Le président de la République, Joseph Aoun, attend les réactions à son initiative qu’il a présentée à la veille de la fête de l’Indépendance, pleinement conscient que son sort dépend essentiellement de deux réponses: celles du Hezbollah et d’Israël.
Selon les informations disponibles, le Hezbollah n’a aucune intention de fournir une réponse claire à la présidence libanaise. La formation pro-iranienne reste déterminée à conserver ses armes, renforce ses positions militaires et refuse d’aborder toute discussion sur la limitation du rôle de son arsenal sur l’ensemble du territoire libanais. Sans compter que le Hezb attend le mot d’ordre iranien, toujours absent et tributaire d’une éventuelle reprise des négociations entre Téhéran et les États-Unis. Si ces pourparlers venaient à reprendre, ils se dérouleraient à sens unique : les États-Unis ont déjà fixé les lignes rouges – pas de programme nucléaire, pas de missiles balistiques, et pas de milices armées affiliées à l’Iran dans la région.
Dans ce contexte, la présidence libanaise sait qu’il est peu probable que ceux qui ont ignoré, depuis un an, les aspirations de la majorité des Libanais changent soudainement de position. Depuis l’annonce du cessez-le-feu, certains responsables libanais estiment toutefois que la pression militaire israélienne, conjuguée aux mesures financières prises par la Banque du Liban (BDL) pour restreindre les sources de financement du Hezbollah, pourrait pousser ce dernier à cantonner ses armes dans le giron exclusif de l’État, mais rien de tangible ne le confirme jusqu’à présent.
De son côté, Israël ne semble accorder aucune importance à l’initiative du président Aoun. Tel-Aviv poursuit ses raids et ses assassinats ciblés comme si de rien n’était, une posture que semblent partager les États-Unis. Selon des sources occidentales, le Liban est pressé d’accepter des négociations directes, sans conditions politiques préalables. Ces mêmes sources affirment qu’Israël aurait déjà préparé un projet d’accord final, présenté comme garant d’une stabilité durable, que le gouvernement libanais n’aurait plus qu’à approuver et signer.
C’est dans ce contexte tendu que vient buter l’initiative du président Aoun, déjà fragilisée par les divisions internes depuis qu’il a mis sur un pied d’égalité le Hezbollah et ceux qui appellent à son désarmement, leur attribuant à tous deux une part de responsabilité dans la situation du pays.
Cette comparaison a d’ailleurs surpris les forces opposées au Hezbollah, dont les intérêts étaient pourtant alignés sur la démarche du gouvernement libanais.
Mais à ce stade, blocage et obstruction semblent être la seule réponse, que ce soit du côté d’Israël ou du Hezbollah, ce dernier portant, selon ses détracteurs, la responsabilité principale des crises qui secouent le Liban, de la mise en échec du cessez-le-feu et du torpillage de l’initiative présidentielle.




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