Barbie, un film de plus en plus populaire après sa sortie
©Un groupe de jeunes entrant dans une salle de cinéma pour voir Barbie. ©Anwar Amro / AFP
Barbie, le film le plus attendu de l’année, est enfin sorti jeudi dans les salles de cinéma au Liban, après avoir été reporté à plusieurs reprises. Des cinéphiles de tout âge se sont ainsi précipités pour le voir. Certains d’entre eux ont même opté pour une tenue vestimentaire rose, la couleur emblématique de la poupée.
Barbie avait suscité la controverse dans le pays, après que le ministre de la Culture, Mohammad Mortada, avait demandé à la Sûreté générale d’interdire sa projection au Liban. Selon lui, le film «va à l’encontre des valeurs morales et religieuses bien établies au Liban, en faisant la promotion de l’homosexualité et du changement de sexe». La Sûreté générale a toutefois approuvé la projection du film, jugeant que rien ne justifie son interdiction. Et pourtant, sa sortie, initialement prévue le 21 juillet, a été reportée à trois reprises.
Un groupe de jeunes entrant dans une salle de cinéma pour voir Barbie. ©Anwar Amro / AFP
Au Cinemacity, Jamie, une fillette de 6 ans, joue avec ses poupées Barbie, attendant impatiemment de voir son personnage préféré sur grand écran. This is Beyrouth s’est entretenu avec ses parents pour connaître les raisons pour lesquelles ils l’emmenaient regarder le film. Le père de Jamie estime qu’il ne sert à rien d’empêcher sa fille de regarder un film dédié à la poupée emblématique. «J’ai entendu parler de la controverse, confie-t-il. Je trouve anormal que ma fille ne voie pas le film. En fin de compte, ce n’est qu’une poupée.»
«Ma fille a une grande collection de poupées Barbie, poursuit-il. Elle l’a toujours idolâtrée. Barbie a une bonne influence sur elle. Je veux que ma fille devienne une femme forte comme elle.»
La mère de Jamie pense que le fait d’évoquer la communauté LGBTQI+ dans le film permettra à sa fille d’être ouverte et d’accepter les membres de cette communauté. «Ma fille doit être consciente de l’existence de cette communauté, car elle devra coexister avec elle au quotidien.» Elle considère, en outre, que Barbie a une influence positive sur sa fille. «Enfant, j’ai été influencée par Barbie, confie-t-elle. La poupée continue d’inspirer la nouvelle génération, y compris ma fille. Le fait de promouvoir le féminisme à travers le film Barbie accroît l'influence de la poupée.»
Les seuls films qui, selon elle, pourraient avoir une influence négative sur sa fille sont ceux qui comportent de la violence. «La Sûreté générale devrait axer ses efforts sur les films violents, pas sur les poupées», lance-t-elle.


Des spectateurs de la gent masculine
Considéré par M. Mortada comme un film «anti-patriarcal» qui «rejette la tutelle du père sur son foyer», Barbie a attiré plusieurs spectateurs de la gent masculine. Une femme de 35 ans confie ainsi que c’est son mari qui lui a suggéré de venir voir le film. «C’est lui qui a acheté les billets, poursuit-elle. Nous aimons garder l’esprit ouvert. Nous ne nous préoccupons pas des commentaires négatifs des hommes politiques.»
Antoun, 25 ans, veut voir Barbie parce qu’il a été «acclamé par la critique à l’échelle internationale». Il estime, en outre, que la volonté d’interdire un film «donne encore plus envie de le voir». «J’ai été encore plus intrigué par Barbie après que le ministre de la Culture a demandé qu’on l’interdise, ajoute-t-il. Je pense d’ailleurs qu’aucun film ne devrait être interdit parce que les gens ont le droit d’être exposés à tout ce qu’ils veulent. S’ils n’aiment pas le contenu du film, ils n’ont qu’à ne pas le regarder.»
Une femme arrangeant un photomaton sur le thème de Barbie. ©Anwar Amro / AFP
Enfin, Regina, 27 ans, pense que l’interdiction de Barbie nuit au Liban. «Il faut suivre les tendances et ne pas s’isoler du monde à cause des hommes politiques qui veulent nous imposer leur opinion», lance-t-elle. Elle estime que l’interdiction des films mettant en vedette des transsexuels crée des précédents dangereux. «Nous vivons à une époque où presque tous les films mettent en scène des transsexuels, constate Regina. Le film Barbie ne promeut pas les valeurs transsexuelles. Il montre seulement un acteur transsexuel dans le rôle de Barbie.»
Rien que cette année, deux films ont été interdits au Liban parce qu’ils mettaient en vedette des membres de la communauté LGBTQI+ ou qu’ils y faisaient référence. À une époque où cette communauté est de plus en plus présente dans les médias, il est d'autant plus difficile, voire inutile, de la soustraire à l’attention du public.
Des jeunes faisant la queue pour acheter des billets pour le film Barbie. ©Anwar Amro / AFP
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