Elle avait soutenu Macron, Jadot, et même Pécresse! L’ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007 Ségolène Royal a jeté un pavé dans la marre de la gauche jeudi en exprimant sa préférence pour Jean-Luc Mélenchon dans la course à la présidentielle. L’insoumis candidat d’une gauche populiste, qui choque par ses positions moins modérées que par ses déclarations à l’emporte-pièce, a poussé l’indignation à son point culminant en refusant de prendre part à la Primaire de la gauche censée rafistoler ce courant politique en perte de vitesse, car miné par les divisions.

Ségolène Royal a estimé mercredi qu' "aujourd’hui, il est évident que le vote utile à gauche, c’est le vote Mélenchon ", le chef de la France insoumise. " C’est lui qui fait la meilleure campagne. Il est en train d’arrondir les angles sur ce qui pouvait déplaire chez lui. Il est capable de répondre à l’ensemble des questions. Il est structuré, cultivé. Il a l’expérience d’une campagne présidentielle. Il sait prendre des coups. C’est lui le plus solide ", a-t-elle assuré sur BFMTV. " Si la gauche veut être au second tour, il faut que les responsables se réunissent, en regardant ce qui nous rassemble et non ce qui nous divise, et le vote utile à gauche c’est Jean-Luc Mélenchon ", a ajouté Mme Royal, battue au second tour par Nicolas Sarkozy en 2007.

Jean-Luc Mélenchon l’a remercié sur Twitter. " Je remercie @RoyalSegolene pour ses mots de rassemblement à l’égard de ma candidature. Son mérite est d’autant plus respectable, car je sais que son soutien n’est pas un ralliement. Je lui en suis donc très reconnaissant ".

Au parti socialiste, le ton est moins amène. " Et dire que @RoyalSegolene préconisait la FRA-TER-NI-TE et s’insurgeait contre le fait que l’on demande toujours aux femmes de céder la place aux hommes ! ", a taclé le sénateur Rachid Temal.  " On est loin très loin de la belle campagne de 2007 de Ségolène royale… Quel gâchis ", a aussi tweeté Julien Dray.  Même son de cloche chez Anne Hidalgo qui a jugé " forcément choquant " de ne pas être soutenue par Ségolène Royal, estimant que la " meilleure boussole ça doit être celle de la fidélité, la fidélité à ses idées politiques, et même quand les temps sont difficiles ", a déclaré sur Radio J la candidate socialiste et maire de Paris, à la peine dans les intentions de vote. " C’est forcément choquant quand quelqu’un de votre famille politique, dans un moment comme celui-ci, n’est pas en soutien. Je le dis: on a besoin de Ségolène Royal, parce qu’elle a une expérience, elle a été souvent ministre dans des portefeuilles importants, donc c’est dommage ", a ajouté Anne Hidalgo. " Mais je suis très pragmatique et très réaliste. Il y a les gens fidèles, il y a les combattants, j’en ai autour de moi ", a poursuivi la candidate, citant la présidente de la région Occitanie Carole Delga, sa directrice de campagne et maire de Nantes Johanna Rolland, la maire de Lille Martine Aubry, ou encore l’ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve.

Entre Emmanuel Macron, que Ségolène Royal avait soutenu au 1er tour en 2017, et le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon, " il y a une place pour cette gauche des solutions que j’incarne et qui est sa famille d’origine ", a encore affirmé Mme Hidalgo. Un peu plut tôt, sur France 2, le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait aussi taclé Ségolène Royal. " Je ne sais pas si c’est la bonne boussole, Ségolène Royal. Il y a quelques jours elle disait qu’elle pourrait soutenir (la candidate LR) Valérie Pécresse, il y a cinq ans elle a soutenu dès le premier tour Emmanuel Macron, il y a trois ans elle voulait conduire une liste aux Européennes avec (le candidat écologiste) Yannick Jadot ", a-t-il souligné. Interrogé sur la faiblesse du PS dans cette campagne, dont la candidate est donnée entre 1,5 et 3% d’intentions de vote, Olivier Faure s’est dit " lucide ", faisant le constat que " pour l’instant, ça n’a pas encore vraiment marqué les esprits " et qu' "il y a aussi parfois le souvenir de périodes antérieures qui fait douter les gens de notre capacité à changer les choses ". Le candidat du PCF Fabien Roussel a également critiqué l’ancienne candidate PS. " Ségolène Royal, je crois qu’il y a quatre ans, elle cherchait un poste de ministre chez Macron, il y a un an, elle cherchait l’investiture du PS pour devenir sénatrice, peut-être que maintenant elle a négocié avec Jean-Luc Mélenchon un poste de député France insoumise ", a-t-il accusé, disant préférer " 1.000 fois le soutien de Marie-George Buffet que celui de Ségolène Royal ". " Les zigzags de Ségolène Royal qui, il y a 15 jours, soutenait Valérie Pécresse, ça ne m’intéresse pas ", a abondé sur Sud Radio Delphine Batho, la porte-parole du candidat écologiste Yannick Jadot.

Avec environ 10% des intentions de vote, le candidat insoumis est actuellement le candidat de gauche le mieux placé, même s’il reste loin de ses rivaux de droite (Valérie Pécresse) et d’extrême droite (Marine Le Pen et Eric Zemmour) qui sont donnés autour de 15% et surtout d’Emmanuel Macron estimé vers 25% au 1er tour.

Avec AFP