
Les salaires et les rémunérations des employés et des travailleurs du secteur public: un dossier en suspens, dont le traitement est lié au début du nouveau mandat… Les employés en question ont déjà reçu des promesses qui ne se sont pas concrétisées, la dernière en date venant du précédent gouvernement présidé par Najib Mikati, qui avait promis une nouvelle échelle salariale – jamais adoptée – en juin dernier. De nombreux économistes craignent que le gouvernement n'adopte une grille de salaires mal conçue, semblable à la loi 46 du 21 juillet 2017, qui prévoyait une augmentation du salaire minimum et des salaires, ainsi qu'une augmentation du coût de la vie pour les employés, les contractuels et les travailleurs dans les administrations publiques, l'Université libanaise, les municipalités, les unions de municipalités et les institutions publiques non soumises à la législation du travail. Cela a entraîné des conséquences catastrophiques sur le trésor public.
Huit ans se sont écoulés depuis l'adoption de la grille des salaires, devenue ensuite l'une des causes de l'effondrement financier à la fin de l'année 2019. Aujourd'hui, un nouveau débat est lancé sur la préparation d'une nouvelle échelle salariale pour le secteur public, ce qui nécessite la prise de précautions afin de ne pas répéter le même scénario. Le syndicat des fonctionnaires de l'administration publique libanaise demande une amélioration des salaires et des compensations afin de suivre l'augmentation des coûts de la vie, et l'adoption d'une nouvelle échelle salariale qui rétablirait l'équilibre financier pour les fonctionnaires, avec la nécessité de modifier temporairement l'horaire de travail hebdomadaire et de le réduire à trois jours uniquement, jusqu'à ce que les salaires soient rétablis à leur valeur initiale de 2017. Il est important, également, d'annuler la notion de “fidélité” et de l'intégrer en tant qu'augmentation salariale, et d'ajouter toutes les augmentations sous différentes appellations au salaire de base afin de couvrir tous les travailleurs du secteur public. Les fonctionnaires demandent également que les augmentations soient comptabilisées dans le salaire de base afin d'améliorer les indemnités de fin de service.
Bien que ces demandes soient légitimes, le simple fait d'évoquer une nouvelle grille de salaires rappelle le désastre de 2017 et ses répercussions financières. À ce sujet, des sources proches du dossier affirment que la possibilité d'accorder une augmentation aux fonctionnaires du secteur public en dehors du salaire de base – comme l'a fait le gouvernement à plusieurs reprises – sera discutée, et non l'adoption d'une grille de salaires n’ayant pas été étudiée au préalable. L'important est de ne pas adopter une nouvelle grille de salaires avant de mettre en place des réformes du secteur public, c'est-à-dire de réorganiser ledit secteur et de recenser les effectifs avec précision. Le problème – soulevé en 2017 – réside dans le fait que la série a été adoptée sur la base d'un coût estimé à 800 millions de dollars, mais ce montant a vite augmenté pour atteindre près de 3 milliards de dollars, ce qui met en évidence la détérioration du secteur public, le gaspillage et la corruption dans un secteur où le chaos prévaut en matière d'embauche et de contrats, dans un pays qui compte plus de 10 types d'emplois, notamment: les travailleurs vacataires, les ouvriers, les contractuels, etc. Il est donc nécessaire de restructurer l’État et de le réformer en profondeur.
Actuellement, le salaire minimum avoisine les 200 dollars. Une augmentation à 300 dollars est en cours de négociation, suivie d’une augmentation automatique des primes. Cependant, toute augmentation à venir est liée au budget du ministère des Finances et à sa capacité de couvrir les différences. En chiffres, l'État libanais verse chaque mois 300.000 salaires aux employés du secteur public, aux militaires et aux retraités, l’équivalent de 150 millions de dollars par mois. En revanche, les représentants des travailleurs et des fonctionnaires du secteur public demandent des salaires ne devant pas être inférieurs au double de ce qu'ils perçoivent aujourd'hui, soit un minimum de 600 dollars, ce qui ferait augmenter, à 350 millions de dollars, la valeur de ce que le ministère des Finances pourrait payer chaque mois. Cependant, la discussion actuelle sur l'augmentation des salaires reste inutile en l'absence d'un budget réaliste, d'où la nécessité pour le gouvernement de récupérer le projet de budget 2025 et de réajuster ses chiffres après la fin de la guerre. La première étape liée à la restructuration est de recenser le nombre de fonctionnaires, car, dans les pays développés, leur nombre ne dépasse pas 10% de la main-d’œuvre, tandis qu'au Liban, ce pourcentage dépasse les 30%.
Le nouveau gouvernement a beaucoup de dossiers complexes à traiter, dont le plus important est la restructuration du secteur public, l'un des dossiers les plus lourds pour le trésor. La restructuration du secteur est la première étape précédant toute réforme réelle dans le secteur public, d’autant plus que cette proposition est l'une des principales conditions internationales pour parvenir à une relance économique. La gestion du secteur public nécessite une approche politique en premier lieu, en raison de ses répercussions sur les conditions de vie d'un grand nombre de Libanais. Ce dossier est l'un des plus complexes du fait du chevauchement entre les aspects politique et économique, en relation avec la situation sociale.
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