Frappe israélienne meurtrière à Blida: Beyrouth dénonce une «violation flagrante» de la souveraineté libanaise
L'aviation israélienne a mené une série de raids sur Jarmak et Mahmoudié ©Ici Beyrouth

Les hauts responsables libanais ont dénoncé, jeudi, les dernières attaques israéliennes contre le sud du Liban, dont une frappe meurtrière dans la nuit de mercredi contre le bâtiment municipal de Blida, ayant tué l’employé Ibrahim Salameh. L’opération a été qualifiée de «flagrant assaut contre la souveraineté et les institutions de l’État libanais».

À la suite de l’incident, le président Joseph Aoun a chargé le commandant de l’armée, le général Rodolphe Haykal, de veiller à ce que les forces armées répondent à toute incursion israélienne dans le sud du pays «afin de préserver la souveraineté nationale et de protéger les citoyens». Il a également exhorté le Comité de suivi du cessez-le-feu à aller au-delà du simple constat des violations et à «prendre des mesures concrètes pour les faire cesser en exerçant des pressions sur Israël afin qu’il respecte l’accord de cessez-le-feu».

 

Dans un communiqué, l’armée libanaise a condamné la frappe comme «une violation de la souveraineté libanaise, de l’accord de cessez-le-feu et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU». Elle a appelé le mécanisme de suivi à «intervenir pour mettre fin à ces incursions et violations», affirmant qu’elle continuait de surveiller les activités israéliennes en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

 

La Finul a également exprimé de vives inquiétudes face à l’incursion armée israélienne à Blida. «Une telle action israélienne au nord de la Ligne bleue constitue une violation flagrante de la résolution 1701 du Conseil de sécurité et de la souveraineté du Liban», a-t-elle indiqué, réitérant «son appel à toutes les parties à respecter pleinement le cessez-le-feu et soulignant que l’extension de l’autorité de l’État à travers ses institutions est au cœur même de la résolution 1701».

«La Finul reste en contact avec l’armée libanaise concernant cet incident», a-t-elle conclu.

Le Premier ministre Nawaf Salam a aussi condamné l’opération israélienne, la qualifiant «d’attaque flagrante contre l’État libanais et sa souveraineté». Il a présenté ses condoléances à la famille de Salameh et exprimé sa solidarité avec «les habitants du Sud». M. Salam a indiqué que le gouvernement faisait pression sur les Nations unies et les pays garants de la trêve afin «d’assurer la fin des violations répétées et le retrait complet d’Israël du territoire libanais».

Le chef du Parlement, Nabih Berry, a dénoncé ce qu’il a qualifié de «poursuite de l’agression israélienne» contre le Liban, rappelant que la frappe avait visé «un bureau gouvernemental rattaché au ministère de l’Intérieur» à Blida et tué Salameh «de sang-froid». Il a également évoqué les attaques israéliennes contre la salle Housseiniya d’Odaisseh, ainsi que contre des positions de l’armée libanaise et de la Finul, entravant leurs opérations.

M. Berry a appelé à l’unité nationale, exhortant les Libanais à «se rallier au président de la République et à sa position face à l’escalade actuelle».

Le ministre de l’Intérieur Ahmad al-Hajjar a pour sa part condamné ce qu’il a décrit comme «un crime odieux commis par Israël contre l’employé municipal Ibrahim Salameh», le qualifiant de «violation flagrante des droits humains». Il a demandé l’arrêt immédiat des attaques visant les civils et les institutions publiques.

Selon des sources locales, une patrouille israélienne est entrée à Blida vers 1h30 du matin, avançant de plus d’un kilomètre au-delà de la frontière avec le soutien de véhicules blindés et de quads. Les soldats auraient pris d’assaut le bâtiment municipal, où se trouvait Salameh, abattu sur place. L’opération aurait duré jusqu’à environ 4h00, avant le retrait des troupes israéliennes. L’armée libanaise s’est ensuite déployée dans la zone, tandis que la Défense civile transportait le corps de la victime à l’hôpital.

Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a confirmé qu’une incursion terrestre avait eu lieu à Blida, déclarant que les troupes avaient identifié un suspect à l’intérieur d’un bâtiment et ouvert le feu «après la détection d’une menace immédiate contre les soldats». Il a ajouté que les circonstances de l’incident faisaient l’objet d’une enquête.

L’armée israélienne a affirmé que le bâtiment municipal «avait récemment été utilisé par le Hezbollah pour des activités terroristes sous couvert d’infrastructures civiles», accusant le groupe «de mettre en danger les civils libanais en exploitant des installations publiques à des fins militaires».

En réaction, la municipalité de Blida a appelé à un sit-in devant le bâtiment municipal à 10h30, et plusieurs municipalités voisines ont publié des communiqués condamnant l’attaque. Des habitants en colère ont bloqué la route principale pour protester contre le raid et l’assassinat de Salameh. Une patrouille de la Finul a dû rebrousser chemin après avoir été confrontée aux manifestants.

Série d’attaques israéliennes dans le Sud-Liban

Un avion de chasse israélien a mené une frappe aérienne dans la région de Labbouné, à Naqoura, suivie d’une seconde à environ 200 mètres d’un poste de l’armée libanaise.

Parallèlement, un appareil israélien a largué une grenade assourdissante près de la localité de Chebaa, visant la maison d’un berger, Firas Hamdan, au moment où des tirs nourris étaient signalés. Selon les premiers rapports, l’épouse et l’enfant du berger ont été blessés.

Une autre frappe israélienne a ciblé la route principale du village de Harouf, un missile guidé tombant en plein milieu de la chaussée et causant des blessures légères.

Des frappes supplémentaires ont également visé tôt jeudi les localités méridionales de Jarmak et de Mahmoudiyé.

 

L’armée israélienne a déclaré que ces opérations ciblaient des positions du Hezbollah, notamment une rampe de lancement de roquettes et l’entrée d’un tunnel à Mahmoudiyé, affirmant que le groupe avait violé l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre 2024. Israël a assuré qu’il «poursuivra ses opérations pour éliminer toute menace dirigée contre son territoire».

 

Des sources locales ont enfin signalé qu’une autre unité israélienne avait fait exploser un bâtiment dans la ville voisine d’Odaisseh tôt jeudi, sans faire de victimes.

Commentaires
  • Aucun commentaire