
L’Arabie saoudite, longtemps définie par son rôle de puissance pétrolière et de berceau de l’islam, ambitionne désormais de s’imposer comme une nouvelle destination touristique à l’échelle mondiale. En lançant des projets pharaoniques et en réorientant son économie vers le tourisme, le Royaume espère diversifier ses revenus et attirer les voyageurs du monde entier. Cependant, cette transition vers un secteur touristique florissant se heurte à plusieurs défis. L’analyse de ces initiatives révèle à la fois un potentiel de transformation et des obstacles à surmonter pour réussir cette métamorphose.
Le développement de l’industrie touristique saoudienne: une vision stratégique
Le tourisme saoudien a pris un tournant majeur avec la mise en place de la Vision 2030,un plan ambitieux lancé par le prince héritier, Mohammed ben Salmane en 2016. Cette stratégie vise à diminuer la dépendance du pays au pétrole et à diversifier son économie, plaçant le secteur touristique au cœur de ce projet de transformation. Le Royaume a ainsi ouvert ses portes aux touristes étrangers, jusque-là limités principalement aux pèlerins musulmans se rendant à La Mecque et à Médine.
Les initiatives phares dans ce domaine comprennent des projets titanesques qui visent à transformer le pays en une destination de choix pour les voyageurs internationaux.
Les projets pharaoniques d’Al-Ula et de la mer Rouge
Situé dans le nord-ouest du pays, Al-Ula est un site archéologique et naturel unique qui abrite des vestiges d’anciennes civilisations, dont les Nabatéens. Ce site, souvent comparé à Petra en Jordanie, est en train de devenir un pôle touristique majeur. Le Royaume investit massivement pour le développer et en faire une destination touristique de classe mondiale, avec la création de musées, d’infrastructures hôtelières et d’activités culturelles et écologiques. Ce projet vise à attirer non seulement les amateurs d’histoire et d’archéologie, mais également les passionnés de nature et d’aventure, grâce à des randonnées et des excursions dans les paysages désertiques et rocheux de la région.
Un autre projet emblématique est le développement de la mer Rouge, qui englobe la création d’un complexe touristique de luxe, avec des hôtels, des villas et des stations balnéaires sur des îles vierges. Tout en respectant les normes du développement durable et de la préservation des écosystèmes marins, le projet Red Sea Global s’adresse notamment à des voyageurs qui sont à la recherche d’une expérience haut de gamme. Il s’étend sur une zone de 28.000 kilomètres carrés, vise également à développer un réseau d’îles, de centres de plongée et de loisirs en mer, positionnant la région comme une nouvelle destination pour les amateurs de sports nautiques.
Les défis à relever
Si ces projets ambitieux offrent un potentiel indéniable pour dynamiser le secteur touristique, la concrétisation de cette vision repose sur la capacité du pays à surmonter plusieurs obstacles majeurs.
L’un des premiers défis réside dans l’image que véhicule l’Arabie saoudite sur la scène internationale. Malgré les réformes récentes, notamment l’assouplissement des restrictions pour les femmes et l’ouverture progressive du pays aux voyageurs étrangers, certaines de ses lois et pratiques continuent de susciter des réserves. En effet, “les questions relatives aux libertés individuelles (comme celle d’expression) et aux droits humains demeurent un point de friction qui pourrait freiner l’enthousiasme de nombreux touristes, soucieux de leur cadre de séjour”, note-t-on de source diplomatique.
Par ailleurs et de manière générale, l’essor du tourisme repose sur des infrastructures adaptées aux standards internationaux. “Si les investissements colossaux engagés laissent entrevoir une transformation rapide, encore faut-il que les transports, l’hôtellerie et les services sur place répondent aux attentes d’une clientèle exigeante”, souligne-t-on de même source. “L’amélioration des connexions aériennes, la modernisation des transports intérieurs et la formation d’un personnel qualifié seront déterminantes pour garantir une expérience fluide et agréable aux visiteurs”, précise-t-on.
Un troisième défi concerne la durabilité environnementale. Une question qui représente un autre enjeu crucial, d’autant plus qu’avec des sites naturels d’une grande richesse, notamment les récifs coralliens de la mer Rouge, le pays doit veiller à concilier développement touristique et préservation des écosystèmes fragiles. La gestion des ressources en eau, particulièrement précieuse dans cette région aride, constitue également un défi de taille, selon les experts. Ainsi la réussite de ces projets passera-t-elle par des stratégies durables, évitant que cette expansion ne se fasse au détriment du patrimoine naturel.
Enfin, et selon la même source diplomatique, l’Arabie saoudite devra jongler entre ouverture au monde et respect de son identité culturelle. L’arrivée massive de touristes étrangers, porteurs d’attentes et de modes de vie souvent éloignés des traditions locales, impose un équilibre délicat. Il s’agit de proposer une offre attractive sans renier les valeurs qui fondent la société saoudienne, tout en évitant une standardisation du tourisme qui pourrait nuire à l’authenticité de l’expérience proposée.
Si ces obstacles peuvent être surmontés, l’Arabie saoudite pourrait bien s’imposer comme une destination incontournable dans les années à venir, attirant des millions de voyageurs à la recherche de nouvelles expériences dans un cadre exotique et fascinant. Entre patrimoine historique, paysages spectaculaires et infrastructures futuristes, le Royaume a tous les atouts pour se tailler une place de choix sur la carte du tourisme mondial.
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