Rallye du Liban 2025: vitesse, passion et frissons
L’affiche officielle du 47e Rallye du Liban. ©Photo ATCL

Quarante-sept éditions, des pilotes de légende, des virages mythiques: le Rallye du Liban reprend la route, fidèle à son ADN, entre adrénaline et histoire.

Le compte à rebours est lancé. Du 4 au 7 septembre 2025, le 47e Rallye du Liban s’élancera sous le haut patronage du président de la République, le général Joseph Aoun, et sous l’organisation de l’Automobile et Touring Club du Liban (ATCL).

Cette édition, cinquième manche et avant-dernière étape du Championnat du Moyen-Orient des rallyes (MERC), s’annonce explosive: quatre jours de compétition pour un total de 624,41 kilomètres, dont 192,44 kilomètres d’épreuves spéciales réparties sur 11 secteurs chronométrés à travers le Kesrouan, Byblos, Batroun et le Metn.

Le départ protocolaire aura lieu jeudi 4 septembre à 20h00 devant la mairie de Jounieh, après une conférence de presse des pilotes programmée à 19h30 sur le même site. L’événement, organisé en collaboration avec la municipalité, accueillera des personnalités officielles, des représentants de la FIA, des responsables sportifs et les passionnés de rallye venus assister au grand lancement.

Roger Féghali, l’homme à battre

Difficile d’évoquer le Rallye du Liban sans prononcer son nom. Roger Féghali, véritable légende vivante, détenteur de 17 victoires sur cette épreuve, reste le patron incontesté des routes libanaises. «Chaque édition est un nouveau défi. Ce rallye, on ne le gagne jamais deux fois de la même manière», confie-t-il, déterminé à repousser encore les limites. Face à lui, une génération ambitieuse se tient en embuscade: Henri Kahy, Rodrigue Rahi, Bassel Bou Hamdan et d’autres outsiders rêvent de faire tomber le roi.

Le duel avec le Qatari Nasser al-Attiyah, double vainqueur de l’épreuve en 2019 et 2022, s’annonce également électrique.

Une épopée née en 1951

Plus qu’une simple course, le Rallye du Liban est une véritable saga sportive. Tout commence en 1951 lorsque José Chidiac lance le «Tour du Liban», un tracé de 500 kilomètres reliant les routes les plus mythiques du pays et dont l’arrivée se tenait à la célèbre piscine de Aley, symbole de l’âge d’or du Liban. 

Cette première édition fut remportée par Louis «Loulou» Bassoul au volant de sa légendaire Renault Frégate. L’année suivante, en 1952, Pierre Heneiné s’illustre en remportant le premier Rallye Syrie-Liban, également sur une Renault Frégate, avant que Loulou Bassoul ne récidive en 1955, s’imposant à nouveau sur la même voiture à l’issue d’une arrivée jugée au Champ de courses de Beyrouth.

Du Rallye de montagne à l’icône régionale

L’histoire moderne du Rallye du Liban débute en 1968 avec la naissance du «Rallye de montagne», ancêtre direct de l’épreuve actuelle, organisé par l’ATCL. Cette première édition attire 57 équipages, dont 14 étrangers, sur un parcours de 1.100 km à travers les routes sinueuses du pays. Les vainqueurs de cette édition inaugurale sont Jean Bassili, Antoine Salim et Fayez Sahyoun, qui s’imposent au volant d’une Renault 10. En 1970, Gérard Asfar et Amine Hammoud l’emportent sur Renault 16, puis, en 1973, Georges Matta et Georges Moughani s’illustrent sur Volkswagen 1303 S. L’édition de 1974 revient à Tony Georgiou et Jean-Loup Eddé sur Renault 12 Gordini.

En 1975, le rallye obtient pour la première fois la reconnaissance officielle de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) et est inscrit au calendrier international. Cependant, la guerre civile éclate, forçant une suspension de l’épreuve jusqu’en 1979, année du grand retour marqué par la victoire de Georges Doumit et Samir Cheikhani sur Audi 80 LS.

Les années 1980: résilience et ouverture internationale

L’année 1980 marque une édition historique, celle du renouveau, avec le sacre d’Albert Bassoul et Gérard Saunal sur Renault 17 Gordini. Les années 1980, toutefois, restent chaotiques: le rallye est annulé en 1982, 1983, 1989 et 1990, mais il gagne paradoxalement en prestige. En 1984, le Championnat du Moyen-Orient des rallyes voit officiellement le jour, et le Rallye du Liban y est intégré pour la première fois en 1987. Cette édition marque la domination de l’équipage émirati Mohammed Ben Sulayem et de son copilote John Spiller, vainqueurs sur Opel Manta 400.

Quand le Liban attire les stars mondiales

Dès la fin des années 1980, le Rallye du Liban s’impose comme une étape incontournable du calendrier régional, attirant des champions internationaux de premier plan. On retrouve parmi eux les Français Jean Ragnotti et Alain Oreille, l’Italien Sandro Munari, vainqueur de la Coupe FIA en 1977, le Français Yves Loubet, l’Italien Piero Liatti et le Français Pierre César Baroni. Le Finlandais Tommi Mäkinen, quadruple champion du monde, effectue une démonstration spectaculaire dans les années 1990, tandis que le Norvégien Petter Solberg, futur champion du monde, termine deuxième en 1998. Les stars du Golfe ne sont pas en reste, avec le Qatari Nasser al-Attiyah, double vainqueur en 2019 et 2022, le Saoudien Abdallah Bakhashab et le Qatari Saïd el-Hajiri, également présents au palmarès.

Le règne des Libanais

Depuis le début des années 2000, le Rallye du Liban parle plus que jamais libanais. Roger Féghali domine outrageusement avec 17 titres, un record absolu, mais il n’est pas seul à briller. Jean-Pierre Nasrallah compte trois victoires, tandis que Nicolas Amiouni s’est imposé en 2014 et Tamer Ghandour en 2016. 

On retrouve également des noms emblématiques tels que Abdo Féghali, Michel Saleh, Maurice «Bagheera» Sehnaoui, Samir Ghanem, Doumit Bou Doumit, Nadim Abboud, Rodrigue Rahi, Élie Kahi, Michel Féghali et Édouard Élias. Impossible d’oublier Nabil «Billy» Karam, figure légendaire du sport automobile libanais, plusieurs fois titré et inscrit au Livre Guinness des records pour sa collection automobile exceptionnelle.

Dans le siège du copilote, Joseph Matar détient le record absolu avec 10 titres, suivi par Nabil Najem avec 5 couronnes.

2025: une bataille d’outsiders

Si l’expérience reste l’atout majeur de Roger Féghali, la jeune garde libanaise veut bousculer l’ordre établi. Henri Kahy affiche ses ambitions et prévient:

«C’est peut-être l’année où les cartes vont se redistribuer. Nous avons le rythme, il faut désormais la régularité.»

Dans le même temps, tous les regards se tournent vers le Qatari Nasser al-Attiyah, double vainqueur, qui pourrait viser à Kaslik un troisième sacre historique.

Dans les coulisses: logistique et zones techniques

Le cœur logistique du rallye se déplacera à Jounieh, où l’esplanade du complexe présidentiel Fouad Chehab accueillera la zone d’assistance et de maintenance. Le parc fermé sera installé sur le parking du Sérail de Jounieh, garantissant un accès rapide aux équipes et aux spectateurs.

Un rendez-vous incontournable

Au-delà des chronos et des podiums, le Rallye du Liban, c’est un show total: passion, frissons et communion avec un public fidèle, massé sur les routes escarpées du pays du Cèdre. L’ATCL, organisateur historique, reste le gardien d’une tradition centenaire et l’ambassadeur du sport automobile libanais sur la scène internationale.

Ce week-end, les routes libanaises redeviendront théâtre de batailles mécaniques et d’explosions d’adrénaline. Dans cette 47e édition, une seule certitude: l’histoire continue de s’écrire… à coups de pneus brûlés et de secondes arrachées.

 

 

 

 

Liste des engagés

1. Nasser Al-Attiyah / Nasser Al-Kuwari — Skoda Fabia RS

2. Abdulaziz Al-Kuwari / Giovanni Bernacchini — Skoda Fabia RS

3. Roger Féghali / Joseph Matar — Toyota GR Yaris

4. Rayan Ayoub / Maroun Nader — Skoda Fabia RS

5. Bassel Abou Hamdan / Elias Haddad — Volkswagen Polo

6. Elias Daher / Nicolas Arena — Skoda Fabia

7. Alex Féghali / Marc Haddad — Mitsubishi Lancer Evo X

8. Karl Rizk / Karim Abou Elias — Citroën DS3

9. Rodrigue Rahi / Gary Kondakjian — Mitsubishi Lancer Evo IX

10. Henri Kahy / Rami Mneimneh — Citroën DS3

11. Joseph Hindi / Vikent Kandiladjian — Renault Clio

12. David Mazhar / Shadi Nassar — Ford Fiesta

13. Non attribué

14. Nasser Khalifa Al-Attiyah / Ziad Chahab — Ford Fiesta

15. Tarek Younes / Selim Jalilaté — Skoda Fabia

16. Charbel Chahine / Danny Kassab — Mitsubishi Lancer Evo IX

17. Ahmed Khaled / Omar Madkour — Mitsubishi Lancer Evo X

18. Rhea Dagher / Nadim Abou Elias — Mitsubishi Lancer Evo X

19. Abdullah Al-Zubair / Taha Zadyali — Subaru Impreza N14

20. Mohammad Tajeddine / Samer Safir — Mitsubishi Lancer Evo X

21. Zakaria Al-Amri / Mohammed Al-Mazroui — Subaru Impreza N14

22. Jad Al-Aawar / Moussa Djirian — Mitsubishi Lancer Evo X

23. Ryan Khneisser / Christopher Béchara — Peugeot 208

24. Mohamed Al-Marri / Pierre Delorme — Peugeot 208

25. Sami Fleifel / Yazan Jomaa — Mitsubishi Lancer Evo IX

26. Tony Germanos / Joseph Kmeid — Renault Clio

27. Sanim Payyakal / Moussa Cherif — Ford Fiesta

28. Nadim Yazbek / Elie Mehanna — Mitsubishi Lancer Evo VIII

29. Joanna Hassoun / Karl Baayno — Mitsubishi Lancer Evo IX

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