Datant du XIème siècle, Westminster Hall est inscrit au cœur historique du pouvoir britannique. Il est célèbre pour servir à exposer les corps de personnalités décédées, comme le cercueil de la reine Elizabeth II jusqu’à lundi.

Westminster Hall, où le cercueil de la reine Elizabeth II sera exposé jusqu’à ses funérailles lundi, est le plus ancien édifice du palais de Westminster, et tient un rôle central dans l’Histoire britannique.

Le bâtiment date du XIe siècle.

Il a été le siège administratif et juridique de l’Angleterre durant des siècles, le Parlement, les tribunaux et les bureaux de membres du gouvernement s’établissant au sein ou autour de Westminster Hall.

Les procès du roi Charles Ier, de la figure de la Conspiration des poudres Guy Fawkes, du leader indépendantiste écossais William Wallace ou encore du martyr Thomas More s’y sont déroulés.

Westminster Hall, où le cercueil d’Elizabeth II reposera jusqu’à ses funérailles (AFP)

 

La construction de Westminster Hall et de ses murs en pierre de deux mètres d’épaisseur a commencé en 1097 sous le règne de Guillaume II, fils de Guillaume le Conquérant, et s’est achevée deux ans plus tard. C’était la plus grande salle d’Angleterre et probablement d’Europe.

L’immense bâtiment mesure 73 mètres de long sur 20 mètres de large.

Son toit en poutres de marteau, chef-d’œuvre architectural commandé en 1393 par le roi Richard II, est la plus grande toiture médiévale en bois encore existante en Europe du Nord.

Le hall a survécu à l’incendie du Parlement de 1834, qui a détruit en grande partie le palais de Westminster, ainsi qu’à l’explosion d’une bombe qui l’a frappé en 1941, lors de la Seconde Guerre mondiale.

" Lying-in-state "

Westminster Hall a accueilli festins royaux et banquets de couronnement, mais est célèbre pour servir de manière exceptionnelle à exposer les corps de personnalités décédées, une tradition appelée le " lying-in-state ".

Surveillé 24 heures sur 24, le cercueil est placé sur une plate-forme surélevée, au centre de la pièce afin de permettre au public de pouvoir rendre hommage au défunt.

File d’attente à Londres pour voir le cercueil de la reine Elizabeth II (AFP)

 

Par ce procédé, le corps de William Gladstone, quatre fois Premier ministre, a été exposé au sein de Westminster Hall en 1898. Depuis, cet honneur n’a été accordé qu’aux souverains, à leurs épouses et à quelques personnalités, dont l’ex-Premier ministre Winston Churchill, en 1965.

La dernière dépouille exposée dans ce lieu hautement symbolique est celle de la mère de la reine Elizabeth II, décédée en 2002. On estime que 200.000 personnes ont défilé devant la " Queen Mum ".

" Magnifique vitrail "

Le règne d’Elizabeth II est étroitement lié à Westminster Hall. C’est dans cette salle que la souveraine s’est adressée pour la première fois aux deux chambres du Parlement, à l’occasion de son jubilé d’argent – célébration de ses 25 ans sur le trône – en 1977.

Elizabeth II a fait de même en 1988, 1995 et pour les jubilés de 2002 et 2012. A cette dernière occasion, un nouveau vitrail a été commandé.

" Si ce magnifique vitrail pouvait donner un peu de couleur en plus à ce lieu ancien, je m’en satisferais volontiers ", avait déclaré Elizabeth II dans un discours.

" Poids de l’Histoire "

Depuis 1945, les seuls Britanniques à s’être adressés aux deux chambres du Parlement dans la salle à colombages sont les trois souverains.

" Je ne peux m’empêcher de ressentir le poids de l’Histoire qui nous entoure ", a déclaré le nouveau roi Charles III (AFP)

 

Cet honneur n’est également accordé qu’à de très rares dignitaires étrangers. Depuis la Seconde Guerre mondiale, seuls le chef d’Etat français Charles de Gaulle en 1960, le président sud-africain Nelson Mandela en 1996, le pape Benoît XVI en 2010, le président américain Barack Obama en 2011 et la cheffe de l’opposition birmane Aung San Suu Kyi en 2012 ont pu s’exprimer devant les parlementaires à Westminster Hall.

Lundi, Charles III s’est, lui aussi, adressé pour la première fois au Parlement britannique depuis cette salle en tant que souverain et chef d’Etat, après avoir reçu les condoléances des deux chambres. " Je ne peux m’empêcher de ressentir le poids de l’Histoire qui nous entoure ", a-t-il déclaré face aux parlementaires.

" Vos traditions sont anciennes, nous pouvons le voir à travers la construction de cette grande salle et dans les rappels des prédécesseurs médiévaux de la fonction à laquelle j’ai été appelé ".

Avec AFP