Avec son sourire chaleureux et amical, la créatrice Joumana Dagher nous accueille et nous invite à la rejoindre au rez-de-chaussée de son showroom où l’étalage des beaux sacs ravit tous nos sens: des couleurs plein la vue au toucher souple du grain, en passant par l’odeur inimitable du cuir de qualité, tout nous séduit. Chez Joumana Dagher, l’originalité et la qualité de l’artisanat libanais sont à l’honneur.

Ici Beyrouth a interviewé cette créatrice promise au plus bel avenir, décrivant son parcours et ses projets.

Pourriez-vous nous résumer votre parcours?

Je suis diplômée en graphisme. J’ai travaillé pendant plusieurs années dans les agences de publicité, puis en Italie dans le domaine de la Corporate Identity. Par le biais du graphisme et de l’illustration, je cherchais à refléter la philosophie d’une société ou d’une entreprise. De retour au Liban en 2012, j’ai décidé d’utiliser les techniques et les processus de conception graphique que je maîtrisais afin de créer des articles de mode. L’idée est née en regardant les rideaux pare-soleil qui offraient une possibilité d’impression inédite. Après plusieurs essais, j’ai développé une ligne de petit mobilier de décoration, tels des coussins et des poufs de différentes tailles. Ces objets étaient conçus à partir de rideaux pare-soleil imprimés et illustrés avec des motifs frais et colorés. Après plusieurs années d’expérimentation, j’ai fini par développer mon tissu signature que j’ai nommé "DURA-FABRIC". C’est un tissu imperméable et résistant de grande qualité qui me servira à créer des pochettes, des trousses de maquillage, des sacs de plage et des sacs cabas, le tout orné de motifs patrimoniaux, vintage, modernes ou même typographiques.

Après le développement de votre première ligne, comment vous êtes-vous lancée dans la maroquinerie écoresponsable?

Lors de mon séjour en Italie, j’ai fait la connaissance de fabricants de meubles qui ont fait de la peau et du tannage leur spécialité. L’idée m’est alors venue de me lancer dans la mode écoresponsable, et donc de produire des accessoires sur le plan local. Ces accessoires malins étaient créés en revalorisant des chutes de cuir en provenance du mobilier des maisons de luxe. Pour mes créations, je suis en perpétuelle recherche de cuirs inutilisés. Les cuirs de mes collections proviennent d’échantillons, de chutes, de surplus… Je les récupère à l’aveuglette. Ils sont ensuite soigneusement classés par couleur. C’est une étape capitale, car chaque accessoire est une pièce unique, combinant couleurs et types de cuirs à l’infini. La collection s’est étoffée depuis, au fil des saisons: trousses, petite maroquinerie, cabas, sacs à main… Fabriqués au Liban, ces accessoires tiennent tous leurs promesses: faciles à vivre, abordables et eco-friendly.

Parlez-nous de votre processus de création et de production. Qu’est-ce qui vous inspire?

Je commence par dessiner mes modèles moi-même. Tout est source de création: les voyages, la musique, le cinéma ou tout simplement un mouvement, un geste, une femme. Je sélectionne les matières et les peaux que je souhaite attribuer au sac, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Ensuite, dans mon atelier, une équipe de dix artisans procède à la fabrication proprement dite. Chaque modèle est unique, les peaux changent régulièrement et se déclinent en plusieurs coloris. Le but étant de créer un sac unique, au design minimaliste, qui perdure dans le temps, vieillit magnifiquement et dont l’usage est essentiel à toutes les femmes.

À quelles femmes vos sacs sont-ils destinés?

Le sac à main parfait d’une femme doit répondre aux besoins quotidiens de sa propriétaire, en toute occasion. Il s’agit avant tout d’un sac multifonctionnel. Si le style est important, la praticité l’est tout autant. Mes modèles sont destinés à la femme active, non seulement dans le domaine professionnel, mais également au sein d’un foyer. Un sac bandoulière peut se transformer en sac banane. Le sac ceinture est détachable et devient pochette. Je cherche à ce que chacune de mes créations concilie mode et praticité.

Un moment important de votre carrière?

Il y a eu plusieurs moments dans ma carrière dont je suis très fière. Une collaboration avec Chopard, en 2015, a été réalisée pour le festival de Cannes. Un sac de plage a été créé sur mesure pour la maison de luxe Suisse. Le sac a été offert par Chopard aux stars de la croisette. En 2018, la réalisatrice, actrice et cinéaste libanaise Nadine Labaki a choisi de porter une de mes créations pour le Festival de Cannes. En 2021, un article dans Forbes, le magazine économique américain relate mon parcours entrepreneurial. Mon développement à l’international est aussi un moment clé de ma carrière. Nous avons actuellement des points de vente à Dubaï, Sydney et Abidjan. Nous sommes aussi présents sur des plateformes en ligne.

Quelles sont les prochaines étapes de développement de votre marque?

Je souhaite développer ma marque dans le secteur de mode écoresponsable et continuer de m’approvisionner en cuir en provenance des grandes maisons. Je désire aussi créer des points de vente partout en Europe et offrir à mes clientes la possibilité de partager avec moi un univers artistique à travers un produit unique et de qualité.

Juliana Breidy

Points de vente:

Au Liban: Rafic Hariri airport – Duty free departure – ABC Dbayeh – Villa Paradiso, Batroun – Joumana Dagher Store, Antelias Highway

À l’international: Dubai: Boom and Mellow – Abidjian: Le ptit coin des femmes – Sydney: Mystiquesociety

En ligne: myholdal.com – www.lebanesedesigners.com