Située à Saïfi, l’église Saint-Maron, au charme discret, a été victime de la double explosion du 4 août 2020. Connue pour ses magnifiques vitraux, elle vient d’être entièrement restaurée pour accueillir les paroissiens le 9 février, le jour de la fête du patron de la communauté maronite dont elle porte le nom. Entretien avec le père Richard Abi Saleh, le curé de la paroisse, qui y officie en maître de cérémonie.

Quand l’église Saint-Maron a-t-elle vu le jour?

L’Église Saint-Maron date de 1875 du temps du Monseigneur Youssef el-Debs qui était archevêque maronite de Beyrouth et qui, après avoir achevé l’église Saint-Georges au centre-ville, a vu que les maronites commençaient à s’installer de plus en plus hors les murs (du centre-ville), précisément du côté de Saïfi et de Gemmayzé. À l’époque, on appelait cette région "Qirat". Mgr Debs a entamé la construction de cette église qui a commencé à fonctionner comme chapelle adjacente à la paroisse Saint-Georges. Quelques années plus tard, elle a fonctionné comme une entité autonome et elle est devenue la paroisse Saint-Maron à Gemmayzé.

Quels ont été les dommages causés par la double explosion du 4 août 2020?

La double explosion du 4 août 2020 a occasionné énormément de dégâts. L’église avait pratiquement tout perdu, à commencer par sa toiture et son plafond, d‘autant plus que le matériau utilisé pour le plafond était ancien et très fragile puisque composé essentiellement de bois. L’édifice entier s’est donc écroulé, emportant les bancs, les portes, l’autel et évidemment les magnifiques vitraux, sur les trois niveaux, qui faisaient le charme de cette paroisse.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour restaurer l’église?

Il nous a fallu un an pour remettre l’église sur pieds. Les vitraux, en revanche, ont pris un an et demi de travail. Ils ont été installés en trois phases. La première a commencé il y a six mois, la deuxième il y a deux mois, et la troisième phase il y a juste une semaine, juste à temps pour fêter la Saint-Maron avec une église digne du saint Patron.

Parlez-nous des merveilleux vitraux et du processus de restauration…

Les vitraux sont à base de verre soufflé ramené de France par des paroissiens qui souhaitent garder l’anonymat. Et la création artistique est le fruit d’un travail d’équipe: des architectes, des peintres et des ingénieurs, avec le concours des prêtres, le père Joseph Malkoun et moi-même, ainsi que Maya Husseini qui a exécuté dans son atelier avant de les remettre en place. Nous avons opté pour une thématique syriaque – les lettres d’ailleurs se voient clairement. Nous avons pris le soin de placer au-dessus de chaque "fenêtre" un écriteau trilingue (arabe, français, anglais) pour expliquer aux paroissiens de quoi il s’agit, à savoir une calligraphie syriaque stylisée en tableaux colorés.