Application de la 1701: Washington maintient la pression

Dans un scénario rappelant les tentatives ratées de cessez-le-feu à Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a rejeté la proposition de trêve avec le Hezbollah, transmise aux Israéliens par l’émissaire américain, Amos Hochstein, à la demande du président de la Chambre, Nabih Berry.

Cette proposition portait, comme on le sait, sur la mise en œuvre d’un cessez-le-feu et l’application de la résolution 1701 dans son intégralité, sans conditions supplémentaires. Mais Israël a maintenu ses exigences que M. Berry avait rejetées lorsqu’elles lui avaient été transmises par M. Hochstein: une trêve de 60 jours, l’engagement du Liban à appliquer la résolution 1701 sous garantie internationale et la signature d’un accord formel en ce sens.

Retour donc à la case départ: Israël continue son projet de détruire l’arsenal iranien du Hezb ainsi que celui des Palestiniens dans les camps en Syrie, lesquels seraient sous le contrôle du régime syrien, sous la supervision de la Russie, pour que Tel Aviv puisse garantir la sécurité de ses ressortissants.

De sources politiques bien informées, on confirme que la Syrie est appelée à jouer un rôle dans la perspective d’un éventuel règlement. Damas devra notamment contrôler ses frontières avec le Liban pour empêcher le trafic d’armes vers ce pays.

Israël, qui continue de démanteler l’appareil militaire du Hezbollah, revendique toujours le droit de surveiller la mise en œuvre de l’accord inhérent à la 1701 au Liban, d’empêcher l’entrée d’armes non autorisées au sud du Litani et d’effectuer à cette fin des vols de reconnaissance au-dessus du territoire libanais.

Autant de conditions que le Liban rejette catégoriquement et qui ont incité Washington à proposer de superviser et de surveiller elle-même cette opération. Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a réclamé que la France et d’autres pays soient associés à cette mission. Finalement, il a été convenu de créer à cette fin une force internationale comprenant des soldats américains, européens et arabes. Or, même cette proposition fait actuellement du surplace. Ni Israël, ni le Hezbollah ne semblent vouloir lâcher du lest.

Outrepassant Nabih Berry, qui avait été pourtant chargé de négocier un cessez-le-feu en son nom, le Hezbollah, par la voix de son nouveau secrétaire général, Naïm Qassem, a annoncé qu’il “continuera la bataille”. Ce dernier avait également fait savoir, dans son premier discours de chef de cette formation, être “prêt à accepter un cessez-le-feu si l’ennemi le souhaite, mais suivant les conditions que nous jugeons appropriées.Toute solution devra être négociée indirectement”. La réponse de Benjamin Netanyahou n’a pas tardé: “Nous n’avons pas encore atteint nos objectifs militaires pour entamer des négociations indirectes. Nous poursuivons ces objectifs, notamment en anéantissant l’organisation militaire et en adoptant la stratégie de terre brûlée sur trois kilomètres de profondeur le long de la frontière”.

À la veille de l'élection américaine du 5 novembre, Israël a intensifié ses actions militaires, tandis que l'Iran, via le Hezbollah, campe sur ses positions, renforçant ses atouts en prévision de négociations avec la nouvelle administration.

Dans ce climat tendu, les États-Unis pressent les forces politiques libanaises d’élire un président alors que le pays entame une troisième année sans chef de l’État (depuis le 30 octobre dernier) et s’enfonce dans une crise politique, économique, financière et sociale sans précédent, menaçant l’unité de l’État et la survie de ses institutions. Un diplomate occidental a d’ailleurs mis en garde contre les répercussions régionales que pourrait provoquer l’effondrement du Liban.

Face aux inquiétudes que cette situation provoque, un haut responsable américain de la sécurité pourrait se rendre prochainement au Liban, apportant une proposition pour l’élection d’un président conformément à l’accord de Taëf, considéré comme l’ultime planche de salut.

D’autres sources diplomatiques n’excluent pas une visite au Liban de l’émissaire français, Jean-Yves Le Drian, pour accélérer la question de l’élection présidentielle, parallèlement à la visite du responsable américain et à un éventuel retour d’Amos Hochstein à Beyrouth, après les élections américaines pour négocier une trêve de 60 jours.

En effet, les États-Unis accentuent la pression pour que les parties concernées, Israël et le Hezbollah, acceptent une trêve de 60 jours, permettant la mise en œuvre des mesures nécessaires pour appliquer la résolution 1701 dans son intégralité. Cette période de trêve serait suivie de l’annonce d’un cessez-le-feu officiel, à la suite de quoi Israël retirerait ses forces du Liban une semaine après cette annonce.

 

Commentaires
  • Aucun commentaire