Véritable coup de cœur, Le Gosse de Véronique Olmi est une pure merveille remplie de douleurs, de peines, de maux, de larmes et de révoltes.

"Il n’est pas repoussant, il est simplement d’une autre espèce, l’espèce de l’Assistance, il est orphelin comme on est blond, riche, boiteux, ou fille de directeur."

Joseph est né en juillet 1919 à Paris, il est un titi, il a sept ans, il est maigre mais robuste. Il n’a jamais connu son père, mais son père ne lui manque pas puisqu’il n’en a aucun souvenir. À l’école, il apprend à compter, à lire, à écrire et à tomber amoureux de la patrie. Sa mère ne pense qu’à s’amuser et ne s’occupe pas vraiment de lui.  Sa seule préoccupation étant le plaisir, ceci va aller jusqu’à lui coûter la vie. Colette meurt des suites d’un avortement clandestin. La grand-mère de Joseph devient sa tutrice légale et tout va bien jusqu’à ce que la grand-mère tombe malade. Elle est emmenée à l’asile. On ne laisse plus les enfants sans soins ni éducation. La République s’en occupe, et Joseph se retrouve en Picardie à faire le garçon vacher dans la ferme d’une famille nourricière. Avant de connaître le bagne réservé aux enfants. Il va connaître les pires souffrances, les pires maltraitances et cet itinéraire que Véronique Olmi a voulu narrer avec force et réalisme.

Le succès de Bakhita, prix du roman Fnac en 2017 et finaliste au Goncourt, n’a fait que confirmer la grande plume sensible de Véronique Olmi qui se révèle à nouveau pleinement dans son nouveau roman, Le Gosse. L’auteure y raconte l’histoire édifiante d’un titi de l’assistance publique, qui est en réalité celle de tous les enfants de cette condition de l’époque. Elle nous décrit l’épouvantable conditions des bagnes d’enfants où s’entassent les déshérités de la vie, des enfants trouvés dans le ruisseau ou au coin d’une porte, lâchement abandonnés par des filles mères ou des parents indignes, les humiliations, les insultes, les tortures, les bagarres, les faveurs sexuelles. Un lieu où Joseph désapprend à lire, à écrire, à compter…

Ce roman se déroule sur un fonds historique, l’Europe qui devient brune, l’ordre du monde qui bascule, le Front populaire, la victoire de la classe ouvrière, les grèves qui surgissent de partout, les premiers congés payés… et puis la découverte de la musique, celle de Louis Armstrong qui lui ouvre des portes qu’il n’avait jamais osé pousser, vers la beauté et la liberté. Joseph a certainement existé à travers des milliers d’enfants qui ont vécu son histoire.

Comment peut-on agir d’une manière aussi crapuleuse et révoltante avec des enfants dont la seule faute est d’être orphelins? On ne peut pas être indifférent à l’histoire de Joseph, ce petit parisien qui rappelle le célèbre Gavroche.

Joseph chemine longtemps dans la tête après avoir refermé le livre. On est ému aux larmes! Et on pense à ce petit garçon comme si on l’avait toujours connu et aimé. Un roman cru et violent mais aussi une troublante histoire d’amour. À lire et à garder.