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L’on se demande si le dossier de l’élection présidentielle finira par se débloquer dans un contexte en pleine évolution. En effet, Washington exerce des pressions pour mettre fin aux combats à Gaza et imposer une trêve humanitaire renouvelable si nécessaire, assortie d’un cessez-le-feu au sud. Ces efforts interviennent après le renouvellement du mandat de la Finul et en prévision du retour de l’émissaire américain Amos Hochstein au Liban. Celui-ci souhaite relancer l’application de la résolution 1701 dans le cadre de ce mandat renouvelé, notamment à la veille des réunions de l’Assemblée générale des Nations unies et des discussions qui en découleront.

La scène locale a récemment été marquée par des réunions entre les ambassadeurs du Quinette (États-Unis, Qatar, Égypte, Arabie saoudite et France), qui ont tenu des réunions en coulisses avec des dirigeants politiques et des candidats potentiels à l’élection présidentielle. Par ailleurs, d’autres rencontres ont attiré l’attention, notamment la visite de l’ambassadeur d’Arabie saoudite Walid Boukhari au président de la Chambre Nabih Berry à Aïn el-Tiné samedi dernier.

Au terme de cette visite, M. Boukhari s’est rendu en Arabie saoudite, où il a rejoint l’émissaire français Jean-Yves Le Drian, selon des sources bien informées. Une réunion rassemblant Le Drian, Nizar al-Aloula (conseiller de la Cour royale saoudienne responsable du dossier libanais), ainsi que M. Boukhari, est prévue au Royaume. Le dossier de la présidentielle figurera à l’ordre du jour. Il est probable que M. Le Drian se rende ensuite à Beyrouth, en fonction de l’issue de la rencontre.

L’ambassadeur égyptien, Alaa Moussa, a également été très actif. S’exprimant depuis Dar al-Fatwa, il a souligné des avancées positives concernant le dossier de la présidentielle, tout en exhortant "les parties libanaises à coopérer". Il a rappelé l’urgence de "réaliser des progrès concrets, de relancer le dialogue et de discuter des détails pour parvenir à l’élection d’un nouveau président de la République". Il a également insisté sur la nécessité de séparer la question de Gaza de celle de la présidentielle, ajoutant que "l’élection d’un président contribuera à faire face aux répercussions de la guerre".

Selon un dirigeant de l’opposition, ces efforts ne réussiront probablement pas à créer une percée imminente à court terme, tant que les opérations se poursuivent au sud et que les priorités du Hezbollah sont ailleurs. Ainsi, la présidentielle restera "en suspens" en attendant une hypothétique victoire du Hezbollah, qu’il pourrait utiliser comme levier afin d’imposer un président de son choix.

Anticipant ces développements, des milieux diplomatiques du Quintette estiment qu’il est impératif de stabiliser la situation au Liban, notamment dans le sud, de fermer le front de soutien à Gaza et de respecter la trêve humanitaire attendue, bien que non officiellement déclarée. Force est de constater que les récents développements sur le terrain – qu’il s’agisse de la riposte du Hezbollah à l’assassinat de Fouad Chokr ou de la frappe préventive israélienne – ont été calculés selon des règles d’engagement soigneusement calibrées, évitant ainsi de basculer en une guerre totale.

Ces éléments confirment que les développements dans la région demeurent sous contrôle et suivent le tempo imposé par les Américains.

Le renouvellement du mandat de la Finul au sud pourrait accélérer les solutions avec le début de l’application de la résolution 1701, sous la supervision de l’envoyé américain Amos Hochstein. Ce dernier se concentrera sur la sécurisation du front sud, tout en protégeant la sécurité intérieure et le processus présidentiel des influences extérieures et en mettant l’accent sur la nécessité de séparer la crise politique libanaise de la guerre à Gaza.

Un dirigeant de l’opposition affirme que "tant que le front de Gaza et les opérations militaires se poursuivent sur plusieurs fronts au sud, à Gaza, en Cisjordanie et ailleurs, l’échéance présidentielle restera en arrière-plan", tandis que les efforts diplomatiques œuvreront pour séparer le Liban de la crise régionale.

Selon un observateur diplomatique, "le retrait des forces navales et militaires américaines de la région marquerait le début d’un cessez-le-feu et amorcerait une transition vers la stabilisation".

Malgré les déclarations incendiaires de l’Iran, souvent perçues comme une surenchère pour renforcer la position de l’Iran dans les négociations avec les Américains en cours à Oman, il n’y a pas de risque immédiat de guerre ou d’escalade.

Les principaux acteurs, notamment les bras militaires de l’Iran au sein de "l’axe de la résistance", sont susceptibles de respecter la trêve si Israël en fait de même à Gaza, en Cisjordanie et au Liban-Sud. La présence militaire américaine demeure un indicateur clé de l’évolution future de la situation régionale.

Les ambassadeurs du Quintette visent à relancer le dossier de la présidentielle.

Dans ce contexte, il convient d’évoquer la visite de l’ambassadeur de France, Hervé Magro, auprès du président du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil. Cette rencontre visait à discuter de l’échéance et à obtenir des informations sur les derniers développements au sein du CPL, ses relations avec le Hezbollah ainsi que sur le sort de l’initiative présidentielle présentée par Bassil à la formation pro-iranienne.

Cette initiative propose que Bassil retire son soutien au candidat de l’opposition, Jihad Azour. En contrepartie, le duopole chiite, en particulier le Hezbollah, renoncerait à son candidat, Sleiman Frangié, en faveur d’un troisième candidat qui serait soutenu par Bassil et jugé rassurant pour le Hezbollah.

Selon des sources proches de Bassil, ce dernier aurait en réserve trois noms qu’il souhaite garder confidentiels.

Par ailleurs, des sources qui ont démissionné du CPL ou qui en ont été exclues ont démenti les affirmations selon lesquelles elles se seraient alignées derrière le candidat du Hezbollah, Sleiman Frangié, pour des considérations liées aux prochaines élections législatives.

Un ancien responsable de la sécurité a révélé qu’un des ambassadeurs du Quintette avait tenu une réunion secrète avec le candidat Sleiman Frangié, l’informant de la nécessité d’élire un président avant les élections américaines, en novembre prochain, afin d’éviter un vide politique au Liban à l’aune des dynamiques régionales particulièrement complexes.

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