Le festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand 2025 met à l’honneur le cinéma libanais avec un Focus Liban exceptionnel, mettant notamment en évidence, entre autres, le travail de Wissam Charaf. Habitué du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, le cinéaste anime une master class et se voit dédier une session de projection du Focus Liban avec quatre de ses courts-métrages. Ici Beyrouth s’est entretenu avec Wissam Charaf pour l’occasion.
Le festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, qui s’est ouvert vendredi 31 janvier et qui se poursuit jusqu’au samedi 8 février, est un rendez-vous incontournable pour les passionnés de cinéma. Pour sa 47ᵉ édition, le festival focalise les projecteurs sur le Liban à travers une sélection exceptionnelle de courts-métrages. Certains cinéastes sont d’ailleurs à l’honneur avec des sessions dédiées à leurs courts-métrages, à l’instar de la cinéaste et journaliste Jocelyne Saab ou encore le cinéaste libanais Wissam Charaf. Le public a donc l’opportunité de découvrir ou redécouvrir, durant la semaine, quatre des courts-métrages produits par Charaf: Hizz ya wizz, Souvenir inoubliable d'un ami, Pas de panique, et Si le soleil plongeait dans l'océan des nues, tous projetés lors de l’une des six sessions Focus Liban, la session Liban numéro 4.
Wissam Charaf, primé à plusieurs reprises à ce festival de Clermont-Ferrand, est un habitué de cet événement. Il a notamment siégé en tant que membre du jury en 2021. Il connaît bien le processus de sélection et de délibération. Pour lui, être juré n’est pas une chose facile et c’est bien plus qu’une simple responsabilité: cela offre l’opportunité de discuter, de débattre et de trouver un lauréat qui saura séduire tous les membres du jury. "Chaque jury a ses critères, mais ce qui est intéressant, c’est d’en discuter, de trouver un consensus. Le but est d’avoir un film qui fasse l’unanimité", souligne-t-il dans une interview express à Ici Beyrouth.
Le simple fait de voir trois films libanais en compétition revêt déjà une importance certaine, puisque cela permet à ces films de toucher un large public et d’être longuement discutés par un jury de professionnels. Pour Charaf, cette reconnaissance générale de tous les films projetés à Clermont-Ferrand est "une occasion précieuse de découvrir et redécouvrir la richesse du cinéma libanais, un cinéma qui a beaucoup à dire, à raconter, même dans des moments difficiles". Et Wissam Charaf est un pôle-clé de ce cinéma libanais, l’un de ses films figurant sur l’affiche officielle du festival.
Le public a donc pu aussi découvrir plus en profondeur son parcours et son œuvre lors de sa master class qui s’est tenue ce mardi 4 février à l’IADT de Clermont-Ferrand. Ce cinéaste qui se distingue par son style unique, un mélange de drame, de violence, de comique de situation et de burlesque, est un grand amateur de bandes dessinées, de cartoons et de l'humour absurde. Dans ses films, il s'inspire de la vie quotidienne pour créer des récits où le dramatique côtoie l'humour. Ses films sont souvent construits autour de plusieurs scènes de sa vie quotidienne apparemment anodines, mais où l’absurdité des moments reproduits devient le moteur d’une réflexion plus profonde. C’est dans ce contexte qu’il tente alors de faire évoluer un personnage pour qu’enfin l’histoire se construise. Il aime jouer avec les situations les plus absurdes et les transformer en moments de comédie. Charaf décrit ses films comme une forme de revanche, notamment contre des figures d'autorité, à l’image du préposé à la sécurité dans Si le soleil plongeait dans l'océan des nues.
En plus de son sens de l'humour et de la narration, le cinéaste se distingue également par son approche technique du cinéma. Il aborde le tournage avec grande préparation. "Il faut trouver des solutions", répète-t-il lors de sa master class, surtout lorsqu’il est confronté à des imprévus sur le plateau. La préparation est à son avis la clé d’un bon tournage, ce qui lui permet de travailler efficacement malgré des budgets restreints et des délais serrés. Il est également très impliqué dans le montage de ses films, réalisant une première version avant de la confier à sa monteuse pour qu’elle la peaufine.
Un autre élément essentiel de ses films est la musique. Fort d’une ancienne expérience à la radio, Charaf a une sensibilité particulière pour cet art. Pour ses films, il acquiert les droits des morceaux qu’il aime, ou compose tout simplement sa musique en collaboration avec le musicien et ami Zeid Moultaka.
Ce Focus Liban, qu’il transmet aussi à travers sa master class, mais aussi ses films, est non seulement une vitrine importante pour Wissam Charaf, mais également pour le cinéma libanais dans son ensemble.
À l’heure où le Liban traverse des périodes complexes, cette visibilité internationale constitue un rayon d’espoir, permettant de mettre en lumière la créativité et la résilience des artistes libanais. Charaf, en tant que cinéaste et membre actif de la scène cinématographique, contribue à cette vitalité.
Ainsi, à travers une programmation exceptionnelle, le festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand nous invite à explorer un cinéma libanais riche, subtil et inévitablement porteur de profonds messages d’espoir.
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