Lors d’une conférence de presse conjointe lundi, le Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne et la Rencontre de Saydet el-Jabal, ont aussi bien dénoncé l’emprise iranienne sur l’échéance présidentielle que l’incapacité des députés de l’opposition à lui faite contrepoids efficacement.

C’est une dynamique interne favorable au déblocage de la présidentielle qu’ont préconisée lundi le Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne et la Rencontre de Saydet el-Jabal, deux rassemblements politiques indépendants menant une opposition au Hezbollah.

Lors d’une conférence de presse conjointe, ils ont aussi bien dénoncé l’emprise iranienne sur l’échéance présidentielle que l’incapacité des députés de l’opposition à lui faite contrepoids efficacement. Autant d’éléments qui aboutissent à neutraliser la volonté libanaise dans le choix du prochain président, au profit d’une entente extérieure, dont le noyau serait irano-américain.

Les leçons de sept séances stériles

Les sept séances électorales stériles qui se sont tenues jusque-là ont " établi l’existence de deux problèmes : le premier est un problème de paralysie des séances, qui consiste à provoquer au deuxième tour de scrutin un défaut du quorum constitutionnel, tel que fixé par le président (de la Chambre Nabih) Berry, et ce sur décision iranienne, exécutée par le Hezbollah en coopération avec le président Berry et le Courant patriotique libre ; le second est un problème d’impuissance des forces parlementaires qui leur font face et leur incapacité à briser la décision de paralysie ", selon un communiqué conjoint dont a donné lecture l’ancien député Farès Souhaid, entouré de plusieurs figures de l’opposition plurielle au Hezbollah, notamment l’ancien député Ahmad Fatfat.

" Le résultat effectif (des séances électorales) révèle deux réalités tragiques : l’incapacité des parties libanaises à trancher elles-mêmes une question aussi substantielle et vitale que l’élection d’un président de la République, ce qui habilite les acteurs extérieurs, régionaux et internationaux, à être en position de premiers, voire de seuls décideurs " de cette échéance ; le fait que le Liban et les intérêts des Libanais restent suspendus aux compromis irano-américains et soient tributaires surtout des compromis internationaux ", selon le texte.

Les effets de l’entente irano-américaine

Une preuve supplémentaire de la primauté de l’influence étrangère au Liban résiderait dans les effets de " l’entente irano-américaine (qui) a facilité la formation du cabinet de Najib Mikati le 10 septembre 2021, et favorisé les circonstances ayant facilité l’accord sur le tracé de la frontière maritime avec Israël le 27 Octobre 2022 ". Cette entente attendrait " toujours de mûrir pour (porter ses effets sur) l’élection d’un président " au Liban.

Autre observation : " le terrain libanais est caractérisé par une tendance aux paris fondés sur des illusions ou des souhaits : le pari du camp autoritaire iranien sur une réussite du chantage que l’Iran exerce sur les deux parties américaine et arabe, en comptant sur leurs affection et clémence présumées à l’égard du Liban ; le pari d’autres parties libanaises sur un élan international et arabe qui libère la présidentielle de l’emprise iranienne ".

Message aux députés

Dans ce contexte, le Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne au Liban et la Rencontre de Saydet el-Jabal ont adressé un appel aux députés de l’opposition, les exhortant à ne pas se laisser distraire par l’augmentation des votes favorables à leur candidat de semaine en semaine. " Vous menez une bataille basée sur le décompte des votes (…) dans l’espoir de paramètres régionaux favorables (…) alors que la bataille est ailleurs ! (…) L’enjeu est celui de décisions existentielles et déterminantes, liées au rôle du Liban et son essence (…) et à la partie habilitée à prendre de telles décisions ", selon le communiqué, rappelant que c’est une dynamique interne libanaise qui a donné le coup d’envoi à l’intifada de l’Indépendance du 14 Mars 2005 et non un forcing diplomatique.

" Vous êtes invités à concentrer les efforts, tous vos efforts, à la mobilisation d’un groupe parlementaire politique, populaire et national de refus et d’affrontement du fait accompli imposé au Liban par la force des armes du Hezbollah. Il est demandé une nouvelle fois et avant toute autre chose de rétablir la souveraineté, la liberté et l’indépendance, sans quoi le Liban sera (définitivement) livré aux forces de l’occupation (…) ", a conclu le communiqué.

Un manifeste fondateur     

L’ancien député Ahmad Fatfat a ensuite donné lecture du manifeste du Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne élaboré le 25 octobre dernier.

Les signataires du document déclarent leur  " (attachement) à la Constitution et à Taëf dans l’esprit et la lettre des textes, Taëf étant le contrat national fondé sur le vivre-ensemble, le caractère définitif de l’entité libanaise et l’arabité du Liban " . Ils réaffirment leur engagement en faveur de  " l’initiative arabe de paix  " adoptée en 2002 au sommet arabe de Beyrouth, mais dont la concrétisation avait été mise en échec par le régime syrien et ses alliés au Liban. Le manifeste réitère l’adhésion des signataires aux résolutions internationales  " et précisément les résolutions 1559, 1680, 1701 et 2650 " .

Ces derniers y font valoir en outre leur refus catégorique de  " toute discussion portant sur la stratégie de défense en dehors du cadre de Taëf et de la résolution 1701  " et leur refus de  " la participation de toute partie à tout dialogue national qui prendrait forme en dehors des institutions constitutionnelles " .  Ils y opposent leur refus de principe de la participation aux prochains gouvernements de toute partie qui endosse le triptyque armée-peuple-résistance.