Messieurs les mollahs et consorts, ne touchez pas à l’aéroport!
©OSEPH EID/AFP

En 1973, Henry Kissinger avait refusé d’atterrir à l’aéroport international de Beyrouth parce qu’il était alors sous contrôle de l’OLP. Il ne souhaitait pas non plus emprunter la route qui y mène pour la même raison. Le président de la République de l’époque, Sleiman Frangié, l’avait accueilli à l’aéroport militaire de Rayak. En agissant ainsi, l’ancien président reconnaissait que l’État libanais ne contrôlait pas ses frontières. On sait ce qui s’est passé deux ans plus tard.

L’Histoire se répète comme on dit. Aujourd’hui, c’est le Hezbollah et ses partisans qui veulent transformer l’aéroport de Beyrouth et les routes qui y mènent en zone d’exclusion de la légalité, zone qui servirait les intérêts de la milice et de ses patrons iraniens. Les violences désormais quotidiennes, les fermetures de routes, les attaques contre les soldats de l’armée et la Finul, vont dans le même sens: pas question que quelqu’un d’autre que la République islamique exerce sa loi sur ce “territoire libéré”. 

Face à ce spectacle désolant, préfigurant une déflagration plus large, certains sont tentés de réclamer plus que jamais la mise en service d’autres aéroports. Si, sur le principe, il semble délirant que le Liban n’ait qu’un seul aéroport alors que, dans le reste du monde, à superficie égale, tous les autres pays ou territoires en comptent plusieurs, le timing n’est pas le bon.

L’AIB est la frontière aérienne du pays avec le monde. Céder à la menace serait un acte grave de renoncement à la souveraineté. Cela n’a pas échappé au président de la République qui a été très clair. Pas question d’accepter les exactions des derniers jours. Les coupables seront arrêtés et jugés. Il a parfaitement raison.  

L’armée libanaise doit pouvoir se déployer massivement sur la route et dans l’aéroport pour restaurer l’État de droit. Et si cela n’est pas suffisant, la zone devrait être mise sous protection internationale couverte par les résolutions des Nations unies, au premier rang desquelles la 1701. Cet aéroport est celui du Liban et de sa capitale. Pas une annexe pour projets foireux des Gardiens de la révolution. Qu’ils s’occupent déjà de… garder leur propre souveraineté et leur espace aérien. Ce en quoi ils n’ont pas particulièrement brillé. Ils ont déjà conduit le Liban à la ruine. Ce n’est vraiment pas la peine d’insister pour la poursuite dans la même voie. Nous avons déjà donné, merci. Sans parler de leur formidable front de soutien à Gaza dont on voit où il a conduit les Palestiniens.

Le Hezbollah, en précipitant ses hordes de partisans pétarader et saccager les biens publics et privés dans les rues, cherche à remporter une victoire politique. Défaite militairement, sans voies d’approvisionnement depuis la chute d’Assad, la milice est dos au mur. Pour rompre son isolement, notamment financier, l’AIB est son dernier atout. La frontière avec la Syrie devient de plus en plus hermétique. Les combats qui s’y déroulent montrent le niveau d’affection que portent les nouveaux maîtres de Damas à l’égard de nos barbus locaux. En utilisant l’arme de la peur et de la menace, le Hezbollah tente de retarder sa transformation en simple formation politique. Ce qui, soit dit en passant, serait une porte de sortie idéale. 

L’État doit rester intransigeant. Ensuite et seulement ensuite nous pourrions parler de décongestion du trafic aérien vers d’autres aéroports également. Il ne faut pas mettre la charrue avant les mobylettes!

 

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