Depuis quelque temps, la vie musicale à Beyrouth est hautement touchée par moult bouleversements, notamment avec le délitement progressif du Conservatoire national supérieur de musique du Liban (CNSML) qui subit les vicissitudes de l’effondrement économique, mais également de sa mauvaise gestion. Plongé dans une agonie, ce vivier éducatif, censé être la plus haute référence musicale du pays, est devenu synonyme d’alanguissement et de détresse. La musique est désormais en deuil et restera ainsi pour longtemps si des décisions pragmatiques ne sont prises au plus vite. Face à cette morosité, Beit Tabaris et sa fondatrice, Zeina Saleh Kayali, sont loin d’avoir dit leur dernier mot, semble-t-il. Après une série de concerts et de masterclasses éclectiques, cette résidence d’artistes a clôturé, jeudi dernier, sa première saison musicale en toute beauté. Grâce au soutien de Buffet Crampon, premier fabricant mondial de clarinettes, fondé à Paris sous Charles X, une masterclass de flûte et de clarinette a été organisée sous la direction de la flûtiste italienne Silvia Careddu et le clarinettiste français Patrick Messina, suivie d’un concert le jeudi 10 novembre. Une initiative fortement louable qui insuffle une bribe d’espoir dans un pays où la musique tente, tant bien que mal, d’adoucir les mœurs, selon la formule éculée d’Aristote.
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Alain E. Andrea est docteur en pharmacie de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Spécialisé dans la recherche en génétique moléculaire, il est l’auteur de plusieurs publications scientifiques consacrées au domaine de l’immuno-oncologie et de la thérapie génique. Pianiste de formation au Conservatoire national supérieur de musique du Liban, Dr. Andrea a développé sa pensée critique dans les arts et la musique auprès de grands maîtres et d’éminentes figures musicales du XXe siècle, à l’instar de Gilles Cantagrel, Henri Goraïeb, André Lischke, Gilbert Amy, Nidaa Abou Mrad, mais également le poète Alain Tasso avec qui il a perfectionné sa rhétorique et développé sa réflexion esthétique du verbe. Récipiendaire de plusieurs prix littéraires et culturels dont le prix Ghassan Tueni pour la culture en 2013, il est critique et journaliste musical dans la presse francophone libanaise, et a à son actif plus d’une centaine d’articles publiés au Liban ou à l’étranger. De grands virtuoses se sont exprimés sous sa plume tels Martha Argerich et Yo-Yo Ma, mais également des experts incontournables de la musique d’art, notamment les musicologues Gilles Cantagrel, Marc Vignal et Jan Caeyers, et les compositeurs Gilbert Amy et Naji Hakim. Il collabore aussi dans la création d’événements musicaux et fonde, en 2020, le Festival Sostenuto pour rendre hommage à des figures marquantes de la musique.
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Dernière modification le 1 Juin, 2023 à 21:20