Ici Beyrouth, trois ans déjà...

   

Le 21 novembre 2021, notre média était lancé. En pleine crise multidimensionnelle. Nous arrivions avec une promesse éditoriale claire et assumée. Simple aussi: souverainiste jusqu’au bout, dans tous les domaines. Malgré tout et en dépit de la difficulté de la mission et des obstacles.

Nous avions choisi un nom, "Ici Beyrouth", en résonance avec la résistance du général de Gaulle depuis les ondes d’Ici Londres, contre la barbarie nazie qui contrôlait l’Europe.

Trois ans plus tard, notre média est devenu incontournable dans le paysage de la presse libanaise, mais aussi dans la diaspora et le monde francophone. Tout le monde connaît "Ici Beyrouth" et beaucoup apprécient nos articles, reportages vidéo, émissions, analyses… et nous les en remercions. Sur les réseaux sociaux, nos communautés de "followers" se développent et interagissent avec notre belle rédaction qui regroupe des journalistes libanais et d’autres venant des quatre coins du monde.

Dès le premier jour, nous nous sommes consacrés à la défense d’un Liban totalement et réellement indépendant, respectant le vivre-ensemble, la liberté d’expression, la tolérance, l’esprit critique… toutes choses dangereuses pour ceux qui veulent vendre le pays à la découpe.

Malheureusement, nous avions raison.

Dès le premier jour, nous nous élevions contre l’alignement sur un axe, celui de l’Iran. Cette soumission contre nature a précipité le pays dans l’abîme.

Malheureusement, nous avions raison.

Dès le premier jour, nous écrivions et disions que seule l’armée libanaise devait défendre le pays et qu’il ne saurait y avoir plusieurs armées, dont l’une avait son propre agenda. Quand on voit où a mené l’aventurisme d’une poignée de personnes sans légitimité…

Malheureusement, nous avions raison.

Dès le premier jour, nous défendions l’ouverture du pays sur l’Occident et le monde arabe, notamment les pays du Golfe pour ne pas devenir des parias dans le monde, ce que nous sommes devenus.

Malheureusement, nous avions raison.

Dès le premier jour, nous pointions le danger de voir les institutions être volontairement démantelées afin d’ôter au pays son statut d’État pour mieux le contrôler et le diluer. Plus aucune administration ne fonctionne. Le citoyen ne bénéficie plus d’aucun service, même minimal, de la part d’un État devenu croupion.

Malheureusement, nous avions raison.

Dès le premier jour, minoritaires, nous pensions que la crise économique ne pourrait être surmontée par des accords en trompe-l’œil avec le FMI, par la destruction du système financier et la création de banques entre copains, par le défaut sur les eurobonds, par le développement d’un circuit financier illégal parallèle et opaque, mais plutôt par la lutte contre la corruption généralisée et la récupération de l’argent dilapidé ou détourné depuis des décennies par une partie des responsables politiques sans foi ni loi.

Malheureusement, nous avions raison.

Plus que jamais, à la veille de commémorer, tristement, l’anniversaire de notre indépendance, nous avons besoin d’un sursaut. Les Libanais ont ceci de particulier qu’ils sont habités par une envie, une volonté de résistance hors normes. Incompréhensible pour beaucoup d’observateurs à l’étranger. Parce que ce pays martyrisé, souillé, coule dans leurs veines, les Libanais pourraient en faire la perle du monde. Ce n’est pas hors de portée. Il suffit de réunir quelques conditions basiques.

Il faut vite élire un vrai président de la République, nommer un gouvernement qui ne travaillerait que dans l’intérêt du peuple, laisser s’exercer une justice totalement impartiale éloignée du clientélisme politique, dissoudre toutes les milices et donner à l’armée et aux forces de sécurité les moyens de faire respecter la loi et la souveraineté, faire les réformes nécessaires pour relancer une économie de confiance… ces phrases peuvent paraître banales tellement elles ont été répétées. Mais c’est leur application qui pour le moment paraît être un mirage.

Si, par miracle, le pays parvenait à surmonter les innombrables défis qu’on lui a imposés, alors et alors seulement, nos enfants, nos amis, nos frères et sœurs, nos familles… reviendraient et le soleil se lèverait de nouveau sur le pays du cèdre millénaire. Il le mérite.

 

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