Un navire FPSO (Floating Production Storage and Offloading ou unité flottante de production, de stockage et de déchargement) de la société Energean Power, chargée par l’État hébreu d’explorer le champ gazier de Karish, y a jeté l’ancre dimanche, selon le quotidien an-Nahar, qui précise que deux autres navires y sont installés, l’un pour lutter contre les incendies et l’autre pour le transport des équipes et des employés.

Réagissant à cette nouvelle, Laury Haytayan, experte en géopolitique des hydrocarbures, a estimé que "l’heure de la vérité a sonné". "Quatre-cent dix-sept jours après que le chef de l’État n’a pas signé le décret amendant le décret 6433 et 34 jours après le départ de la plateforme flottante, nous voici aujourd’hui devant l’amère réalité, a-t-elle écrit sur son compte Twitter. Energean Power est arrivée à Karish. Après avoir installé le navire, il lui faut deux à trois mois pour entamer la production. Nous aurons perdu la plus importante carte de négociation."

L’amendement du décret 6433 accorde au Liban 1,400 km2 supplémentaires dans la délimitation de la frontière maritime avec Israël, ce qui signifie un retour à la ligne 29. Or en février, le chef de l’État Michel Aoun avait déclaré que la frontière maritime légale du Liban se situe à la ligne 23, alors qu’il avait lui-même adressé une lettre aux Nations unies affirmant que le Liban s’en tenait à la ligne 29. Si le Liban était resté attaché à la ligne 29, il aurait pu réclamer des droits d’exploitation dans le champ gazier de Karish et dans le bloc israélien 72.