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Dans la partie française de la Catalogne, une tradition séculaire persiste, où la force, l’équilibre, le courage et le bon sens fusionnent pour former une tour humaine étonnante, connue sous le nom de Castell. Les membres de la troupe, les Castellers del Riberal, sont un exemple vivant de cette tradition, et ils sont le principal groupe de la région catalane du sud-ouest de la France.
Vêtus de pantalons blancs, de chemises vertes et de larges ceintures noires, ces artistes humains forment des tours de huit mètres de haut. Les hommes constituent la base solide, les femmes se placent au-dessus et les enfants courageux, comme Ilyess Jorio, âgé de neuf ans, grimpent au sommet pour brandir un bras en signe de victoire. Le jeune garçon, coiffé d’un casque blanc orné de trèfles à quatre feuilles, se dit "fier" d’avoir assumé le rôle d’"Enxaneta" grâce à l’effort collectif du groupe.
Ali Jorio, le père d’Ilyess, un Marocain devenu "Catalan d’adoption", est un pilier du groupe, tout comme de nombreux autres membres de la famille de ce collectif unique. "Les Castells sont un symbole de la culture catalane. C’est une façon de célébrer cette identité et de dire la force du groupe, en brassant les générations", explique Laura Pi, la cheffe de la troupe.
Ces tours humaines sont bien plus qu’un simple spectacle. Elles sont le reflet d’une culture riche et la manifestation d’une identité régionale. À la Feria de Millas, près de Perpignan, Laura Pi a rassemblé 107 membres de l’association, âgés de six à 70 ans, pour démontrer l’art des Castells.
La structure des Castells est fascinante, chaque niveau formant un cercle, tandis que la "pinya" (foule) assure la solidité de la formation. Henri Pi, un participant, souligne que la "pinya" est l’assurance tous risques du Castell, garantissant moins de blessures qu’au football.
L’Unesco a reconnu les Castells comme patrimoine immatériel de l’humanité, une tradition qui a pris racine à la fin du XVIIe siècle à Valls, une petite ville espagnole, et qui a été revitalisée lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Barcelone en 1992.
Les Castellers del Riberal, créés en 1997, sont un exemple de l’intégration culturelle réussie, avec des membres de diverses origines, notamment des Parisiens et des immigrants du Mali et d’Afghanistan. Ala Baylac Ferrer, directeur de la faculté de catalan à l’Université de Perpignan, voit dans ces tours humaines un "étendard" et un "marqueur" de la culture catalane.
Dans un monde de plus en plus mondialisé, la tradition des Castells dans la région de la Catalogne française n’est pas simplement une curiosité locale. C’est un lien vivant avec le passé, un symbole de force communautaire et une célébration de la diversité et de la résilience culturelles. Comme le dit un spectateur, Régis Barnole, âgé de 65 ans: "C’est un spectacle impressionnant. Et ça permet de faire vivre et perdurer la catalanité."
Avec AFP
