Mikati à Chareh: De l’urgence de traiter le dossier des déplacés syriens au Liban
Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et le nouveau dirigeant syrien, Ahmad el-Chareh, lors d’un point de presse conjoint au terme d’une rencontre tenue à Damas, le 11 janvier 2025, à l’invitation de M. Chareh. ©Grand Sérail

Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a insisté sur l’urgence de traiter rapidement le dossier des déplacés syriens, dont la présence est massive au Liban, et plaidé pour une délimitation des frontières entre le Liban et la Syrie.

M. Mikati a tenu ces propos à l’issue d’un entretien avec le nouveau dirigeant syrien, Ahmad el-Chareh, à Damas, où il s’est rendu samedi matin, à la tête d’une délégation officielle libanaise, pour des discussions axées sur des sujets d’intérêts communs.

“Il est devenu urgent, dans l'intérêt des deux pays, de résoudre rapidement ce dossier et de permettre le retour des déplacés en Syrie”, a-t-il avancé lors d’un point de presse conjoint avec M. Chareh, précisant que la présence syrienne au Liban exerce “une forte pression sur tous les domaines” dans le pays.

Lors de cette conférence de presse, les deux personnalités ont exprimé leur position à l’égard de plusieurs questions critiques, notamment le contrôle de la frontière entre les deux pays.

À cet égard, M. Mikati a souligné que “la délimitation de la frontière terrestre entre le Liban et la Syrie figure en tête des priorités”. “Il est impératif de contrôler la frontière afin d’arrêter toute opération de contrebande entre les deux pays”, a-t-il insisté.

Il a également indiqué avoir exprimé les “vœux de paix et de stabilité pour la Syrie après des années de guerre”, soulignant que les relations entre les deux pays devraient être fondées sur les principes de “bon voisinage et d'égalité entre les deux peuples”.

M. Mikati a en outre soulevé avec son hôte la question des Libanais portés disparus et qui avaient été emprisonnés dans les geôles du régime déchu de Bachar el-Assad. Il a assuré que les autorités syriennes allaient suivre ce dossier et attendent que les autorités libanaises leur remettent la liste des noms pour mener une enquête et procéder à des tests ADN. Le Premier ministre sortant a indiqué que ses échanges avec M. Chareh lui avaient inspiré confiance, se disant rassuré quant à la nature des relations bilatérales à venir.

Pour sa part, M. Chareh a appelé à donner “une chance aux peuples syrien et libanais de construire une relation positive fondée sur le respect mutuel et la souveraineté des deux pays”. “La Syrie se tiendra à égale distance de toutes les parties libanaises et cherchera à résoudre tous les problèmes par le dialogue”, a-t-il assuré.

En réponse à une question concernant l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République au Liban, M. Chareh a dit soutenir le consensus autour de Joseph Aoun, affirmant qu’il y aurait, entre le Liban et la Syrie, “des relations stratégiques durables, fondées sur des bases solides et saines”.

Par ailleurs, le dirigeant syrien a indiqué que “la question des frontières relevait des douanes”. “Si j’en avais l’opportunité, je rendrais les frontières ouvertes à tous. Je les ouvrirais totalement avec le Liban”, a-t-il ajouté. Selon lui, les relations entre les deux pays devraient être fondées sur la fraternité. Autant de déclarations qui demeurent pour le moment ambiguës, laissant la place à de multiples interprétations.

“La priorité de la Syrie est actuellement de préserver la sécurité du pays et de monopoliser les armes par l'État syrien”, a-t-il encore dit, en révélant avoir abordé avec M. Mikati la question des épargnes syriennes bloquées dans les banques libanaises.

L’entretien Mikati-Chareh constitue le premier échange officiel entre Damas et Beyrouth depuis la chute du régime Assad, le 8 décembre dernier. La visite de M. Mikati est aussi la première d’un Premier ministre libanais à Damas depuis 2010, soit un an avant le début de la guerre en Syrie.

M. Mikati était accompagné d’une délégation officielle composée du ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, du directeur par intérim de la Sûreté générale, le général Elias Bayssari, du chef des services de renseignements de l’armée, le brigadier Tony Kahwaji, et du vice-directeur du service de Sécurité de l’État, Hassan Choucair.

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