Philippe Aractingi, réalisateur et producteur franco-libanais, remporte le Grand prix du jury au 24e Festival du cinéma archéologique de Bidassoa pour son film Liban, les secrets du royaume de Byblos, À découvrir sur Arte en janvier 2025. Retour sur le parcours d'un cinéaste engagé.
Le cinéma libanais brille à nouveau grâce au talent de Philippe Aractingi, réalisateur et producteur franco-libanais, qui vient de remporter le prestigieux Grand prix du jury au 24e Festival du cinéma archéologique de Bidassoa (Ficab) en Espagne. Son film Liban, les secrets du royaume de Byblos, tourné pendant deux années en 2022 et 2023, suit la passionnante mission archéologique sur le site antique de Byblos, codirigée par Tania Zaven, archéologue de la Direction des antiquités du Liban, et Julien Chanteau, archéologue du musée du Louvre.
Au fil des images captivantes, les spectateurs découvrent le travail minutieux des archéologues qui explorent une nécropole de l'âge du bronze, restée intacte jusqu'à ce jour et recelant un exceptionnel matériel archéologique. Ce documentaire, véritable témoin de l'extraordinaire histoire du Liban et de l'importance de son patrimoine, prend une dimension particulièrement émouvante dans le contexte actuel, où les bombardements menacent les trésors culturels du pays. Une raison de plus de saluer le travail remarquable de Philippe Aractingi, qui met en lumière l'urgence de protéger ce patrimoine inestimable.
Né à Beyrouth, Philippe Aractingi est un autodidacte passionné par l'image dès son plus jeune âge. C'est durant la guerre civile libanaise qu'il commence à photographier sa ville natale et à assister les journalistes français en tant que traducteur et guide. À seulement 21 ans, il réalise son premier documentaire, se formant seul dans un pays où l'audiovisuel était alors quasi inexistant. Une détermination et un talent précoce qui ne cesseront de s'affirmer au fil des années.
La carrière cinématographique de Philippe Aractingi est jalonnée de succès. En 2005, son premier long-métrage, Bosta, bat des records d'audience au Liban avec 140.000 entrées. Trois ans plus tard, Sous les bombes, tourné dans l'urgence pendant la guerre de 2006, marque les esprits par sa force et son authenticité. En 2014, Héritages, film autobiographique mêlant documentaire et fiction, confirme la singularité de son regard et de son style. En 2017, son quatrième long-métrage, Listen, représente le Liban aux Golden Globes. Racontant une histoire d'amour contemporaine entre un ingénieur du son et un mannequin issus de milieux différents, le film se démarque par sa sensualité qui provoque la controverse, mais remporte plusieurs récompenses dont Meilleur son, Meilleur film et Meilleur réalisateur aux Lebanese Movie Awards.
Parallèlement à ses réalisations, Philippe Aractingi a fondé en 1989 sa propre maison de production, Fantascope Production, qui compte à son actif plus de 100 films diffusés sur des chaînes internationales de renom telles que Discovery Channel, France 2, France 3 et Arte. Une productivité impressionnante qui témoigne de sa passion et de son engagement indéfectible pour le 7e art.
Le talent de Philippe Aractingi n'a pas manqué d'être salué par la critique internationale. Ses documentaires et longs-métrages ont remporté plus de 40 récompenses dans des festivals du monde entier. En 2006 et 2008, le Liban l'a choisi pour représenter le pays aux Oscars avec Bosta et Sous les bombes. Une reconnaissance amplement méritée pour ce cinéaste hors normes, nommé Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 2018 par le ministère français de la Culture.
Mais Philippe Aractingi ne se contente pas de briller par son art. Il est aussi un fervent défenseur du cinéma libanais, cofondateur de la Fondation Liban Cinéma (FLC) et vice-président du comité du Screen Institute Beirut. À travers son œuvre, il a su imposer un nouveau style de cinéma libanais, destiné avant tout au public local plutôt qu'à l'exportation occidentale. Une démarche courageuse et visionnaire, qui contribue à faire rayonner la culture de son pays.
Avec, Liban, les secrets du royaume de Byblos, Philippe Aractingi signe un nouveau chef-d’œuvre qui allie rigueur scientifique, esthétique époustouflante et profondeur historique. Un film qui, au-delà de son succès au Ficab, porte un message essentiel: la nécessité de sauvegarder le patrimoine libanais, témoin irremplaçable de la richesse et de la diversité de notre civilisation. Une quête à laquelle Philippe Aractingi apporte, avec talent et détermination, sa pierre d'exception.
Commentaires