
Le Liban a officiellement annoncé la reprise des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) afin de parvenir à un accord final permettant au pays d'obtenir des prêts de l’institution internationale tout en s'engageant sur la voie des réformes. En effet, les négociations entre le gouvernement libanais et le FMI ont débuté mercredi pour conclure un accord préliminaire entre experts, avant de passer à des pourparlers visant à établir un accord final avec le Fonds. Le Liban avait déjà signé une entente avec le FMI le 7 avril 2022, mais ce dernier avait exigé la mise en œuvre de réformes pour finaliser l'accord. Toutefois, l’ancien gouvernement n’avait pas respecté ces engagements, n’ayant pas présenté un plan de sauvetage équitable, entraînant ainsi l’échec des négociations et de l'accord initial avec le Fonds.
Dans ce cadre, le président de la République, le général Joseph Aoun, a reçu une délégation du FMI, dirigée par Ernesto Ramirez Rigo, chef de mission du Fonds. Ce dernier a exposé la vision du FMI pour sortir le Liban de sa crise financière et économique en mettant en place un programme de réformes financières unifié basé sur la coordination entre les institutions libanaises et le Fonds. Selon lui, une telle initiative contribuerait à restaurer la confiance en l’économie libanaise et à accélérer la relance économique. De son côté, le président Aoun a souligné devant la délégation que la mise en œuvre des réformes est une nécessité pour le Liban avant même d’être une exigence de la communauté internationale.
La délégation du FMI a également rencontré le président de la Chambre, Nabih Berri, à Aïn el-Tineh, ainsi que le Premier ministre, Nawaf Salam, au Sérail, où ils ont discuté des dossiers des réformes et de la gouvernance.
Par ailleurs, une réunion a eu lieu entre la délégation du FMI et le ministre des Finances, Yassine Jaber, au ministère des Finances, en présence du directeur général des finances publiques, Georges Maarawi, ainsi que d’autres responsables et experts du ministère. Lors de cette réunion, M. Jaber a exprimé la détermination du gouvernement libanais à entreprendre toutes les réformes nécessaires, précisant qu’elles ne sont pas une exigence imposée au Liban mais une nécessité pour le pays lui-même.
Les réunions de la délégation du FMI au Liban se poursuivront jeudi, avec notamment une rencontre à l'Association des banques du Liban à 9h00. Selon certaines sources, la délégation du FMI aurait déjà envoyé, au secrétariat général de l’Association des banques, une série de questions qui seront discutées lors de cette réunion.
Une autre réunion est prévue, regroupant le chef de mission du FMI, Ernesto Ramirez Rigo, le ministre de l'Économie et du Commerce, Amer Bsat, le gouverneur par intérim de la Banque du Liban, Wassim Mansouri, ainsi qu’un certain nombre d’experts et de conseillers – en attendant la formation officielle de la délégation libanaise chargée des négociations, qui devrait inclure M. Jaber, M. Bsat et M. Mansouri (comme étape préliminaire précédant la nomination d'un nouveau gouverneur pour la Banque du Liban).
La délégation du FMI a entamé ses réunions au Liban au début de cette semaine avec des experts du ministère des Finances, d’autres ministères concernés et plusieurs directeurs généraux et responsables de la Banque du Liban. L’évaluation du FMI portera notamment sur la performance financière, les recettes et dépenses publiques, l’examen des avances du Trésor, ainsi que l’avancement dans la préparation des tableaux financiers et des flux de trésorerie pour promouvoir la transparence dans la gestion des ressources publiques. L’évaluation abordera également les prévisions financières, les sources de financement, l'impact des augmentations salariales sur les dépenses publiques et la préparation du budget 2026, ainsi que le financement des projets de reconstruction. Par ailleurs, le ministère des Finances présentera la situation de la dette publique et les réformes fiscales et douanières en cours.
Le ministre des Finances, Yassine Jaber, a affirmé qu’un nouvel accord sera conclu entre le Liban et le FMI, et que le gouvernement libanais procédera à la nomination d’un nouveau gouverneur pour la Banque du Liban, compte tenu du rôle crucial de cette institution dans les négociations avec le FMI. M. Jaber a précisé que le FMI devrait revenir au Liban début avril, sous réserve de la nomination d’un gouverneur pour la Banque centrale. La délégation libanaise prévoit également de se rendre à Washington pour participer aux réunions de printemps organisées par le FMI et la Banque mondiale.
M. Jaber a souligné aussi que plusieurs dossiers sont en cours d’élaboration ou de modification, notamment la loi sur la monnaie et le crédit, dans l’attente de la nomination d’un gouverneur pour la Banque du Liban. Une fois nommé, celui-ci devra évaluer la situation du secteur bancaire, analyser l’état du marché financier et préparer un plan de redressement, en coordination avec les nouveaux gouverneurs adjoints et les membres de la Commission de supervision des banques.
Concernant la question des dépôts bancaires, M. Jaber a déclaré: “Je ne pense pas qu’il soit question d’effacer les dépôts pour l’instant. Il s’agit plutôt de trouver un moyen de les restituer. Je rappelle que la restitution des dépôts se fera en plusieurs étapes, en commençant par les petits déposants, qui constituent la majorité, avant de passer aux autres catégories.”
De manière générale, les principales réformes demandées par le FMI font consensus, mais l’approche adoptée pour négocier avec le Fonds devra être différente de celle du précédent gouvernement. Une nouvelle approche, fondée sur un intérêt commun entre le Liban et le FMI, est nécessaire, car l’intérêt du Liban est aujourd’hui aligné avec celui des déposants. À l’inverse, l’approche de l’ancien gouvernement reposait sur l’annulation des dépôts, une politique qui avait été bloquée par le Conseil d’État lorsqu’il avait annulé le plan de l’ancien vice-Premier ministre, Saadeh al-Chami. Ce plan prévoyait en effet d’annuler les engagements de la Banque du Liban envers les banques, qui représentent en réalité les dépôts des épargnants.
Commentaires