Washington a annoncé le retrait du porte-avions Theodore Roosevelt de la région, indiquant ainsi sa ferme opposition à une extension de la guerre entre Israël et le Hezbollah. Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hamas et Israël ont tous deux rejeté la proposition de cessez-le-feu du président Joe Biden, destinée à empêcher le conflit de s'étendre au Liban et à l'ensemble de la région. Malgré de multiples révisions basées sur les réactions des deux parties, la proposition n'a pas été adoptée. En conséquence, l'administration américaine a chargé l'envoyé Amos Hochstein d'adresser un avertissement sévère à Israël, interdisant à Netanyahou d'exploiter l'attention portée par Washington aux prochaines élections présidentielles pour lancer une guerre contre le Liban. Et ce, d'autant plus que Netanyahou est confronté à des contraintes politiques. Pour appuyer cette position, Washington a annoncé le départ du porte-avions Théodore Roosevelt de la région, affirmant mordicus son opposition à la guerre.
Ce message américain va de pair avec une initiative française au sein du Quintette (États-Unis, Arabie Saoudite, France, Qatar, Égypte) qui a abordé plusieurs thématiques: la prévention d'une guerre au Liban; la dissociation de l'échéance présidentielle libanaise du dossier de Gaza; l'instauration d'un cessez-le-feu au Liban-Sud,; l'application de la résolution 1701; et la relance du processus politique avec l'élection d'un président et la formation d'un gouvernement.
Selon des sources européennes, le Quintette cherche à tirer parti des points de convergence récemment apparus entre les forces politiques libanaises, ainsi que des synergies entre les initiatives du bloc de la Modération, de l'opposition et du président du Parlement, Nabih Berry.
Le Quintette estime également que l'attachement du duopole Amal-Hezbollah, notamment le Hezbollah, à l’initiative de Berry qui se résume par «dialogue puis élection», ainsi qu’à son candidat, Sleiman Frangié, reflète la volonté de ce dernier de ne pas abandonner la carte présidentielle à ce stade, et pour cause: le Hezbollah redoute qu’un président souverain, répondant aux critères du Quintette, accède au pouvoir et mette en œuvre un agenda occidental, ce qui le contraindrait à se désarmer et à s'engager dans la vie politique.
Pendant ce temps, Israël est passé à la deuxième phase de son projet militaire: il a annoncé le déploiement de ses forces vers le front nord et mobilisé sa puissance de feu pour «modifier l'état des choses et libérer la région de l'influence iranienne» et commencer à appliquer la résolution 1701, après le renouvellement du mandat de la Finul, en collaboration avec l'armée libanaise. La finalité étant de débarrasser la zone visée par la résolution des armes et des combattants et de la placer sous supervision militaire libanaise et internationale. Ce qui mettrait un terme à la présence et au rôle du Hezbollah dans le Sud, tout en supprimant la menace qu'il fait peser sur les colonies israéliennes, afin de permettre le retour des colons chez eux.
Selon certaines informations, le plan israélien inclut la «destruction des usines de fabrication de missiles de précision, des drones et des dépôts d'armes en Syrie, afin d'empêcher le transfert d'armes iraniennes vers le Liban».
Israël entend ainsi exécuter un plan militaire visant à isoler le sud du Liban, à détruire les positions fortifiées du Hezbollah et à cibler ses dirigeants.
Dans ce contexte, des responsables américains affirment qu'Israël a mené une opération commando en Syrie, précisément à Mesyaf, où un site de fabrication de missiles de précision appartenant au Hezbollah a été détruit.
Selon certaines sources, une unité des forces spéciales israéliennes aurait mené l'attaque, détruisant une usine souterraine de missiles de précision fabriqués par l'Iran. La destruction de ce site porte un coup dur aux efforts de l'Iran et du Hezbollah dans le but de produire des missiles de précision à moyenne portée sur le territoire syrien.
Par ailleurs, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, basé à Londres, a rapporté qu'Israël avait mené une opération d'infiltration terrestre en Syrie. Des affrontements ont éclaté entre le commando israélien et les gardes du site, composés de Syriens, de membres des Gardiens de la révolution iranienne et du Hezbollah. Deux Iraniens ont été capturés et des documents ont été saisis dans le bâtiment détruit où 25 personnes ont péri.
Un diplomate occidental affirme qu'Israël n'ose pas déclencher une guerre contre le Liban par crainte de la réaction de Washington qui ne tolérerait pas que Tel-Aviv franchisse les lignes rouges imposées par les États-Unis. Partant, la région restera dans un statu quo tendu, marqué par une escalade contrôlée régie par des règles d'engagement, afin d'éviter tout débordement.
L’initiative du Quintette sera-t-elle fructueuse cette fois-ci? Les émissaires français, Jean-Yves Le Drian, et américain, Amos Hochstein, parviendront-ils à insuffler un nouvel élan à l'élection présidentielle? L'Iran acceptera-t-il de hâter la résolution de la crise au Liban en la monnayant avec les États-Unis avant une possible victoire de Donald Trump?
Des sources diplomatiques répondent: «La solution au Liban passera par un accord irano-américain qui “affranchira” le Hezbollah, afin qu'il accepte l'élection d'un président selon les règles constitutionnelles et sans conditions préalables».
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