Le 20 janvier, Donald Trump s’installera à la Maison Blanche. Depuis son élection, le 5 novembre, soudain tout a changé. Le monde ne se ressemble plus. L’Histoire s’est accélérée, emballée, comme si le nouveau monde qu’aura à gérer Donald Trump devait remettre ses compteurs à zéro.
Il y a encore quelques semaines, feu “l’axe de la résistance” faisait encore illusion. De l’Iran, spectateur-pyromane, au Liban, en passant par Gaza, la Syrie, l’Irak et le Yémen, les fronts étaient nombreux. Mais le soufflet est retombé. La coquille vide a été mise au jour.
L’accélération du temps a commencé au Liban. Allant à l’encontre de ce que pensaient beaucoup d’analystes, un cessez-le-feu a été signé. Un accord de reddition du Hezbollah, plus précisément, laissant à l’armée israélienne une liberté d’action totale. Bien sûr, il y a le concept de victoire illusoire qui a été entretenu par des inconditionnels de la martyrologie obligatoire.
Mais personne n’est dupe. Le bourdonnement continu des drones au-dessus de Beyrouth vient rappeler, aux derniers “croyants” en la thèse divine, qui est le véritable vainqueur de cette guerre, la plus inutile qui soit, mais qui a coûté la vie à 4.000 personnes. Les Libanais ont commencé à panser leurs plaies et entamé une timide reconstruction, avec l’espoir que ce sera la dernière guerre. Cela, malgré les promesses iraniennes de poursuite de l’enfer.
Et puis, le Hamas a été vaincu à Gaza. Les tirs de roquettes sur Israël sont devenus rares, puis exceptionnels. Les négociations sur les otages ont atteint la dernière ligne droite. Un accord sera probablement conclu avant l’investiture de Donald Trump. Parce que, comme on dit, on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on trouve. Trump a prévenu. Si à son arrivée, le Hamas n’a pas libéré les otages, “ils ne vont pas aimer sa réaction”! Donc, du côté des tunnels encore debout de Gaza, les rescapés de la direction du mouvement palestinien s’arrachent les poils, nombreux, de leurs barbes pour signer à tout prix un accord leur préservant un minimum la face. Ce qui n’est pas gagné.
Ils feraient bien de regarder au nord-est, en Syrie. Les Khmers rouges du Proche-Orient ont été balayés en une semaine. Un demi-siècle de règne sanguinaire de la famille Assad s’est effondré pratiquement sans combats. Ce que nous découvrons, après la fuite sans gloire de Bachar el-Assad est encore pire que le plus cauchemardesque des récits horrifiants qui circulaient depuis des décennies. Nul ne sait ce que deviendra la Syrie. Ahmed Chareh, le chef des rebelles, donne des gages de bonne volonté, il promet une Syrie unie et tolérante. En attendant, c’est à la Turquie, membre de l’Otan, que l’on a confié le contrôle de la situation. L’Irak, qui a bien compris ce qui se jouait, a cadenassé sa frontière et tente d’empêcher toute velléité guerrière des milices pro-iraniennes qui menacent son fragile équilibre. En cas de dérapage, l’affaire se réglera au sein des diverses mouvances chiites, dont les plus importantes prônent “l’arabité” du pays. En clair, la distanciation vis-à-vis des encombrants mollahs de Téhéran.
Reste donc le gros morceau: l’Iran. La question est de savoir où et quand aura lieu le grand bazar sans mauvais jeu de mots. Donald Trump veut-il gérer directement le dossier? Y aura-t-il une attaque israélienne de grande ampleur avant son entrée en fonction? Une chose est certaine. Privés de leur profondeur stratégique, les ayatollahs sont fragilisés. Le peuple iranien, souvent très instruit, commence à avoir des envies de révolte. On ne s’en rend pas encore tout à fait compte, mais ce qui vient de se passer en quelques semaines a probablement signé la fin de la révolution islamique iranienne dans sa vision d’expansionnisme. Lors d’une rencontre il y a trois jours avec des journalistes, le président élu américain, abordant le tour d’horizon de l’état du monde a affirmé que le dossier qui sera le plus complexe pour lui est celui du carnage russo-ukrainien, donc, pas le Moyen-Orient. Une petite phrase qui pourrait expliquer l’enchaînement invraisemblable des événements dans notre région. De Gaulle disait: “Quand on veut s’occuper d’avenir, il faut liquider le passé.” Le tout est de trouver la traduction persane.
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