaires, dont un officier, ont été tués en tentant d'évacuer des blessés.
Cette situation a poussé le commandement de l'armée à intensifier ses contacts avec les États-Unis et la force intérimaire des Nations unies (Finul) afin qu’ils exercent des pressions sur Israël pour qu’il mette un terme aux attaques visant les militaires libanais. D’autant que leurs positions sont bien connues et sont facilement identifiables par rapport aux autres groupes armés dans la région.
L'armée, comme on le sait, avertit la Finul de tous ses déplacements dans la zone frontalière, et celle-ci avertit à son tour les Israéliens de ses mouvements.
Selon des observateurs, l’évolution de la situation sur le terrain oblige parfois les soldats à agir rapidement, surtout lorsqu'ils reçoivent des appels d'urgence pour évacuer des blessés vers les hôpitaux. Cela s'est notamment produit à Taybeh, où un soldat a été tué, ainsi qu'à Yater. Il semble toutefois que l'armée israélienne s’oppose aux opérations de secours dans certaines zones où elle opère et cible ainsi toute personne qui s’y trouve.
C'est la tactique qu’elle a suivie lorsqu’elle a mené, dans la banlieue sud de Beyrouth, le raid qui a coûté la vie au chef du Conseil exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, successeur potentiel du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué de la même manière.
Pendant plusieurs jours, l’aviation israélienne a empêché toute tentative de déblayage et de sauvetage.
Malgré les attaques répétées contre l'armée libanaise, l'armée israélienne continue d’affirmer que celle-ci n'est pas visée et que sa guerre est exclusivement dirigée contre le Hezbollah. Elle dit également mener des enquêtes sur les incidents meurtriers contre les militaires libanais. Celles-ci n’ont pas pour autant mis fin aux attaques israéliennes.
Tel Aviv semble vouloir ainsi faire passer le message qu'il ne souhaite pas que l'armée libanaise intervienne dans le sud du Liban, à moins qu'elle ne respecte les mesures de sécurité qu’il cherche à imposer et qui semblent aller au-delà de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Israël adopte une approche similaire vis-à-vis des forces de la Finul, qui constituent la seconde pierre angulaire, aux côtés de l'armée, pour appliquer la résolution 1701.
Fait intéressant, cette position israélienne rejoint celle de ceux qui prétendent que l'armée libanaise n'est pas capable de protéger le pays ni de faire face à Israël, et qui voient dans la Finul un agent au service d'Israël.
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