Partout en Europe, de grandes entreprises souscrivent à des contrats d’approvisionnement direct avec des producteurs d’énergies renouvelables, manière de se verdir et aussi de s’assurer un prix de l’électricité stable pour les années à venir.  Profitant de la spectaculaire chute des coûts des technologies renouvelables, l’Europe rattrape son retard sur le sujet. 

L’Europe rattrape son retard, notamment le nord du continent mais aussi l’Espagne, profitant de la spectaculaire chute des coûts des technologies renouvelables. (AFP)

 

 

De la SNCF à Renault en France en passant par Google au Royaume-Uni, partout en Europe de grandes entreprises souscrivent à des contrats d’approvisionnement direct avec des producteurs d’énergies renouvelables, manière de se verdir et aussi de s’assurer un prix de l’électricité stable pour les années à venir.

La dernière annonce est venue jeudi de Renault, qui a signé avec le producteur français Voltalia un contrat sur 15 ans pour une puissance de 350 mégawatts (MW) d’électricité solaire.

Des panneaux photovoltaïques installés sur les sites de Voltalia doivent lui permettre de couvrir d’ici à 2027 jusqu’à 50% de la consommation électrique du constructeur.

" Il s’agit d’un engagement inédit en France en termes de puissance ", a précisé Voltalia, très familier de ces contrats de fourniture d’électricité à long terme, souvent désignés par le terme anglais de " corporate PPA " (power purchase agreement) car venus des États-Unis.

Jeudi encore, Engie a annoncé un contrat d’achat de 100 MW pendant 12 ans avec Google au Royaume-Uni, à partir du projet éolien offshore de Moray West, au large de l’Écosse.

Si solaire et éolien dominent, on voit apparaître des contrats sur le biogaz, et la géothermie (contrat inédit – " Heat Purchase Agreement ", HPA – entre Renault et Engie pour verdir la chaleur pour l’usine de Douai). On en parle aussi pour l’hydrogène.

Ces contractualisations en direct ne constituent toujours qu’une mince partie du volume vendu. Mais elles sont une petite révolution car il s’agit de ne plus acheter aux fournisseurs habituels comme EDF.

Dans la course actuelle à la neutralité carbone, basculer sur des énergies bas-carbone est souvent l’étape la plus facile pour les entreprises.

Les géants du numérique américain dans les années 2010 ont été pionniers de ces PPA, pour tenter de verdir la forte consommation de leurs centres de données.

Un fort regain d’intérêt

 

 

Depuis, l’Europe rattrape son retard, notamment le nord du continent mais aussi l’Espagne, profitant de la spectaculaire chute des coûts des technologies renouvelables.

" En France, le marché a démarré plus lentement qu’ailleurs, car le pays bénéficiait d’un approvisionnement électrique plutôt compétitif et décarboné " avec sa forte portion de centrales nucléaires amorties depuis longtemps, souligne Alexis Gazzo, associé chez EY.

" Mais depuis quelques mois, il y a un fort regain d’intérêt ", avec la flambée des prix de l’électricité, dit-il, évoquant " un changement culturel dans les divisions Achats d’énergie des entreprises et une réflexion nouvelle sur le risque ".

Le mouvement en France a commencé en 2018 avec des précurseurs comme Aéroports de Paris et la SNCF, qui cette année-là lançait un appel d’offres pour sécuriser sur 20 ans 20% de sa consommation renouvelable.

Avec la crise actuelle, Voltalia, leader des PPA en France et plus actif encore au Royaume-Uni, constate un boom de la demande des entreprises, où le sujet énergie remonte désormais jusqu’aux conseils d’administration.

Partout en Europe, de grandes entreprises souscrivent des contrats d’approvisionnement direct avec des producteurs d’énergies renouvelables, manière de s’assurer un prix de l’électricité stable pour les années à venir. (AFP)

 

 

Pour son directeur général, Sébastien Clerc, les producteurs de renouvelables eux-mêmes s’y retrouvent: " L’inconvénient de la plupart des appels d’offres publics en France est que l’essentiel du prix de vente n’est pas indexé sur l’inflation. Avec les corporate PPA, on négocie librement la structure du tarif, de privé à privé, et intégrer l’inflation est protecteur pour les deux parties ", dit-il à l’AFP.

En France, une part de la gauche rejette ces contrats qui reviennent pour elle à privatiser une part de la production. Mais des collectivités expriment leur intérêt, et l’État vient d’annoncer un " fonds de garantie " pour faciliter ces accords en couvrant le risque de défaut des industriels.

Les PPA forment " une tendance de long terme ", dit Nicolas Goldberg, chez Colombus Consulting, pour qui " cette crise laissera des traces: on voit que si on ne sécurise pas une part des approvisionnements, si on ne diversifie pas, avec une vision à long terme, on s’expose ".

" Les entreprises sont demandeuses car les énergies renouvelables tirent les prix de marché à la baisse ", souligne l’analyste. Et pour lui, ces PPA sont " une bonne chose, car cela aide aussi la société à comprendre un peu mieux les énergies renouvelables ".

Avec AFP