Depuis plus de quarante jours, les Français ont un gouvernement qui expédie les affaires courantes. Le plus surprenant, c’est que 40% des interrogés ont exprimé leur indifférence face à cette situation dans un sondage. Tiens, tiens, serait-ce là un symptôme de contagion libanaise? Pas encore tout à fait, mais avec de la persévérance, on devrait pouvoir faire converger les situations, comme on dit. Le Liban est loin devant. Bientôt deux ans sans président et avec un gouvernement qui expédie les affaires courantes. Et tout le monde s’en fiche éperdument. Certains affirment même que cette paralysie limite les effets de la corruption.
Un autre symptôme est le dénominateur commun qui est de râler tous les jours pour tout. Là aussi, les Libanais ont une légère avance. Ils n’ont ni État, ni institutions, ni cadastre, ni système bancaire qu’on laisse respirer, ni infrastructures… Bien sûr, les Parisiens ont fait beaucoup d’efforts pour ne pas garder leurs rues propres hors JO, pour organiser de grandes manifestations qui dégénèrent en émeutes, ils ont failli avoir des coupures de courant, ils subissent l’inflation et des prix très élevés. Mais il reste du chemin à parcourir. Ils ont des trottoirs, des feux de signalisation (il est vrai, parfois, ils tombent en panne), des lois (même si leur application n’est pas toujours certaine), des institutions (qui fonctionnent correctement hors périodes de grèves). Mais bon, ce n’est quand même pas frappant. Ils ont un État et de grands serviteurs de la nation. Nouvel avantage pour le Liban.
Les Français s’inquiètent de l’immigration! Les Libanais aussi. Le problème ne se pose pas dans les mêmes proportions. 350.000 par an en France. Déjà, plus de la moitié de la population au Liban. Encore et toujours, le Liban vainqueur sans aucune comparaison. Les «zones de non-droit». La France en est à ses balbutiements, quant au Liban, les camps palestiniens proclament presque leur indépendance et stockent des armes qui feraient pâlir d’envie le plus grand caïd de l’Hexagone.
La corruption. Sur ce chapitre, autant dire que le Liban se surpasse. Les corrompus sont récompensés et les corruptibles, ravis de l’être. En France, sans faire d’angélisme, la corruption existe, mais, chose impensable, ceux qui sont pris la main dans la caisse ou les poches bien remplies vont en prison. Si, si, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, ça arrive, même si beaucoup passent entre les gouttes.
Reste que dans les rues de Paris, les effets de ces symptômes d’asthénie politique se font sentir à chaque coin de rue. Les boulangeries, pleines de croissants et de pâtisseries au beurre, succèdent aux traiteurs libanais qui proposent falafels, hommos et autres joyeusetés. Un Parisien normalement constitué est habitué à un brunch manouché/croissants… de là à conclure que le vecteur de cette épidémie se transmet par la nourriture, il n’y a qu’un pas.
Pire, l’autre jour, en traversant un passage piéton au feu vert pour moi, deux automobilistes m’ont… klaxonné! Incroyable. J’ai dû les insulter en libanais pour qu’ils me laissent tranquille. Allez, les amis, vous y êtes presque.
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