Depuis que le général Joseph Aoun a été nommé commandant en chef de l’armée, au grand dam de Gebran Bassil, il a fait l’objet d’une véritable guerre à outrance lancée contre lui. Cette hostilité ne s’est pas limitée aux différents ministres de la Défense qui ont, à tour de rôle, tenté de réduire les prérogatives du commandant de l’armée et de faire de lui un simple directeur général, mais elle s’est manifestée également par de multiples tentatives de torpiller les efforts du commandant de l’armée visant à préserver l’institution militaire, contre vents et marées.

Cela ne s’est pas limité uniquement au fait que le général Aoun a refusé de suivre les directives de Gebran Bassil qui lui ordonnait de réprimer la "révolution du peuple" (d’octobre 2019) et de débloquer les routes, manu militari – au prix du sang s’il le fallait – mais cela a inclus également l’intention indubitable de "soumettre" le commandant de la troupe et de transformer son armée en une vulgaire brigade aouniste.  C’est précisément ce que Joseph Aoun a refusé de faire, s’attirant les foudres du gendre qui a reproché à son beau-père d’avoir fait un pareil choix. Somme toute, on se souviendra de Joseph Aoun pour sa résistance face à une entreprise politique dévastatrice incarnée par certains pôles d’une classe politique hétérogène. Qu’il accède à la présidence ou non, son palmarès demeure honorable et digne d’un Fouad Chehab.

Le commandant en chef de l’armée a entamé son mandat en respectant les institutions. Il était en contact constant avec le commandant en chef des forces armées, le président Michel Aoun, mais cela ne semblait pas satisfaire les proches du président de la République. Ces derniers souhaitaient qu’il soit plus servile, ce qu’aucun chef de l’armée n’aurait pu supporter.

Le général Joseph Aoun s’est acquitté de toutes les obligations qui lui incombaient, laissant le soin de trancher au président de la République et au Conseil des ministres. Cela, semble-t-il, n’a pas suffi non plus. On voulait qu’il fasse preuve de davantage de docilité, bien que ses fonctions exigent qu’allégeance soit prêtée à l’institution militaire et à l’État uniquement. Partant, une guerre administrative a été déclarée contre lui, et a failli paralyser l’armée dans son ensemble. Cette guerre fait toujours rage, avec un style qui rappelle étrangement celui de Gebran Bassil, un style que nul officier, même ministre de la Défense, ne pourrait adopter.

Évoquer ces détails ne serait peut-être pas d’une grande utilité pour l’institution militaire, mais cela servirait à rendre justice afin que l’histoire rapporte la vérité.

De par son expérience, l’armée a été en mesure de prédire ce qui allait se passer avant et après 2019. Les rapports étaient clairs: tout indiquait qu’une explosion sociale allait se produire. Or les instructions du général Joseph Aoun étaient de contrôler la situation sans effusion de sang, et ses subordonnés ont mené cette mission avec grande efficacité. À l’heure actuelle, l’institution s’attend à ce que des événements semblables à ceux de 2019 se produisent. Néanmoins, les directives demeurent les mêmes: pas d’utilisation de la force pour réprimer les citoyens dans le seul but de satisfaire la classe politique, l’armée étant issue du peuple et non pas une organisation visant à protéger une caste politique.

Par peur de la bonne réputation et de la crédibilité que le général Joseph Aoun a bâties à l’intérieur comme à l’extérieur, des campagnes sont menées crescendo contre l’armée sans pour autant parvenir à modifier l’inexorable destin. Une phase touche à sa fin, celle des champions de la corruption – qu’ils soient responsables politiques ou autres. Elle cèdera la place à une étape nouvelle, marquée par une approche différente. De nouvelles personnalités émergeront ayant une identité claire et un passé qui témoigne de leurs réalisations.

 

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