L’Agence internationale de l’énergie atomique a fustigé le manque de coopération de l’Iran concernant la surveillance de ses activités d’enrichissement d’uranium, lundi 4 septembre. L’agence onusienne a aussi pointé du doigt les installation non déclarées du régime des mollahs, suspecté de vouloir se procurer la bombe nucléaire.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déploré lundi le manque de coopération de l’Iran, de la réinstallation des caméras de surveillance jugée trop lente à la question des traces d’uranium inexpliquées.

En revanche, l’instance onusienne a noté un ralentissement du rythme de production d’uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une bombe atomique.

Ces informations ont été communiquées dans deux rapports confidentiels consultés par l’AFP, à une semaine d’une réunion du Conseil des gouverneurs au siège de Vienne.

Depuis plus de deux ans maintenant, l’AIEA peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance bien que Téhéran nie vouloir se doter de la bombe atomique.

Son directeur général Rafael Grossi " regrette " ainsi " qu’aucun progrès n’ait été fait " sur le sujet des caméras, malgré ses requêtes répétées.

La République islamique avait promis en mars de remettre en route ces appareils de surveillance, débranchés en juin 2022 dans un contexte de détérioration des relations avec les puissances occidentales.

L’AIEA est en outre privée depuis février 2021 de " l’indispensable " accès aux données enregistrées par les caméras.

Présence d’uranium sur des sites non déclarés

Le responsable s’inquiète aussi de " l’absence d’avancées " dans l’épineux dossier de la présence de particules d’uranium nucléaire sur deux sites non déclarés, Turquzabad et Varamin.

Et appelle l’Iran à coopérer " avec sérieux et sur la durée ".

Ce contentieux empoisonne de longue date les relations entre la République islamique et l’AIEA.

Il s’agit de l’un des points qui avaient bloqué l’an dernier les négociations engagées à Vienne pour ranimer l’accord de 2015 connu sous l’acronyme JCPOA, censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.

Ces discussions sont au point mort depuis l’été 2022, tandis que Téhéran continue de s’affranchir des engagements pris dans le cadre de ce pacte, dans la foulée du retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.

L’AIEA fait état de stocks d’uranium enrichi de 3.795,5 kg à la date du 19 août, soit un recul de 949 kgs comparé à mai, attribué à des raisons techniques par un diplomate s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Ce total reste toutefois plus de 18 fois supérieur à la limite autorisée.

L’Iran enrichit toujours plus à des niveaux élevés, loin du plafond fixé à 3,67%: il dispose ainsi de 535,8 kgs (contre 470,9 kgs auparavant) et de 121,6 kgs à 60% (contre 114,1 kgs).

Dans le cas des 60%, l’augmentation est trois fois moins importante que ce qui avait pu être constaté précédemment, a précisé la même source diplomatique, sans pouvoir dire si ce ralentissement résultait d’une " décision politique ".

Les tensions entre les deux pays ennemis se sont récemment apaisées avec l’annonce début août d’un accord de libération de cinq Américains détenus en Iran en contrepartie d’un transfert de six milliards de dollars de fonds iraniens bloqués en Corée du Sud.

Malo Pinatel, avec AFP