Depuis quelque temps, la vie musicale à Beyrouth est hautement touchée par moult bouleversements, notamment avec le délitement progressif du Conservatoire national supérieur de musique du Liban (CNSML) qui subit les vicissitudes de l’effondrement économique, mais également de sa mauvaise gestion. Plongé dans une agonie, ce vivier éducatif, censé être la plus haute référence musicale du pays, est devenu synonyme d’alanguissement et de détresse.  La musique est désormais en deuil et restera ainsi pour longtemps si des décisions pragmatiques ne sont prises au plus vite. Face à cette morosité, Beit Tabaris et sa fondatrice, Zeina Saleh Kayali, sont loin d’avoir dit leur dernier mot, semble-t-il. Après une série de concerts et de masterclasses éclectiques, cette résidence d’artistes a clôturé, jeudi dernier, sa première saison musicale en toute beauté. Grâce au soutien de Buffet Crampon, premier fabricant mondial de clarinettes, fondé à Paris sous Charles X, une masterclass de flûte et de clarinette a été organisée sous la direction de la flûtiste italienne Silvia Careddu et le clarinettiste français Patrick Messina, suivie d’un concert le jeudi 10 novembre. Une initiative fortement louable qui insuffle une bribe d’espoir dans un pays où la musique tente, tant bien que mal, d’adoucir les mœurs, selon la formule éculée d’Aristote.