Olivia Hussey, l'étoile shakespearienne d'Hollywood
Olivia Hussey dans "Roméo et Juliette" ©DR

Révélée à 15 ans dans le rôle iconique de Juliette, Olivia Hussey s'est éteinte à 73 ans. Retour sur le parcours riche et inspirant de cette actrice britannico-argentine, qui aura marqué le cinéma de son talent et de sa grâce pendant plus d'un demi-siècle.

Olivia Hussey, l'inoubliable Juliette du film de Franco Zeffirelli sorti en 1968, est décédée à l'âge de 73 ans le vendredi 27 décembre 2024 à son domicile californien, entourée des siens. Avec elle, c'est un pan entier de l'histoire du cinéma qui s'en va, tant son interprétation de l'héroïne shakespearienne aura marqué des générations de spectateurs à travers le monde.

Née le 17 avril 1951 à Buenos Aires en Argentine, Hussey grandit à Londres où sa mère, Joy Hussey, l'inscrit dès l'âge de 7 ans à la prestigieuse école d'art dramatique Italia Conti Academy. C'est sur les planches londoniennes qu'elle fait ses premiers pas de comédienne, donnant notamment la réplique à Vanessa Redgrave dans The Prime of Miss Jean Brodie. Mais le destin de Hussey bascule en 1967, lorsque le maestro italien Franco Zeffirelli jette son dévolu sur cette adolescente de 15 ans pour incarner Juliette Capulet dans son adaptation de la pièce de Shakespeare.

Le film, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 1968, est un triomphe. La prestation de Hussey, qui forme avec Leonard Whiting un couple de jeunes amants magnétiques et bouleversants, lui vaut une renommée internationale immédiate. Elle reçoit le Golden Globe de la révélation féminine de l'année et deux prix David di Donatello, l'équivalent italien des Oscars.

Ce succès fulgurant propulse Hussey sur le devant de la scène. Les propositions affluent et la jeune actrice tourne dans des productions internationales variées tout au long des années 1970. On la retrouve ainsi dans le drame historique Alfred le Grand, vainqueur des Vikings (Alfred the Great, 1969), la comédie musicale Les Horizons perdus (Lost Horizon, 1973) ou encore le film d'horreur Black Christmas (1974). Ce dernier lui vaudra le surnom de “Scream Queen”, tant sa performance est saisissante.

Cependant, cette notoriété précoce aura aussi son revers. En 2022, soit plus de 50 ans après la sortie de Roméo et Juliette (Romeo and Juliet), Hussey et Whiting intentent un procès retentissant contre Paramount. En cause, la scène de nu du film, tournée alors qu'ils étaient mineurs, et qu'ils estiment avoir été réalisée sous la contrainte et sans leur plein consentement. Si la plainte est finalement rejetée, elle lance un débat salutaire sur la protection des jeunes acteurs et la nécessité de repenser certaines pratiques dans l'industrie cinématographique. Une prise de parole courageuse qui témoigne de la force de caractère de Hussey.

Mais c'est à la télévision que Hussey va confirmer toute l'étendue de son talent. En 1977, elle retrouve Zeffirelli qui lui offre le rôle de Marie dans son ambitieuse mini-série Jésus de Nazareth (Jesus of Nazareth). Diffusée dans le monde entier et saluée par la critique, cette fresque biblique consacre définitivement Hussey comme une actrice de premier plan.

L'année suivante, elle tourne sous la direction de John Guillermin dans Mort sur le Nil (Death on the Nile), adapté du célébrissime roman d'Agatha Christie. Elle y donne la réplique à un parterre de stars, de Bette Davis à Angela Lansbury en passant par David Niven et Peter Ustinov. Sa prestation en jeune héritière, belle et mystérieuse, est unanimement saluée.

Au cours des années 1980 et 1990, Hussey poursuit sa carrière entre cinéma et télévision, alternant premiers et seconds rôles dans des genres très différents. Elle retrouve ainsi le registre de l'horreur dans Le Tueur de la Nuit (The Night Watcher, 1980), Psychose 4 (Psycho IV: The Beginning, 1990) ou encore Ice Cream Man (1995). Mais elle s'illustre aussi dans des productions plus grand public comme la série Au-delà du réel: L'Aventure continue (The Outer Limits, 1995-2002), où elle incarne la mère du héros.

C'est toutefois son interprétation de mère Teresa dans le téléfilm Mère Teresa (Mother Teresa of Calcutta, 2003) qui marque un autre sommet dans sa filmographie. Un rôle dont Hussey confie qu'il fut l'un des plus importants de sa carrière, et certainement celui qui lui tenait le plus à cœur.

À partir des années 2000, Hussey se fait plus rare sur les écrans. Elle prête sa voix à des séries d'animation comme Batman, la Relève (Batman Beyond) ou Superman. En 2015, 47 ans après Roméo et Juliette, elle retrouve Whiting dans Social Suicide, un thriller actualisé librement inspiré de la pièce shakespearienne. Mais l'essentiel de son énergie, Hussey la consacre désormais à sa famille.

Car derrière la star internationale, il y a aussi une femme et une mère. Mariée depuis 1991 à David Glen Eisley, avec qui elle aura une fille, India Joy, en 1993, Hussey a connu une vie sentimentale riche en rebondissements. De sa première union avec Dean Paul Martin, fils du crooner Dean Martin, naît son premier enfant Alexander en 1973. En 1980, elle épouse le chanteur japonais Akira Fuse et donne naissance à son second fils, Max, en 1983.

Hussey a aussi connu des moments difficiles, comme lorsqu'elle souffre d'agoraphobie au début des années 1990. Une épreuve dont elle parviendra à triompher grâce à la méditation. Dans sa quête de sérénité, elle s'installe à Los Angeles où elle restera jusqu'à la fin de sa vie, entourée des siens.

Son décès soudain laisse le monde du cinéma orphelin d'une de ses plus grandes ambassadrices. Hussey aura en effet brillé sur les écrans pendant plus de 55 ans, traversant les époques et les genres avec l'élégance, la beauté et ce talent inné qui firent sa marque. De Juliette à Marie en passant par mère Teresa, elle aura prêté ses traits à certains des personnages féminins les plus marquants de l'histoire du 7e art.

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