Confrontée à une guerre qui s’enlise au Yémen, l’Arabie saoudite, ainsi que d’autres pays du Golfe, ont été choqués en découvrant leur vulnérabilité face aux armes déployées par la milice houthie, alliée de l’Iran. Si l’Arabie saoudite est presque quotidiennement ciblée par les drones houthis, l’attaque de l’émirat d’Abou Dhabi en janvier dernier a révélé la menace grandissante de ces engins volants. Fabriqués localement par les Houthis à partir d’un savoir-faire iranien, les drones se sont révélés être une arme pas chère, peu sophistiquée sur le plan technologique et disposant d’une capacité de nuisance non négligeable. Le problème avec les drones est leur furtivité, grâce à leur taille très réduite, alors que les systèmes antiaériens sont conçus pour faire face à des aéronefs plus volumineux. Un autre problème, la multiplication des attaques avec des missiles balistiques, copies iraniennes d’anciens modèles soviétiques, peu précis, mais difficilement interceptés comme pour tous les missiles en général.  C’est dans ce cadre que Ryad a signé un accord avec le géant américain du secteur de l’armement Lockheed Martin, pour la construction dans le royaume de systèmes de défense aériens.

A la tête d’une coalition militaire appuyant les forces gouvernementales au Yémen en guerre, Ryad a signé avec la filiale saoudienne de Lockheed Martin un accord pour deux projets de production sur son sol de systèmes antimissiles THAAD (Theater High Altitude Area Defense), selon l’agence de presse officielle SPA. Cet accord " améliorera les capacités militaires du système de défense aérienne " de l’Arabie saoudite, a affirmé à l’agence Gasem Al-Maimani, à la tête de l’autorité saoudienne supervisant l’industrie de défense. Aucune information concernant la partie financière de l’accord n’a été révélée.L’annonce a été faite en marge du premier salon international de défense en Arabie saoudite, qui se tient à Ryad depuis dimanche, avec environ 600 entreprises et organisations venues depuis 42 pays. En octobre 2019, les Etats-Unis ont déployé dans le royaume saoudien, leur principal allié dans la région, des systèmes de défense THAAD et Patriot, dans un contexte de tensions avec l’Iran.

Le système THAAD a aussi été utilisé aux Emirats arabes unis –qui font partie de la coalition emmenée par Ryad– pour contrer en janvier des attaques de missiles lancées depuis le Yémen par les rebelles Houthis, selon l’armée américaine.

L’Arabie saoudite est régulièrement la cible d’attaques des Houthis, alliés de son grand rival régional, l’Iran. Selon la coalition qu’elle dirige, plus de 850 drones chargés d’explosifs et 400 missiles balistiques ont été tirés sur le royaume au cours des sept dernières années, tuant 59 civils. En 2018, elle a approuvé l’achat de 44 lanceurs d’anti-missiles, de missiles et autres équipements militaires d’une valeur de 15 milliards de dollars. Avec pour objectif de produire sur son sol 50% de ses équipements militaires d’ici 2030, contre 11,7% fin 2021, selon les statistiques officielles.

L’entreprise de défense américaine Lockheed Martin avait fourni à Ryad une bombe ayant été larguée en août 2018 sur un bus dans le nord du Yémen, d’après la chaîne de télévision américaine CNN. Au moins 51 personnes, dont 40 enfants, avaient été tués. Cinquante-six enfants se trouvaient également parmi les 79 personnes blessées, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Dans un rapport fin novembre, l’ONU avait estimé que le conflit au Yémen –qui oppose depuis 2014 les Houthis, soutenus par l’Iran, aux forces gouvernementales appuyées par la coalition de Ryad– aurait provoqué environ 377.000 morts, victimes directes et indirectes des combats avec le manque d’eau potable, la faim et les maladies.

Avec AFP