Al-Qard al-Hassan reporte les compensations, le Hezbollah en difficulté?
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La récente décision de l'institution Al-Qard al-Hassan, affiliée au Hezbollah, de reporter au 10 février, le paiement des compensations aux victimes du conflit, initialement prévu pour le 1er février, a provoqué une onde de choc au sein de la communauté chiite.

Pour justifier ce retard, la direction de la banque milicienne a invoqué des “problèmes techniques et administratifs internes”, tout en assurant que ses autres services financiers, tels que les prêts, les dépôts et les retraits, resteraient opérationnels.

Selon un article signé Nawal Berri et paru vendredi dans le journal Nidaa al-Watan, cette annonce a soulevé des interrogations sur l’ampleur des difficultés financières rencontrées par le Hezbollah. Selon plusieurs sources rapportées par la journaliste, les employés d’Al-Qard al-Hassan ont été pris de court, tout comme les bénéficiaires de ces indemnités, aucune explication valable n’ayant été fournie sur les raisons du report.

Le texte rappelle à cet égard qu’au lendemain de la guerre qui a opposé Israël au Hezbollah, ce dernier a promis de fournir une aide directe aux familles affectées par les combats. Chacune devait recevoir un montant s’élevant à 14.000 dollars annuellement, répartis comme suit: 8.000 dollars pour le remplacement des meubles, versé une seule fois, et une allocation locative de 6.000 dollars par an pour ceux résidant à Beyrouth et ses environs, ou de 4.000 dollars pour ceux installés au Liban-Sud, dans la Békaa et d'autres régions.

Ainsi, ces aides visent-elles, selon le colonel à la retraite, Adel Machmouchi, cité par Nidaa al-Watan, à calmer les mécontentements populaires, après les dévastations subies à tous les niveaux. L’expert a, dans ce contexte, souligné que les responsables iraniens qui ont récemment visité le Liban ont apporté une aide d'urgence pour soutenir le Hezbollah et ses bases populaires. Cependant et à défaut – faute de moyens financiers – de procéder aux grands travaux de reconstruction qui nécessitent des fonds importants, le Hezbollah a décidé de contenir la situation et le soulèvement populaire en opérant, dans la mesure du possible, des réparations mineures.

En outre, et toujours selon Adel Machmouchi interrogé par Nidaa al-Watan, les fonds disponibles avaient été utilisés dans l’espoir de recevoir davantage d’aide. Or, les lignes de ravitaillement, notamment aériennes, ont été de plus en plus surveillées, notamment après la fermeture de la frontière terrestre avec la Syrie, rendant difficile tout acheminement d’aides financières. Plus encore, l’Iran, qui traverse également une grave crise économique interne, pourrait voir, selon lui, sa capacité à soutenir financièrement le Hezbollah réduite, ce qui expliquerait la crise actuelle et le report du paiement des traites mensuelles annoncé mercredi par Al-Qard al-Hassan.

Dans ce contexte, l’expert des risques bancaires, Mohammad Fahili, également interrogé par Nidaa al-Watan, a critiqué les démarches de la banque milicienne, appelant les autorités libanaises à intervenir. Il a, de fait, souligné que l’institution n’est pas autorisée à fournir des services financiers tels que des prêts ou des compensations, son statut juridique (illégal, ndlr) ne le lui permettant pas. M. Fahili a également mis en lumière des violations notables de l’institution, notamment le fait qu’elle exploite des distributeurs automatiques de billets sans autorisation officielle, en contradiction avec les règles de la Banque centrale du Liban.

Israël accuse l'Iran de financer le Hezbollah via la Turquie

Le Wall Street Journal (WSJ) a rapporté qu'Israël a porté plainte auprès du comité de supervision chargé de veiller à l’application stricte du cessez-le-feu, concernant le transfert de dizaines de millions de dollars en espèces par l’intermédiaire de diplomates iraniens au Hezbollah. Une information rapportée par le journal américain qui cite un responsable de la défense américaine ainsi que d’autres sources bien informées.

Selon le Wall Street Journal, Israël aurait informé ce comité que des responsables turcs auraient facilité le transport aérien de fonds iraniens destinés au Hezbollah, des accusations que la Turquie a fermement démenties, affirmant ne pas avoir été interrogée officiellement à ce sujet et niant toute implication dans le transfert de fonds au Hezbollah.

Désormais confronté à une grave crise de liquidités, avec des promesses d’aides qui restent en suspens, le Hezbollah et ses institutions se trouvent aujourd’hui dans une situation délicate qui suscite des interrogations quant à l’avenir d’Al-Qard al-Hassan et à la manière dont le Hezbollah pourra continuer à maintenir son influence sans ressources suffisantes pour répondre aux besoins immédiats de sa base populaire.

 

 

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