
Josef Fares, créateur de jeux vidéo et ancien réalisateur, critique les modèles économiques basés sur les micro-paiements, qu'il juge nuisibles à la créativité. Il plaide pour un retour à des jeux vidéo centrés sur l'histoire et la coopération, loin des logiques commerciales.
Josef Fares, créateur de jeux vidéo et ancien réalisateur de cinéma, se distingue par sa vision critique de l'industrie du jeu vidéo, notamment à propos des modèles économiques basés sur les micro-paiements. À Stockholm, où il s’exprime pour l'AFP, l'homme de 47 ans, célèbre pour son succès It Takes Two, affirme que l'omniprésence de l'argent dans les jeux nuit à la créativité. Pour lui, la volonté de rentabiliser à tout prix via des microtransactions, où les joueurs sont incités à payer régulièrement pour des objets virtuels, ne fait qu’altérer la conception des jeux vidéo. Si ce modèle se révèle très lucratif, Fares le rejette en bloc: "Je dis que c’est des conneries, parce que je le pense vraiment."
Ce modèle économique, qui permet aux développeurs de générer des revenus après la vente d’un jeu ou sur les jeux gratuits, a certes fait ses preuves. Mais selon Fares, il transforme la manière de penser les jeux, en incitant les créateurs à adapter leur contenu pour maximiser les achats in-game, au détriment de la pure expérience de jeu. "Ces décisions ne devraient pas influencer la conception des jeux vidéo", affirme-t-il fermement.
Né au Liban, Fares a fui la guerre civile en 1987 pour s’installer en Suède, où il a trouvé un terreau fertile pour exprimer ses idées. Fondateur de Hazelight Studios en 2014, son studio à Stockholm a révolutionné la coopération entre joueurs avec ses titres A Way Out (2018) et It Takes Two (2021). Ce dernier, une aventure acclamée par la critique, s’est concentré sur la collaboration au sein d'un couple en crise, métamorphosé en poupées miniatures. Son prochain jeu, Split Fiction, poursuit cette exploration des relations humaines, en se concentrant cette fois sur "l'amitié". L’histoire suit deux écrivains en herbe aux caractères opposés, forcés de surmonter leurs différences pour s’échapper d'une simulation de leurs propres histoires.
Pour Fares, qui a une formation cinématographique, la réalisation de jeux vidéo reste une discipline bien différente du cinéma. Alors que ce dernier est un média passif, où le spectateur subit le rythme imposé par le réalisateur, le jeu vidéo, interactif par nature, laisse au joueur la liberté de choisir son parcours. Ce défi structurel transforme la manière de raconter des histoires. "Il faut comprendre que ces deux médias sont totalement différents", insiste-t-il, soulignant qu'il reste un défi de maintenir une narration captivante dans un espace aussi dynamique.
Avec AFP
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