Dans un univers où l’éphémère et la rapidité règnent, les plateformes musicales ravivent et transcendent les mythes de légendes telles que Nina Simone et Klaus Nomi, dont les anniversaires de disparition et de naissance sont commémorés cette année. Embrassant l’audace, la start-up française Diggers Factory dévoile sur les plateformes de streaming musical une intégrale de Nina Simone, couvrant la période 1957-62, offrant ainsi près de cinq heures d’écoute envoûtante.

Alors que 2023 marque le 20e anniversaire de la disparition de Nina Simone et le 90e anniversaire de sa naissance, de nombreuses rééditions et compilations voient le jour. Diggers Factory s’était précédemment associée à l’éditeur BD Music pour proposer un coffret vinyle et bande dessinée, aujourd’hui épuisé, autour de la vie de cette artiste majeure. Frédéric Adrian, auteur de Nina Simone (éditions Le mot et le reste), souligne l’attrait indéfectible que cette musicienne et chanteuse suscite au fil des années.

Sa musique, jalonnée de standards tels que Feeling good et My baby just cares for me, constitue une passerelle pour les jeunes adeptes du streaming, qui découvrent alors la vie tumultueuse de cette femme au destin romanesque. Nina Simone incarne la lutte pour les droits civiques, le combat d’une femme pour s’affirmer et être autonome, ainsi que la réflexion sur la santé mentale.

Par ailleurs, les plateformes de streaming musical contribuent à ressusciter des figures autrefois oubliées, comme Klaus Nomi, surnommé la " Castafiore du rock " ou " Le mutant chantant ". Mort du sida à 39 ans en 1983, l’artiste allemand avait développé son alter ego scénique dans le New York underground des années 1970-80. Après avoir retrouvé les ayants droit de Klaus Nomi, le label Legacy (Sony) mettra à disposition l’intégralité de sa discographie en format numérique dès le 28 avril, suivie de rééditions physiques le 16 juin. Son style inimitable oscille entre opéra et rock, avec des qualités lyriques exceptionnelles, sa voix allant de baryton basse à contre-ténor. Son look androgyne, mi-humain mi-robot, est inspiré de sa collaboration avec David Bowie lors d’une prestation dans l’émission télévisée américaine Saturday Night Live en 1979. Ces initiatives démontrent la capacité des plateformes musicales à préserver et faire renaître les légendes, offrant ainsi aux nouvelles générations la possibilité d’explorer et d’apprécier ces artistes intemporels.

Jean-Pierre Bommel, l’un des décideurs clés ayant contribué à la signature du premier contrat discographique de Klaus Nomi en France chez RCA en 1981, se remémore avec nostalgie l’attrait singulier de l’artiste : " C’était quelqu’un qui venait de la planète New York. Sa voix, sa vision de la scène et son personnage énigmatique nous avaient captivés. Les albums Klaus Nomi (1981), Simple Man (1982) et In Concert (1986) témoignent de son héritage musical, bien que jamais réédités depuis.

Bommel souligne l’étonnante réception de l’œuvre de Nomi : “On aurait pu penser que le côté pop séduirait les gens, mais c’est sa réinterprétation des œuvres classiques qui a conquis le public.” À l’occasion de la redécouverte de Klaus Nomi sur les plateformes musicales, des photos et vidéos de l’artiste ressurgissent, révélant son influence durable sur la pop culture. Son style vestimentaire avant-gardiste a inspiré des créateurs tels que Jean-Paul Gaultier et des artistes comme Lady Gaga. Son influence se retrouve également dans des personnages de séries télévisées populaires, à l’image d’American Horror Story. La réémergence de Klaus Nomi sur les plateformes de streaming musical témoigne de l’importance de préserver et de raviver la mémoire des artistes emblématiques qui ont marqué l’histoire de la musique et de la culture.

Avec AFP

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