Les renseignements israéliens derrière le démantèlement du Hezbollah
©Ici Beyrouth

Une enquête détaillée du quotidien américain The New York Times a révélé dimanche à quel point Israël a infiltré la formation pro-iranienne du Hezbollah, suivant de près les commandants du groupe, ce qui a conduit à l'assassinat de son chef Hassan Nasrallah.

Jusqu'à sa mort, Hassan Nasrallah, leader de longue date du Hezbollah, ne pensait pas qu'Israël tenterait de l'assassiner. Le 27 septembre, alors qu'il se cachait dans un bunker souterrain à 12 mètres de profondeur, ses collaborateurs lui ont conseillé de se réfugier dans un lieu plus sécurisé, d'après des informations rapportées par le quotidien américain The New York Times (NYT), dans le cadre d'une enquête approfondie. Nasrallah a rejeté cette suggestion, fondée sur des renseignements recueillis par Israël et partagés ultérieurement avec des alliés occidentaux. Il ne croyait pas qu'Israël souhaitait provoquer une guerre à grande échelle. 

Cependant, il ignorait que les services de renseignement israéliens le surveillaient de près depuis des années, suivant chacun de ses déplacements. Peu de temps après, des avions de combat F-15 israéliens ont largué des milliers de kilos d'explosifs, anéantissant complètement le bunker, dans une explosion qui a enseveli Nasrallah et d'autres hauts commandants du Hezbollah. Cette attaque a mis en lumière la portée de la surveillance et des capacités opérationnelles d'Israël au Liban.

Les racines du conflit
Selon le NYT, les graines de l’offensive ont été semées bien avant les frappes de septembre. La guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, qui s'est soldée par une impasse, a entraîné une réévaluation des efforts de renseignement israéliens. L’unité 8200, la division de renseignement électronique d'Israël, a méthodiquement infiltré les réseaux du Hezbollah. Dès 2012, les agents israéliens avaient cartographié les dépôts de missiles du Hezbollah, ses planques et même la vie personnelle de ses commandants. Ces renseignements ont été cruciaux dans l'élaboration de la campagne de septembre 2024.

Le Liban, encore en reconstruction après le conflit de 2006, s'est retrouvé pris dans une guerre d'espionnage silencieuse mais incessante. Le Hezbollah a élargi son arsenal et renforcé ses liens avec l'Iran, tandis que des agents israéliens infiltraient ses chaînes d'approvisionnement, sabotaient des équipements de communication et plaçaient des explosifs dans des talkies-walkies et des pagers distribués aux combattants du Hezbollah.

D'après des informations fournies par une vingtaine de responsables israéliens, américains et européens qui ont requis l'anonymat, les services de renseignement israéliens avaient discrètement vendu ces dispositifs au Hezb par le biais de sociétés écrans basées à Budapest et Sofia. 

Lors d'une réunion d'urgence le 16 septembre, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et les responsables de la sécurité ont débattu de la question cruciale de savoir s'il fallait mettre en œuvre immédiatement l'opération des pagers et des talkies-walkies ou renoncer à celle-ci, comme rapporté par quatre responsables israéliens mentionnés dans l'article. Finalement, celle-ci a eu lieu le 17 septembre.

Cette guerre de l’ombre faisait aussi parfois surface à travers des explosions, des frappes aériennes et des assassinats ciblés. Mais les événements de 2024 ont marqué une intensification significative de la capacité destructrice des services de renseignement israéliens. 

 

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