Ralph Fiennes brille dans “Conclave”, le thriller qui bouscule l’Église
L'acteur britannique Ralph Fiennes pose dans la salle des lauréats lors des Bafta (British Academy Film Awards) au Royal Festival Hall, à Londres, le 16 février 2025. ©Justin Tallis/AFP

Lauréat de quatre BAFTA, Conclave, le thriller haletant d’Edward Berger, plonge au cœur des intrigues du Vatican. Entre ambitions secrètes et révélations explosives, Ralph Fiennes incarne un cardinal confronté à un choix qui pourrait bouleverser l’avenir de l’Église.

Porté par une tension dramatique constante, Conclave, réalisé par Edward Berger et adapté du roman de Robert Harris, entraîne les spectateurs dans les arcanes du pouvoir religieux. Lorsque le pape meurt subitement, le Collège des cardinaux se réunit dans la plus stricte confidentialité pour élire son successeur. Mais derrière les portes closes de la chapelle Sixtine, l’élection se transforme en un redoutable jeu de stratégie où chaque geste, chaque regard peut influer sur l’issue du vote.
Dans ce cadre solennel, Ralph Fiennes livre une prestation magistrale en incarnant le cardinal Thomas Lawrence, doyen du Collège et maître d’œuvre du conclave. Son personnage, profondément tourmenté, est tiraillé entre sa foi, ses devoirs et les révélations troublantes qui surgissent au fil des délibérations.
Si Ralph Fiennes brille par sa sobriété et son intensité, le reste du casting n’est pas en reste. Stanley Tucci incarne le cardinal Aldo Bellini, figure progressiste qui rêve d’une Église tournée vers l’avenir. Face à lui, John Lithgow campe un cardinal Joseph Tremblay attaché aux traditions, tandis que Sergio Castellitto incarne Goffredo Tedesco, prêtre ambitieux prêt à tout pour atteindre le trône de saint Pierre.
Lucian Msamati interprète le cardinal Joshua Adeyemi dont un lourd secret pourrait compromettre ses ambitions, tandis que Carlos Diehz joue Vincent Benitez, un outsider dont l’humilité pourrait bien surprendre l’assemblée. Isabella Rossellini, quant à elle, offre une touche féminine essentielle dans le rôle de sœur Agnès, méticuleuse responsable des sœurs du Vatican, dont la présence soulève une question brûlante: les femmes auront-elles un jour un rôle plus central dans l’Église?

Une mise en scène immersive

Sous la direction inspirée d’Edward Berger (All Quiet on the Western Front), Conclave ne se contente pas d’être un simple thriller politique. Le film s’attache à une reconstitution minutieuse des rituels du Vatican, où chaque détail – des costumes d’apparat aux rites sacrés – est soigneusement respecté. La photographie, signée James Friend, baigne le film dans une lumière feutrée, renforçant l’atmosphère de secret et de mystère qui plane sur cette élection décisive.
La tension est habilement entretenue par une mise en scène nerveuse et un montage chirurgical, qui font de chaque vote un moment de suspense haletant. La bande-son, composée par Volker Bertelmann, accentue ce climat d’incertitude où le silence d’une prière peut être plus assourdissant qu’un éclat de voix. Les décors majestueux, reconstitués avec une précision remarquable, plongent le spectateur dans l’univers feutré du Vatican où chaque ombre et chaque lumière façonnent l’ambiance pesante de ce huis clos politique.
Loin d’être une simple reconstitution historique, Conclave explore des thèmes profonds et actuels. Le film interroge la place de l’Église dans un monde en mutation, la lutte entre tradition et modernité, mais aussi la fragilité du pouvoir spirituel face aux ambitions humaines. Chaque cardinal est porteur d’une vision divergente du futur de l’Église, rendant l’élection d’autant plus imprévisible et passionnante.
Chaque révélation ajoute une nouvelle strate de complexité au récit, tenant le spectateur en haleine jusqu’à la conclusion, aussi inattendue que percutante. Fidèle au roman de Robert Harris, le scénario jongle habilement entre intrigues politiques et considérations philosophiques, offrant un thriller intelligent qui dépasse largement le cadre religieux.

Un succès incontestable

Triomphant aux Bafta 2025, Conclave a remporté quatre récompenses majeures: Meilleur film, Meilleur film britannique, Meilleur scénario adapté et Meilleur montage. Un succès amplement mérité, salué par une critique unanime.
The Guardian salue “une œuvre captivante qui mêle brillamment suspense et réflexion sur le pouvoir”, tandis que Vulture le décrit comme “un thriller d’une rare intensité, où chaque murmure peut changer le destin de l’Église”. De son côté, The Hollywood Reporter souligne la performance de Ralph Fiennes, le qualifiant de “fascinant dans un rôle tout en retenue et en subtilité”.
Avec Conclave, Edward Berger signe un film haletant, porté par un casting de haut vol et un scénario d’une redoutable intelligence. À la croisée du thriller politique et du drame psychologique, le film s’impose comme une œuvre incontournable, aussi fascinante que dérangeante.

 

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