Les pays en développement se sont unis, à un jour de la fin de la COP27, pour faire pression en faveur d’un financement pour compenser les ravages qu’ils subissent à cause du changement climatique, imputé en majorité aux pays développés. Mais ces derniers sont encore bien loin de se faire à l’idée qu’ils vont devoir passer à la caisse.

 

" Le jeu des reproches est une recette pour une destruction mutuelle assurée ", avertit le chef de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’un point presse en marge de l’avant-dernier jour de la COP27.

 

 

Les pays en développement ont présenté un front uni jeudi, pour exiger un financement pour compenser les ravages que leur cause déjà le changement climatique, un sujet brûlant sur lequel butent les négociations, à un jour de la fin prévue de la COP27.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé de son côté les pays rassemblés à la COP27 à trouver " un accord ambitieux et crédible " sur la compensation des ravages provoqués par le changement climatique, un sujet brûlant sur lequel butent les négociations, à un jour de la fin prévue de la conférence sur le climat.

" La manière la plus efficace de reconstruire la confiance est de trouver un accord ambitieux et crédible sur les pertes et les préjudices et le soutien financier aux pays en développement ", a-t-il déclaré en Egypte, à son retour du G20 à Bali. " Nous avons besoin d’action ", a-t-il lancé.

La ministre pakistanaise du climat, Sherry Rehman, dont le pays préside le G77+Chine, déclare que le groupe " cherche toujours à trouver un terrain d’entente, même à cette heure tardive ".

 

 

" Retarder la justice climatique serait un déni de justice ", a lancé de son côté la ministre pakistanaise du Changement climatique, Sherry Rehman, au nom du puissant groupe de négociations G77+Chine, qui a déposé un projet de résolution sur la création immédiate d’une facilité financière dédiée à ces " pertes et dommages ".

" Ne vous méprenez pas, 2050 sera trop tard. C’est 2030 qui est la décennie décisive et dangereuse ", a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse tenue en urgence alors que les négociations de l’ONU sur le climat étaient dans l’impasse sur les appels à la création d’un fonds spécial destiné à couvrir les pertes subies par les nations vulnérables frappées par des catastrophes naturelles.

Au minimum une déclaration d’intention

" Nous voulons au strict minimum une déclaration politique d’intention ", a-t-elle dit lors d’une conférence de presse commune avec les représentants d’autres groupes de pays en développement, Pays moins avancés (PMA), petits Etats insulaires (Aosis) et Alliance indépendante d’Amérique latine et des Caraïbes (Ailac). Elle a toutefois exclu que ces groupes claquent la porte des pourparlers, estimant que ce serait " prématuré ".

 

" Les pertes et les dommages sont un cercle vicieux qui doit être brisé. Le lieu pour le faire, c’est ici. Le temps pour le faire, c’est maintenant, à cette COP27 ", a insisté au nom des PMA le ministre sénégalais de l’Environnement Alioune Ndoye.

Les Etats-Unis et l’Union européenne sont très réticents, mais l’UE a joué l’ouverture mercredi en annonçant plus d’un milliard d’euros de financements pour l’adaptation en Afrique, dont 60 millions pour les pertes et dommages.

Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a également proposé de raccourcir les discussions sur le financement des pertes et des dommages à un an, au lieu de deux.

" Nous sommes devenus une plaisanterie sur le plan international et nous avons beaucoup souffert ", déclare Daniela Silva Cruz, membre de ‘Engajamundo Youth Association, mais c’est du passé. Lula " a apporté de l’espoir ", ajoute-t-elle, lors d’une rencontre entre le président élu et des représentants de la société civile brésilienne.

 

 

Il a dans le même temps insisté sur le fait que, si jamais la décision de créer un fonds spécifique était adoptée, la Chine, premier pollueur et deuxième puissance économique mondiale, devrait faire partie des contributeurs. " Si la COP échoue, nous perdrons tous, " a-t-il insisté jeudi.

Le sujet des pertes est rendu plus sensible encore par la multiplication des événements extrêmes dévastateurs, illustrée par le cortège d’inondations, sécheresses ou incendies géants de l’année en cours.

Les pays pauvres, souvent en première ligne, sont les moins responsables du réchauffement climatique. Ils réclament aussi désormais un mécanisme financier spécifique sur ces dommages, auquel les riches sont très réticents.

" Nous retournons au monde, maintenant le Brésil est à nous avec un grand leader ", se réjouit une femme indigène après que le président brésilien élu Luiz Inacio Lula da Silva a annoncé à la COP27 que son gouvernement allait créer un ministère des peuples autochtones. Une annonce bien accueillie par ses partisans qui l’ont célébrée en dansant de joie.

 

 

Les discussions financières se déroulent dans un contexte de grande méfiance, les pays riches n’ayant jamais tenu un engagement de 2009 de porter à 100 milliards par an les financements de l’adaptation au dérèglement climatique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre à destination des pays en développement.

Les sommes pour l’instant sur la table pour ces différents secteurs sont dérisoires par rapport aux besoins estimés, qui se chiffrent de l’avis général en milliers de milliards.

La présidence de la COP égyptienne a de son côté fait circuler un document de travail en vue d’une déclaration finale qui ne mentionne rien de concret sur les sujets contentieux des finances.

A la place d’un océan de verdure, des troncs calcinés et des cimes roussies : les plantations de pins allemandes ont payé un lourd tribu aux incendies de l’été mais les forestiers travaillent déjà à faire renaître des massifs plus divers et résistants.

 

 

Il propose toutefois des éléments sur certains autres dossiers importants.

Sur l’ambition climatique, il réaffirme ainsi l’objectif de limiter si possible le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.

L’Arabie saoudite et la Chine étaient réticentes à cette mention, selon des observateurs des négociations à Charm el-Cheikh. Mais elle a finalement été reprise dans le communiqué final du sommet du G20 à Bali, dont ces deux pays sont membres, et se retrouve donc dans le projet.

 

Le texte souligne également que les engagements actuels de diminution des rejets de gaz à effet de serre des différents pays sont loin de permettre de tenir cet objectif et appelle une nouvelle fois à les relever. Selon les analyses de l’ONU, les engagements actuels permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4°C d’ici à la fin du siècle.

Sur le volet énergétique, le projet fait une large et inédite place aux renouvelables. Et reprend le langage difficilement négocié l’an dernier à la COP de Glasgow appelant à " intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture " de CO₂.

 

Il ne mentionne pas une telle réduction pour le pétrole et le gaz, comme le réclament de nombreux pays, mais seulement celle des " subventions inefficaces aux énergies fossiles ", ainsi que l’a fait le G20 de Bali.

La conférence doit théoriquement s’achever vendredi, mais les COP se poursuivent en général au-delà des délais prévus.

Avec AFP