Washington met en garde Beyrouth contre toute implication du Hezbollah
©Lebanese Presidency / AFP


À l’issue du conflit opposant Israël à l’Iran, et dans la foulée des négociations qui suivront, la question des milices armées affiliées à Téhéran – au premier rang desquelles le Hezbollah – s’imposera inévitablement dans les discussions. Le nouvel équilibre régional qui émergera de cette guerre pourrait contraindre l’Iran à renoncer non seulement à son programme nucléaire, mais aussi à ses capacités balistiques et à l’ensemble de ses milices armées dans la région.

Dans ce contexte, le Hezbollah ne pourra plus éluder la question de son désarmement. Aux yeux de Washington, le démantèlement rapide et complet de l’arsenal du parti pro-iranien constitue la seule voie acceptable.

C’est dans cette optique que le président de la République, le général Joseph Aoun, a abordé le sujet avec Thomas Barrack, ambassadeur américain en Turquie et émissaire spécial pour la Syrie. Selon ses propos:

«Des discussions sont en cours pour consacrer le principe de l’exclusivité des armes, tant à l’échelle libanaise que palestinienne. Elles s’intensifieront une fois la situation régionale stabilisée, à l’issue de l’escalade israélo-iranienne.»

Selon des sources libanaises proches du dossier, le président Aoun estime que la question du désarmement sera plus simple à résoudre une fois la guerre achevée. Car si l’Iran, parrain du Hezbollah, renonce effectivement à ses programmes nucléaire et balistique, le maintien de l’arsenal du Hezbollah ne trouverait plus aucune justification.

Ce lien entre l’évolution des négociations américano-iraniennes et l’arsenal du Hezbollah, le président Aoun l’avait déjà esquissé à plusieurs reprises dans ses entretiens avec des responsables américains, notamment lors des pourparlers bilatéraux entre Washington et Téhéran. À l’époque déjà, il s’était dit prêt à agir à condition qu’un accord permette d’épargner au Liban une nouvelle crise, soit par consensus interne, soit par l’instauration d’un nouvel équilibre régional auquel le Hezbollah ne pourrait se soustraire.

Mais à Washington, les signaux récents suscitent l’inquiétude. Selon des sources diplomatiques, les déclarations de Naïm Kassem, secrétaire général du Hezbollah, affirmant que le parti ne resterait pas neutre en cas d’attaque contre le guide suprême iranien, Ali Khamenei, ont été perçues comme une rupture claire avec la position officielle de neutralité du Liban.

Les États-Unis attendent du gouvernement libanais une réponse claire et sans équivoque. Un message formel a d’ailleurs été transmis par l’émissaire Thomas Barrack, mettant en garde contre toute implication du Liban dans le conflit en cours. «Les conséquences d’un tel engagement seraient bien plus lourdes que celles des précédents affrontements», a-t-il averti.

Toujours selon ces sources, Washington redoute le scénario d’une attaque contre son ambassade à Aoukar si la situation en Iran venait à dégénérer. Les autorités américaines rappellent que la sécurité de leur mission diplomatique relève directement de la responsabilité du gouvernement libanais, et préviennent qu’aucune défaillance ne sera tolérée ni excusée.

 

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