Anatomie d’une chute, le film de Justine Triet qui a obtenu la Palme d’or au 76e Festival de Cannes, démystifie un couple d’artistes aisés. Tout au long d’un procès, tout est divulgué: rapport de force, domination, séduction, névroses et failles.

La trame d’Anatomie d’une chute prend sa source dans des faits divers. Le scénario est coécrit par la réalisatrice et son compagnon, l’acteur et réalisateur Arthur Harari. L’interprétation de l’actrice allemande Sandra Hüller, dans le rôle d’une autrice allemande, est infaillible. L’actrice a joué dans deux des films proéminents au Festival de Cannes, Anatomy of a Fall et The Zone of Interest.

Justine Triet Antoine Reinartz Sandra Hueller et Milo Machado Graner.
Crédit photo : Patricia De Melo Moreira / AFP

Dans Anatomy of a Fall, un long-métrage de deux heures trente, Justine Triet décompose les rapports d’un couple par le biais du procès d’une autrice allemande incarnée par Sandra Hüller. Celle-ci comparaît devant la cour d’assises pour le meurtre de son mari, dans leur chalet des Alpes françaises. Il n’y a pour seul témoin que leur fils malvoyant, mais aussi les enregistrements du mari de toutes les disputes.

Le film va plus loin qu’un procès. Il exprime les relations d’un couple, les rapports d’un individu à l’autre, le concept de l’entité, du miroir que reflète cet autre, de la vie à deux et des questionnements qu’elle soulève. Face à cet autre, est-on vraiment la même personne? Sandra Hüller reflète ce personnage complexe qu’est la femme dans ce couple. Elle est épanouie, ouverte, libre et forte de personnalité. Autant de facteurs qui la rendent suspecte et l’enrobent de mystère.

S’agit-il d’un meurtre ou d’un suicide? Est-ce bien cette femme sûre d’elle-même qui a assassiné son mari dans les Alpes? La décomposition des mécanismes du couple et de la justice vont de pair dans le film. L’incommunicabilité est au centre de cette déconstruction cérébrale; la langue maternelle de la femme est l’allemand. L’anglais est l’outil de communication du couple et le français, la langue du tribunal. Ces langues reflètent le cerveau éclaté de la femme; la mère, l’artiste, la partenaire… Cette mosaïque entraîne le spectateur dans la reconstruction d’un "puzzle" au sein d’un tribunal où s’affrontent les avocats. Toute la vie d’un couple, dans les moindres détails de leur quotidien, est réduite à une confrontation d’articles, de lois et de perceptions d’avocats.

La réalisatrice avait très envie de filmer la justice: "Le procès, c’est un endroit où on délire sur la vie des gens, où la parole est déformée. C’est le lieu où la fiction démarre", affirme-t-elle.

Marie-Christine Tayah avec AFP.

Instagram : @mariechristine.tayah

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